Le Pérou en état d'urgence alors que les manifestations se poursuivent pour la huitième journée

Publié le 15 Décembre 2022

Photo : Andina

Les organisations péruviennes préviennent que l'état d'urgence pourrait aggraver le risque de violations des droits humains alors que les manifestations se poursuivent dans tout le pays.

Le gouvernement de Dina Boluarte a annoncé la déclaration de l'état d'urgence dans tout le Pérou afin de contrôler les actes de violence dans le cadre des manifestations.

Cette annonce intervient au huitième jour des manifestations contre la fermeture du Congrès et les élections générales anticipées, et alors que sept décès ont déjà été enregistrés dans ce contexte.

État d'urgence


L'accord pour déclarer l'état d'urgence sur tout le territoire national a été adopté aujourd'hui, 14 décembre, par le Conseil des ministres, a déclaré le ministre de la Défense, Luis Alberto Otárola.

La mesure, qui sera rendue officielle dans les prochaines heures avec la publication d'un décret dans une édition extraordinaire du journal El Peruano, implique la suspension de l'exercice de certains droits.

Parmi eux, "les droits de réunion, l'inviolabilité du domicile, la liberté de transit, la liberté personnelle et la sécurité", a expliqué le ministre de la Défense dans des déclarations à la presse.

Il n'a pas exclu la possibilité d'instaurer un couvre-feu - interdisant la circulation des civils à certaines heures - mais a déclaré que l'application de cette mesure serait évaluée par l'exécutif aujourd'hui.

Entre-temps, la déclaration de l'état d'urgence a déjà été remise en question par diverses organisations de défense des droits de l'homme au Pérou.

Le Comité national de coordination des droits de l'homme (CNDDHH) a déclaré que cette mesure "aggrave le risque de violations des droits de l'homme".

Dans le même temps, l'Association pour les droits de l'homme (APRODEH) et d'autres institutions ont demandé d'urgence une visite internationale conjointe "étant donné le risque de graves violations des droits de l'homme".

L'appel est adressé à la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) et au Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH).

Décès et protestations

L'annonce du ministre Otárola intervient alors que le Pérou marque huit jours de manifestations qui ont débuté le 7 décembre, suite à la vacance de l'ancien président Pedro Castillo par le Congrès.

Les manifestants, qui se mobilisent à Lima et dans différentes régions du pays, demandent la fermeture du congrès et l'avancement des élections générales pour élire un nouveau président et des membres du congrès.

Au milieu des protestations, des affrontements avec la police ont fait sept morts : six à Apurímac et un à Arequipa, régions situées dans le sud du Pérou.

La dernière victime a été signalée le 14 décembre. Il s'agit de Cristian Alex Rojas Vásquez, 19 ans, qui était soigné depuis le 10 décembre à l'hôpital Guillermo Díaz d'Apurímac.


Les élections en 2023        

Bien que le 12 décembre, la présidente Dina Boluarte ait annoncé qu'elle présenterait une initiative visant à avancer les élections à avril 2024, cette proposition n'a pas calmé les protestations.

En effet, les manifestants considèrent que la date limite proposée pour l'élection de nouveaux représentants est trop éloignée et ne veulent pas continuer à être représentés par le Congrès actuel, dont le taux d'approbation n'est que de 10 %.

Cette situation a obligé la présidente - qui avait initialement prêté serment "jusqu'en 2026" - à modifier son discours et à annoncer que les élections pourraient être avancées à décembre 2023.

"Légalement, le calendrier serait d'avril 2024, cependant, en procédant à des réajustements hier, les élections pourraient être avancées à décembre 2023", a déclaré Boluarte le 14 décembre.

Avant cette date, "juridiquement, ça ne conviendrait pas", a-t-elle ajouté, appelant au calme et au respect de la marge légale et de la Constitution pour ceux qui demandent que les élections soient avancées le plus rapidement possible.

Castillo restera en prison

Entre-temps, le ministère public a demandé 18 mois de détention provisoire pour rébellion et, alternativement, conspiration, contre l'ancien président Pedro Castillo et l'ancien conseiller du Conseil des ministres, Aníbal Torres.

Castillo, qui est détenu depuis le 7 décembre après avoir tenté un coup d'État manqué, fait l'objet d'un mandat d'arrêt préliminaire qui a expiré le 14 décembre.

Cependant, suite à la demande de détention préventive à son encontre, il doit rester en détention jusqu'à la tenue de l'audience pour résoudre cette demande, qui devrait avoir lieu dans les 48 heures.

En fait, l'audience était prévue pour le 14 décembre, mais a été suspendue jusqu'à demain, jeudi 15 décembre, à la demande de la défense, qui a demandé plus de temps pour examiner la demande du Procureur.

Il convient de noter que le bureau du procureur n'a pu demander la mise en détention provisoire de Castillo qu'après que le Congrès a levé l'immunité de l'ancien président sans le juger.

C'est pourquoi la procédure mise en œuvre par le Congrès a été remise en question, car elle ne respecterait pas la procédure régulière pour enquêter et éventuellement juger l'ancien président.

traduction caro d'un article paru sur Servindi.org le 14/12/2022

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Pérou, #Mobilisation, #Droits humains

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