Pourquoi une politique anti-indigène ne convient pas à l'avenir du Brésil

Publié le 28 Octobre 2022

Après quatre années dévastatrices pour le programme socio-environnemental, l'importance des peuples autochtones pour la conservation des forêts est devenue encore plus évidente. A lire dans la rubrique "Rester au courant" de cette semaine


L'équipe ISA - En direct de la salle de presse
@socioambiental  
Mercredi 26 octobre 2022 à 10h30

6min de lecture


En état permanent de lutte pour leurs droits, les peuples indigènes sont essentiels pour l'avenir du Brésil et de la planète 📷 Jacy Santos.

Le Brésil est une terre indigène ! Et les preuves sont partout : dans le nom des rues et des communes, dans le vocabulaire, la cuisine et les coutumes. Et pour les peuples autochtones, le territoire est bien plus qu'un morceau de terre. C'est là que se déroule la vie communautaire.

On estime qu'au moment de l'invasion européenne, il y avait plus de 1 000 peuples différents, soit un total de quatre millions de personnes. Aujourd'hui, on compte 305 peuples, parlant environ 274 langues, selon le dernier recensement (2010). Ils sont principalement responsables de la préservation d'un peu plus de 10 % du territoire national.

Historiquement, les terres indigènes sont les territoires les plus protégés de l'Amazonie. Au cours des quatre dernières années, la déforestation, les incendies et l'accaparement des terres sont montés en flèche, mais les peuples autochtones et leurs territoires ont empêché toute dégradation supplémentaire. Une étude récente de l'Institut socio-environnemental (ISA) a prouvé que les forêts ont besoin des hommes.

D'après le suivi effectué par l'ISA, il existe 241 terres indigènes dont la démarcation se situe à des stades différents : restreinte, en cours d'étude, approuvée et déclarée. Mais sous le gouvernement actuel, aucun processus n'a progressé jusqu'à la ratification définitive.

Après une saison désastreuse pour les peuples indigènes du Brésil, les quatre prochaines années seront décisives pour l'agenda socio-environnemental. La croissance de la "Bancada do Cocar" au Congrès national, dirigée par Sônia Guajajara (PSOL-SP) et Célia Xakriabá (PSOL-MG), candidates soutenues par le mouvement indigène, représente une possibilité de changement. Dans toute l'histoire du Brésil, seuls deux représentants avaient été élus au Congrès : Joênia Wapichana, du Roraima, en 2018, et Mário Juruna, du peuple Xavante, en 1982.

Mais tout n'est pas que des fleurs. On s'attend à ce que la "Bancada do Cocar" se heurte à une forte opposition, représentée par la croissance des parlementaires défavorables aux droits socio-environnementaux, comme c'est le cas du député fédéral élu Ricardo Salles (PL-SP), ancien ministre de l'environnement et principal responsable de la politique anti-environnementale du gouvernement Bolsonaro.

L'impact du premier tour sur l'agenda socio-environnemental du nouveau Congrès a été mesuré par Farol Verde, un projet de l'Institut pour la démocratie et la durabilité (IDS) et du Rede Advocacy Colaborativo. L'initiative a créé l'indicateur de convergence environnementale totale (ICAt) pour évaluer l'engagement des parlementaires en faveur de l'agenda. Sur une échelle de 0 à 100 %, plus le score est élevé, plus le produit est "vert".

Selon l'enquête, le pourcentage de congressistes "verts" (plus de 50%) passera de 30% à 27% et celui des "modérés" (tCAI dans la moyenne) de 30% à 33%, tandis que ceux dont le tCAI est inférieur à 50%, avec un faible engagement socio-environnemental, passeront de 37% à 42%. L'indice général de la Chambre est aujourd'hui de 43%. Avec la nouvelle composition, il tombe à 42%.

Les défis que devra relever la "Bancada do Cocar" dépendront également beaucoup des résultats du deuxième tour. Le prochain gouvernement devra comprendre que la marginalisation des peuples et des politiques autochtones est négative pour tous les Brésiliens. Un projet anti-indigène est aussi un projet contre le Brésil et ne s'inscrit pas dans l'avenir du pays.

traduction caro d'un article paru sur le site de l'ISA le 26/10/2022

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Brésil, #Peuples originaires, #Elections

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