Pérou : Ils n'acceptent pas Boluarte et exigent la fermeture du Congrès et des élections générales

Publié le 12 Décembre 2022

Servindi, 10 décembre 2022 - Si la droite et l'extrême droite pensaient avoir remporté une grande victoire avec la vacance de Pedro Castillo et pensaient utiliser Dina Boluarte pour faire la même chose, les choses ne seront pas si faciles pour eux.

Le discrédit du Congrès de la République est énorme et la population en a assez de ses abus de l'État de droit. Le mécontentement a donc commencé à se manifester dans les rues et pourrait s'étendre à tout le pays.

Bien qu'il y ait de petits secteurs qui demandent le retour de Castillo, le consensus est plus grand autour de la demande de fermer le Congrès et d'avancer les élections générales, sous réserve de réformes électorales.

En fait, en novembre, un sondage de l'Institut d'études péruviennes (IEP) indiquait déjà qu'une majorité écrasante - 87 % des personnes interrogées - préférait que de nouvelles élections générales soient convoquées si le Parlement disqualifiait le chef de l'État.
 

Si le Congrès disqualifie le président Castillo, que devrait-il se passer, selon vous ?
Option 1 : Une nouvelle élection générale devrait être organisée.
Option 2 : Le congrès actuel devrait rester en fonction jusqu'en 2026.

Option 3 : Ne se prononcent pas   Source : Le journal La República.

Aujourd'hui, certains secteurs réclament même une Assemblée constituante, l'une des promesses électorales de l'ancien président Pedro Castillo, qui s'est heurtée à la résistance obstinée des pouvoirs en place et de la presse d'entreprise. 

Ce qui est grave, c'est que la répression policière a déjà fait des blessés graves, dont des membres de la presse, ce qui pourrait accroître l'intensité de la manifestation au lieu de la calmer.

Un rapport du Comité national de coordination des droits de l'homme détaille une série d'actions policières enregistrées lors des manifestations du 9 décembre qui sont préoccupantes pour la violation des droits fondamentaux.

 

Actions de la police

1. L'utilisation de chevrotine de calibre 00, ou de billes métalliques, qui sont considérées comme des projectiles mortels, et sont donc interdites pour le contrôle des foules.

2. Le tir de gaz lacrymogènes directement dans le visage des manifestants, en violation de la procédure réglementaire, qui est de tirer paraboliquement et jamais dans le corps. Cette pratique interdite peut entraîner des blessures très graves, voire la mort.

3.- L'infiltration de la mobilisation par des troupes en civil qui incitent les manifestants à commettre des troubles et procèdent à des arrestations arbitraires.

4. Absence d'identification visible des agents de police en uniforme. Cela augmente le risque de violations des droits de l'homme par les policiers, et favorise l'impunité.

5.- Utilisation arbitraire de la procédure de contrôle d'identité pour intimider les manifestants et même les transférer dans des postes de police, en violation des normes internationales et du protocole de contrôle d'identité de la police.

6.- Semer des preuves incriminantes sur les détenus.

7.- Arrestations arbitraires de citoyens qui ne commettent aucun crime, uniquement en raison de leur participation à la mobilisation.

8. Restrictions de l'accès des avocats de la défense aux lieux de détention, et pressions exercées sur les détenus pour qu'ils signent des documents alors qu'ils sont détenus au secret.

9.- Refus de fournir des informations en temps réel sur l'identité et la localisation des détenus, ce qui augmente le risque de torture et de violation des droits de la défense.

Source : CNDDHH: https://ia601405.us.archive.org/13/items/cnddhh-reporte-09-12-2022/CNDDHH_Reporte09-12-2022.pdf

VIDEO Une personne qui proteste blessée par la police

Les marches augmentent en intensité


 

Divers secteurs sociaux organisés évaluent ou annoncent qu'ils se joindront aux protestations. C'est le cas des rondas de Cunarc-Pérou, du syndicat du transport de charges lourdes, Sutep, des étudiants universitaires de Cusco, entre autres.

Il convient de noter que les mobilisations se propagent presque spontanément et intègrent des secteurs citoyens, comme l'explique l'avocat Castañena de Cajamarca dans la vidéo suivante.


https://www.youtube.com/watch?v=6u7Yz8UOfGQ


Voici un bref compte-rendu de certaines des manifestations :

Nord :

Cajamarca. Mobilisation organisée dans la province de Cajamarca, Jaén et Chota.

Dans la ville de Vegueta, à Huacho, des citoyens ont commencé à se rassembler et ont annoncé la fermeture de ce point de la Panamericana Norte.

A Lambayeque, des manifestations ont lieu à Chiclayo, où un appel est annoncé pour lundi, et des secteurs de Piura déclarent une mobilisation permanente.

Il y a également des mobilisations à La Libertad (Trujillo) et un appel à une grande marche circule pour le dimanche 10 décembre. 


https://www.youtube.com/watch?v=UaKawOpoAaQ&feature=emb_title


 En ville :

Lima est le principal théâtre des manifestations, des affrontements ayant eu lieu dans le centre de Lima, notamment sur la Plaza San Martin. 


 Des blocages sont enregistrés sur la Panamericana Sur dans trois zones de la province d'Ica : Barrio Chino, La Expansión et El Álamo.

A Arequipa, il y a des blocages dans le secteur de La Joya et des manifestations dans la capitale Arequipa.

Des manifestations ont également lieu à Tacna, Apurímac (Andahuaylas), Ayacucho, Cusco, Huancavelica et Puno.

Est :

Des mobilisations sont enregistrées à Iquitos et une délégation se rend à Lima.

traduction caro d'un article paru sur Servindi.org le 10/12/2022

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Pérou, #Coup d'état, #Manifestations, #Violences policières

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