Mexique : Communiqué de presse face à la violence permanente dans nos communautés et à l'indifférence des mauvais gouvernements

Publié le 23 Novembre 2022

21 NOVEMBRE 2022

A l'armée zapatiste de libération nationale

Au Congrès National Indigène

Au Conseil Indigène de Gouvernement 

A la Sexta nationale et internationale

Aux réseaux de résistance et de rébellion.

Aux peuples et communautés du Guerrero

Au mouvement social du Guerrero

Aux médias

Aux organisations de défense des droits de l'homme

21 novembre 2022

Frères et sœurs du peuple du Guerrero, du Mexique et du monde entier. Nous vous remercions de nous avoir écoutés et d'avoir prêté attention à notre situation. Nous vous remercions de ne pas être indifférents à la douleur de nos communautés. Nous vivons une guerre d'extermination où les partis politiques, les gouvernements, la police, les groupes criminels sont liés et si nous n'avons pas été exterminés c'est grâce à notre résistance et notre organisation.

Nous l'avons dit à plusieurs reprises, nous ne voulons pas la guerre, nous voulons la paix, nous voulons que nos communautés vivent en paix et avec la liberté de se déplacer sans risquer d'être assassinées. Pour les mauvais gouvernements, c'est de notre faute s'ils nous assassinent : "C'est de leur faute s'ils sont allés à Chilapa", ils disent que c'est une des raisons pour lesquelles ils ont assassiné Moisés, Guillermo et Adán le 5 novembre. Comme si c'était normal et que nous devions nous y adapter, ils nous reprochent nos morts. Est-ce normal pour vous qu'au Mexique il y ait autant de meurtres ? Si oui, la normalité ne devrait-elle pas être la paix, la vie ?

Nos compagons sont allés à Chilapa. Ils ont été arrêtés par la police municipale de transit de Chilapa à 14h40, après quoi une moto a commencé à les suivre et nous avons perdu tout contact avec eux, jusqu'à ce qu'à environ 9h30, ils soient signalés comme étant retrouvés morts dans la ville de Xochimilco, Chilapa.

Adán Linares, Moises Cuapipistenco et Guillermo Hilario Morales étaient des camarades du Conseil Indigène et Populaire du Guerrero, qui fait partie du Congrès National Indigène, engagés dans la lutte pour la vie, dans la croissance des communautés et dans la construction d'un monde meilleur ; pour eux nous vivrons et nous mourrons ; nous ne les oublierons pas et donc ils ne mourront pas car nous garderons leur mémoire vivante.

Nous ne sommes pas naïfs. Nous sommes bien conscients que le crime organisé se trouve dans les hautes sphères du gouvernement, qu'il est protégé à partir de là et, plus grave encore, que le crime organisé est le gouvernement lui-même. Et nous ne mentons pas, nous savons qu'Aldy Esteban Román, l'actuel président municipal de Chilapa, du Parti révolutionnaire institutionnel depuis qu'il est procureur, nous a traités avec mépris quand ils ont assassiné un camarade, quand ils ont trouvé nos frères démembrés en 2019, quand ils ont brûlé les 10 musiciens d'Alcozacán ou quand ils ont tendu une embuscade et assassiné Jordan. Maintenant c'est Adán, Moisés et Guillermo, aujourd'hui Aldy Esteban n'est pas procureur, il est président municipal et il n'a pas levé le petit doigt, il n'y a pas de détenus, il n'y a rien. Nous savons qu'il protège le groupe narco-paramilitaire Ardillos et qu'il travaille pour eux.

Dans le même sens, la police municipale est de connivence avec los Ardillos. C'était déjà plus qu'évident, il y a quelques mois à Atlixtac, 2 de nos frères ont été arrêtés et ont disparu par la police municipale d'Atlixtac. Cette fois avec Adán, Guillermo et Molsés, la police de transit de la municipalité de Chilapa était chargée de détenir et d'identifier les membres du CIPOG-EZ, puis d'informer los Ardillos afin qu'ils puissent les assassiner. La même chose se passe dans la municipalité de José Joaquín de Herrera, où d'autres de nos frères ont également disparu.

Tout comme au gouvernement municipal, au gouvernement de l'État, il se passe exactement la même chose avec Evelyn Salgado, un mépris absolu ; vous avez été témoins de l'indifférence dont elle a fait preuve, même devant la caméra, cet après-midi du 21 octobre 2022, lorsque nous avons intercepté Andrés Manuel Lopez Obrador et toute sa suite. Evelyn à l'arrière de la camionnette, à l'opposé de nous, comme si elle était dégoûtée de nous entendre, comme si elle voulait nous effacer et que nous ne soyons jamais là ; si elle a fait ça devant les caméras, imaginez le traitement que nous avons reçu quand personne ne la regardait.

Enfin, dans cette même image de mépris, le président de la république représente parfaitement le mépris que nous subissons en tant que peuples autochtones. Depuis qu'il est devenu président, nous, les peuples autochtones, avons connu tant de griefs, tant de dépossessions, tant de morts. Nos territoires et le contrôle de ceux qui les habitent est l'objectif de ces gouvernements qui sont au service des propriétaires d'argent, des capitalistes. Nous savons qu'en tant que peuples indigènes, nous sommes sur le chemin de leur train Maya, de leur corridor interocéanique ou de leur projet intégral de Morelos, de leurs centrales thermiques ou hydroélectriques et d'autres projets extractivistes. C'est pour cela qu'ils nous tuent, nous assassinent, comme ils ont assassiné notre camarade Samir Flores Soberanes, comme près de 60 écologistes ont été assassinés ; c'est pour cela qu'ils harcèlent nos frères de l'Armée zapatiste de libération nationale et les peuples que nous organisons au sein du Congrès national indigène.

Nous avons intercepté Andrés Manuel López obrador et nous lui avons dit très clairement : "les narco-paramilitaires tuent et font disparaître notre peuple" jNous lui avons dit ! nous ne voulons pas être de la chair à canon pour le crime organisé que Celso Ortega Jiménez et le député Bernardo Ortega Jiménez commandent Nous lui avons dit ! Nous ne voulons pas de programmes sociaux, nous voulons la justice, nous voulons la sécurité, nous voulons que notre parole soit entendue.

"Beaucoup de nos compagnons descendent à la municipalité pour vendre leurs produits et ils ne reviennent pas, ils restent là et continuent à disparaître. C'est ce que nous avons dit clairement à Andrés Manuel López Obrador. Comme s'il était possible de prévoir ce qui allait se passer, Adán, Guillermo et Moisés, des indigènes nahua de la Montaña Baja de Guerrero appartenant au CIPOG-EZ et au Congrès national indigène (CNI), sont descendus dans la municipalité de Chilapa et ne sont jamais revenus, ils ont été brutalement assassinés.

Nous voyons donc que du gouvernement fédéral au gouvernement municipal, il y a une chaîne de complicité en même temps que les communautés sont massacrées, comme s'ils voulaient prendre notre territoire et que pour y parvenir il fallait exterminer ceux d'entre nous qui y vivent. Il est incompréhensible que tant de personnes aient disparu et aient été assassinées et que pas une seule personne n'ait été arrêtée.

Enfin, nous disons aux mauvais gouvernements que nous ne sommes pas disposés à continuer leur jeu de tables de travail, car nous le savions déjà et maintenant il est plus que clair pour nous qu'ils ne sont que moquerie et simulation. Nous avons choisi le chemin de la parole, de la paix, de la construction de nos communautés, mais face à tout cela, la mort et la destruction continuent, nous devrons donc prendre certaines décisions transcendantales. Tout d'abord, nous souhaitons vous informer que les ateliers qui étaient donnés dans les communautés nahua de Tlapa et d'Alcozacán sont temporairement suspendus, car l'État n'est pas capable d'assurer la sécurité de ceux qui apportent leur cœur sur nos territoires, merci aux frères et sœurs de la sixième mission d'observation civile pour leur travail, leur temps et leurs efforts, mais nous ne voulons pas les mettre en danger. Dans le cas du projet de radio organisant la lutte pour l'autonomie, sur lequel nous avons travaillé au niveau national et international, nous disons également à nos frères et sœurs solidaires que nous vous remercions beaucoup, que la radio est un rêve que nous réaliserons en temps voulu et que, comme les ateliers, nous allons suspendre pendant un certain temps. Aujourd'hui, l'urgence immédiate est la sécurité de nos communautés et les actions que nous prendrons iront dans ce sens.

Nous l'avons dit clairement, nous n'abandonnerons pas, nous ne nous vendrons pas et nous ne céderons pas, même si c'est ce que les mauvais gouvernements voudraient que nous fassions. Nous sommes clairs sur la lutte et nous continuerons à nous lever, car nous allons gagner.

NOUS N'OUBLIERONS PAS, NOUS NE PARDONNERONS PAS !

ARRÊTEZ LA GUERRE CONTRE NOS PEUPLES !

NOUS VOULONS LA JUSTICE !

JUSTICE POUR NOS MORTS !

VIVE ADAN LINARES !

VIVE MOISÉS CUAPIPISTENCO !

VIVE GUILLERMO HILARIO MORALES !

VIVE LE CONGRÈS NATIONAL DES INDIGÈNES !

VIVE LE CIPOG-EZ !

VIVE LE CIPOG-EZ !

VIVE LE CIPOG-EZ !

CORDIALEMENT

CONSEIL  INDIGENE ET POPULAIRE DU GUERRERO-EMILIANO ZAPATA

traduction caro d'un communiqué paru sur le site du CNI le 21/11/2022

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