Brésil : Un rapport tient l'État brésilien pour responsable de la mort de Bruno et Dom

Publié le 2 Décembre 2022

Amazonia Real
Par Vivianny Matos
Publié : 30/11/2022 à 16:54

Le document final de la Commission externe de la Chambre des représentants défend la création d'un plan d'urgence de protection des peuples indigènes et riverains de la vallée de Javari, en Amazonas (Photo : Alberto César Araújo/Amazônia Real)

Le rapport final de la Commission externe de la Chambre des représentants, présenté mercredi (30), tient l'État brésilien pour responsable de son absence dans la vallée de Javari, dans l'État d'Amazonas, qui est envahie par le trafic international de drogue, la pêche et l'exploitation minière illégale. Le 5 juin, Bruno Pereira et le journaliste britannique Dom Phillips ont été brutalement assassinés dans la région, une affaire qui a eu un retentissement mondial et a attiré l'attention sur le manque de pouvoir public dans la protection des peuples indigènes. 

Selon le rapport, la création et la mise en œuvre immédiate d'un plan d'urgence pour les actions de protection du territoire dans la vallée de Javari sont nécessaires. Le document montre comment la région est prise d'assaut par le trafic international de drogue, la pêche illégale et l'exploitation minière, ce qui provoque un sentiment d'insécurité chez les populations riveraines et autochtones qui vivent dans la région. Un groupe de parlementaires de la commission s'est rendu à Vale do Javari, où il s'est entretenu avec la population.

Le rapport, présenté par la députée fédérale Vivi Reis (Polo/PA), a été réalisé en partenariat avec le Sénat. Divisé en six parties, il présente un résumé d'une enquête plus approfondie, alertant sur les actions à entreprendre pour éviter de nouvelles "tragédies annoncées", comme l'a déclaré la parlementaire. Le 25 de ce mois, la députée avait présenté le rapport aux membres de la famille et aux organisations de la société civile, qui ont apporté des contributions qui ont déjà été incluses dans le texte final.

Outre les faits circonstanciels concernant les meurtres de Bruno et Dom, le rapport cite également la mort de l'indigéniste Maxciel Pereira dos Santos, en septembre 2019, qui reste impunie. Pour élaborer ce document, des autochtones, des indigénistes, des parents de victimes, des membres du personnel de la Funai et d'autres autorités ont été entendus, et des visites techniques ont été effectuées à Atalaia do Norte, une région proche de la frontière avec le Pérou.

Le document, qui a été approuvé par les personnes présentes à la session du Congrès pour que les diligences soient effectuées, contredit "le discours initial des autorités gouvernementales", qui prétendaient que les crimes avaient été commis par de petits pêcheurs, et qu'il s'agissait d'un cas isolé. Le rapport indique que les crimes commis dans la région "impliquent un réseau de millions de dollars interconnecté avec la pêche illégale et d'autres crimes commis sur le territoire indigène", comme l'a rapporté Amazônia Real à l'époque.

La Cour fédérale a fixé aux 22, 23 et 24 janvier les audiences et le procès des trois accusés, Amarildo da Costa Oliveira ("Pelado") - meurtrier avoué des victimes - son frère, Oseney da Costa Oliveira ("Dos Santos"), et Jefferson da Silva Lima ("Pelado da Dinha"). Le ministère public fédéral accuse le trio de double meurtre aggravé et de dissimulation des corps de Bruno et Dom. D'après les enquêtes de la police fédérale, il s'agit d'une action criminelle et armée menée par des riverains des communautés de São Gabriel et São Rafael, situées sur les rives du fleuve Itacoaí, dans la municipalité d'Atalaia do Norte, à la frontière avec le territoire indigène de Vale do Javari (TI). Ce groupe serait responsable des invasions et de la pêche prédatrice de pirarucus et de tracajás dans la TI Vale do Javari - des crimes dénoncés par Bruno Pereira et qui ont fait de lui une cible des criminels.


Tragédie annoncée


Pour Vivi Reis, les autorités publiques sont au courant des activités illégales, mais ne font rien ou presque pour les empêcher. "Malheureusement, il s'agit d'une nouvelle tragédie annoncée en Amazonie et, si rien n'est fait, d'autres tragédies se produiront. Il est urgent de prendre des mesures pour protéger les populations autochtones, les fonctionnaires et les représentants des entités autochtones locales, tout comme il est nécessaire de conclure les enquêtes et, après une procédure pénale régulière, de tenir pour responsables les exécutants, les commanditaires et les financiers", déclare-t-elle.

Le rapport présente une chronologie des enquêtes sur les faits, jusqu'à l'aboutissement des meurtres de Bruno et Dom. Il souligne, par exemple, le licenciement, sans motif administratif, de l'officier indigéniste à l'époque où il était employé de la Funai. La Fondation reconnaît elle-même que Bruno Pereira a collaboré à la défense des peuples indigènes et de l'environnement.

Enfin, le rapport recommande la création d'une Commission d'enquête parlementaire (CPI) pour poursuivre l'investigation des faits et également que le document soit porté à la connaissance de l'équipe de transition du gouvernement du président élu, Luiz Inácio Lula da Silva. Même si à la veille de la fin du mandat de Jair Bolsonaro, le document indique au ministère de la justice le remplacement immédiat du président de la FUNAI, Marcelo Augusto Xavier da Silva. Deux autres recommandations sont l'adoption de mesures urgentes pour lutter contre la criminalité à Vale do Javari et l'invitation faite au ministère des affaires étrangères d'intervenir également dans les enquêtes.


traduction caro d'un article d'Amazonia real du 30/11/2022

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