Les luttes des femmes autochtones en Colombie
Publié le 23 Décembre 2022
Colombia Informa
22 décembre 2022
En 1983, le 5 septembre a été institué Journée internationale des femmes autochtones, afin de souligner leur lutte pour la Terre Mère et pour leurs droits et ceux de leurs communautés. Cette date est commémorée en l'honneur de l'indigène aymara Bartolina Sisa, assassinée en 1782, l'une des représentantes de la résistance indigène à la colonisation espagnole.
Selon le rapport final de la Commission de la vérité, il y a en Colombie 384 886 victimes du conflit armé qui font partie de la population indigène, dont 199 947 sont des femmes, soit 51,94%. Parmi elles, 1 490 ont été victimes de crimes contre la liberté et l'intégrité sexuelle.
Les effets de la guerre sur le corps des femmes autochtones sont évidents. Le 18 avril 2004, à Bahía Portete, La Guajira, six personnes ont été assassinées, dont quatre femmes. Cette situation a entraîné le déplacement forcé de plus de 600 autochtones Wayúu.
Malgré cela, les femmes autochtones sont reconnues pour leurs contributions à la consolidation de la paix. Selon Solanlle Cuchillo Jacanamijoy, femme Kamëntsá et professionnelle de l'accompagnement des groupes ethniques à l'Université d'Antioquia, "dans beaucoup de peuples originaires, les femmes ont été le pont qui échange les graines, qui porte les mots vers d'autres espaces ; ainsi, en ce sens, dans les moments difficiles de violence dans les territoires, nous avons été celles qui, d'une certaine manière, ont contribué à renforcer les liens du tissu social, du tissu communautaire, et tout comme nous nourrissons la famille, nous nourrissons aussi l'espoir de la communauté... certaines d'entre nous comme harmonisatrices, comme semeuses de graines de la paix". certains comme harmonisateurs, comme semeurs de chagra, comme ceux qui apportent l'eau à la maison, à partir de tous ces espaces nous avons pu contribuer".
Les femmes ont également été des leaders d'organisation et de lutte. Le rapport de la Commission de la vérité relate l'histoire d'Aída Quilcué Vivas, qui s'est battue pour la vérité et la reconnaissance des responsabilités dans le meurtre de son mari José Edwin Legarda le 16 décembre 2008, obtenant une victoire dans la procédure pénale, dans laquelle "un sergent adjoint, un troisième caporal et quatre soldats du bataillon José Hilario López à Popayán" ont été condamnés.
À cet égard, Solanlle nous rappelle leurs luttes : "les luttes des femmes indigènes d'aujourd'hui sont diverses, comme le sont celles des femmes indigènes de notre pays ; certaines luttent pour des espaces de participation politique au sein de leurs communautés, au sein de leurs organisations ou en dehors d'elles, d'autres sont dans différents territoires pour défendre l'eau et la terre, d'autres sont dans des scénarios académiques proposant des espaces pour que les connaissances des femmes indigènes, les connaissances ancestrales, puissent également faire partie de l'académie".
Il s'agit là d'un autre scénario de résistance des femmes indigènes, qui s'organisent pour rendre visible et préserver leurs connaissances ancestrales, en revendiquant une place pour leurs savoirs qui s'opposent à la colonialité qui a été imposée aux institutions éducatives et à leurs programmes. Dans ce sens, Solanlle souligne les défis que les femmes indigènes ont soulevés en tant qu'universitaires : "en principe, nous avons fait partie de ces espaces organisationnels qui nous rassemblent en tant qu'étudiants indigènes, donc le rôle dans l'espace universitaire a été de rendre visibles ces problèmes que nous avons d'accès, de permanence et, dans le Réseau des Conseils universitaires indigènes, par exemple, la pertinence a été mentionnée, faisant référence au fait qu'il peut y avoir de la qualité, mais la qualité existe aussi dans l'éducation quand elle correspond à des questions qui répondent aux besoins des territoires". Elle mentionne également l'importance de soulever la question de l'accès global à l'éducation : combien de femmes autochtones vont à l'université ? Qu'advient-il des étudiantes qui sont mères ? Combien parviennent à obtenir un diplôme ?
Bien que de nombreux progrès aient été réalisés en termes d'organisation et de reconnaissance des droits, la réalité du pays met en évidence la nécessité pour la société et l'État de s'acquitter de la dette historique qu'ils ont envers les communautés ancestrales et en particulier envers les femmes, dispensatrices de soins et défenseurs de la vie et du territoire.
traduction caro d'un article paru sur Desinformémonos le 22/12/2022
Las luchas de las mujeres indígenas en Colombia
En 1983 se estableció el 5 de septiembre como el Día Internacional de las Mujeres Indígenas, resaltando su lucha por la Madre Tierra y por sus derechos y los de sus comunidades. Esta fecha se ...
https://desinformemonos.org/las-luchas-de-las-mujeres-indigenas-en-colombia/