Albanie : La xhubleta, savoir-faire, artisanat et formes d’utilisation
Publié le 8 Décembre 2022
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Femme de Grudë portant la xhubleta au XIXe siècle.https://fr.wikipedia.org/wiki/Xhubleta#/media/Fichier:Marubi_photograph_woman_from_Grud%C3%AB.jpg
Classée au patrimoine culturel en sauvegarde d’urgence (2022)
L’artisanat de la xhubleta est un élément distinctif des femmes du nord de l’Albanie.
On trouve deux versions de la xhubleta qui sont liées à deux régions géographiques :
- Celle répandue dans le district de Malësi e Madhe (nord de Shkodër) y compris chez les montagnardes qui ont quitté ces zones et sont situées dans la plaine d’Ukinj dans les tribus Triepshi et Hoti (Monténégro), à Bregui i Bunës (Velipojë), à Bregu i Matit, sur l’île de Lezhë, sur l’île de Shëngjin, dans certains villages de Zadrima jusqu’à Gurëz et Milot et à Rugova au Kosovo.
- La deuxième version appelée xhubleta pultake est répandue dans le nord-est de la préfecture de Shkodër (Métochie, Shllak et Temal) et dans une partie du district de Pukë jusqu’à Nikaj-Mërtur et Tropojë.
La xhubleta est un vêtement fait à la main qui est caractérisé par sa forme de cloche ondulée, qui est constituée de plusieurs morceaux de feutre cousus en une bande horizontale à l’aide du « spiku », une sorte de fil composé de 16 brins de laine distincts.
C’est un élément de l’identité des montagnardes, un artisanat très apprécié.
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L’élément comprend les savoir-faire et la participation liés à la fabrication du shajak (le feutre tissé), la découpe, la couture et la broderie de figures symboliques, à l’assemblage de tous les éléments constitutifs de la xhubleta.
De nos jours elle est entièrement noire avec des motifs brodés en couleur.
Autrefois, elle était utilisée chaque jour à partir de la puberté et elle était un indicateur social (vierge, mariée, veuve) et économique (décorations) de la femme qui la portait.
Autrefois, les savoirs liés à la confection et au port de la xhubleta se transmettaient par démonstration dans les familles, les jeunes filles devant alors constituer un trousseau pour leur dot.
Aujourd’hui, peu de femmes connaissent l’ensemble des processus et la transmission familiale est rare.
Le manque de laine naturelle appropriée pour la fabrication du shajak conduit à utiliser de nouveaux types de laine.
Les détentrices et praticiennes de l’artisanat de la xhubleta sont principalement des femmes âgées des zones rurales des Alpes du nord de l’Albanie où cet élément est encore présent dans les familles.
Seules quelques femmes connaissent l’intégralité du processus de fabrication.
Un autre groupe comprend des artisanes et tailleuses professionnelles dans les zones rurales et urbaines organisées en associations.
Elles fabriquent des xhubleta en fonction des différentes demandes du marché à l’échelle nationale ou internationale.
Les menaces qui pèsent sur sa transmission :
- Nombre limité de femmes âgées possédant les connaissances requises ;
- Manque de transmission active ;
- Pénurie de laine naturelle pour assurer un volume particulier du vêtement ;
- Diminution de la production de shajak ;
- Pénurie d’artisans produisant des outils nécessaires aux processus artisanaux de confection de la xhubleta ;
- Complexité du savoir-faire ;
- Manque de sensibilisation à la valeur de la xhubleta comme source de création et durabilité pour les plus grandes communautés ;
- Manque de partenariats intersectoriels.
VIDEO Xhubleta, skills, craftsmanship and forms of usage