Justice pour le peuple Garifuna
Publié le 7 Septembre 2022
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Helena Scully Gargallo
6 septembre 2022
Cela fait plus de deux ans que quatre membres garifunas de l'Organisation fraternelle noire du Honduras (OFRANEH) ont disparu, plus de deux ans de lutte pour exiger qu'ils soient retrouvés vivants et pour les droits des défenseurs du territoire garifuna.
Alberth Snaider Centeno, Suami Mejía García, Gerardo Trochéz Cálix et Milton Martínez Álvarez sont des défenseurs des droits culturels et territoriaux, ainsi que de la propriété commune des terres ancestrales des communautés garífunas de El Triunfo de la Cruz et Punta Piedra, qui ne sont que quelques-unes des communautés de ce peuple ayant plus de deux cents ans dans le pays.
Le 18 juillet 2020, ils ont été enlevés par plus de 30 hommes armés portant l'uniforme de la Direction des enquêtes de la police hondurienne.
Le 11 novembre 2020, les proches des quatre jeunes ont fondé, avec l'OFRANEH, le Comité de recherche et d'investigation des disparus de Triunfo de la Cruz (SUNLA), un organisme fondé sur le droit indigène, qui rassemble des outils et des expériences interdisciplinaires pour mettre en évidence et combattre les différents mécanismes de violence qui étouffent les communautés garífunas du nord du pays, notamment dans la lutte contre les disparitions forcées.
Malgré les demandes nationales et internationales pour que SUNLA fasse partie du processus d'enquête, et malgré la résolution de la Cour interaméricaine des droits de l'homme ordonnant à l'État de se concentrer sur la recherche et l'enquête sur le lieu où se trouvent les compagnons, le ministère public continue de refuser de le faire, ainsi que de créer un bureau du procureur spécial pour les disparitions forcées. Il a décidé de jouer du côté des intérêts de l'industrie touristique et de la monoculture qui continue de déposséder les peuples garifunas de leurs terres ancestrales, en accusant et en criminalisant les organisations en lutte.
Le 9 août, dans le cadre de la Journée des peuples indigènes, l'OFRANEH, avec le peuple Garífuna et d'autres organisations indigènes et de défense des droits de l'homme du Honduras, a organisé une manifestation pacifique devant les bureaux du ministère public dans la capitale du pays, dénonçant l'inefficacité des organes d'enquête de la part de l'État. Après quelques heures passées à l'intérieur du bureau du procureur général, sans que le procureur général ni aucun autre fonctionnaire ne s'en occupent, Miriam Miranda, coordinatrice de l'OFRANEH, et ses collègues du peuple Garinagu ont lu un communiqué dans lequel ils expliquent les raisons de leur présence : la restitution de leurs droits territoriaux ancestraux, le respect de leur identité et de leur autonomie pour retrouver la paix et la sécurité dans leurs communautés, et pour dénoncer le traitement raciste des peuples indigènes par les institutions.
C'est à partir de cette action de protestation et de dénonciation du peuple Garífuna que le Ministère Public contre les Délits Communs et l'Agence Technique d'Investigation Criminelle ont décidé de faire une série de demandes légales d'enquête, en disant qu'ils obéissaient aux ordres de leurs supérieurs, contre des membres de la communauté Garífuna, des membres et des coordinateurs du COPINH, des coordinateurs et des membres d'OFRANEH, SUNLA et presque toutes les personnes présentes ce jour-là, en nommant trois personnes en particulier : Miriam Miranda, coordinatrice générale de l'OFRANEH, Edy Tábora, membre du bureau juridique de la SUNLA et avocat de l'OFRANEH, et Luther Castillo, membre de l'OFRANEH et ministre des Sciences et de la Technologie, alléguant les délits de trouble à l'ordre public et de privation illégale de liberté.
Lors d'un entretien avec Edy Tabora, l'un des accusés et fondateur du cabinet d'avocats Justice pour les peuples qui a pris en charge la défense des personnes impliquées, il a souligné que les charges ont été modifiées dans le Code pénal pendant les années du gouvernement narco-militaire de Juan Orlando Hernández afin d'améliorer les outils de répression contre les mouvements de défense de la terre, qui, en continuant à vivre et à protéger leurs territoires des mégaprojets, sont accusés d'usurpation de terres, d'eau, de forêts, etc. par de grandes entreprises nationales et transnationales. Et dès que les organisations manifestent contre ces mesures répressives dans les organes de l'État ou du gouvernement, elles sont accusées de perturber le fonctionnement des institutions publiques, ou de troubler ouvertement l'ordre public.
Et c'est là que nous pouvons voir la situation que traverse le Honduras, parce qu'au Mexique nous l'avons vécu il n'y a pas longtemps, ce moment compliqué, triste pour certains, difficile à accepter pour d'autres, où le mirage des gouvernements progressistes commence à laisser tomber le manteau des promesses qui l'ont porté au pouvoir et à révéler son incapacité à se transformer.
L'avocat Tábora nous a dit : "Il semblerait que les plaintes auraient dû prendre fin avec l'arrivée du nouveau gouvernement, mais non, et je pense que c'est là que réside l'un des principaux problèmes. Les outils de criminalisation sont donc toujours en place, les institutions qui criminalisent sont toujours en place, et avec les personnes qui le font depuis 12 ans sans aucun contrôle".
Le Congrès est en fonction depuis huit mois et l'une de ses principales promesses était la révision du Code pénal, constamment rejeté par la société hondurienne, qui continue de fonctionner comme un appareil de répression des mouvements sociaux, notamment des organisations de défense du territoire.
Aujourd'hui, dans le contexte des manifestations exigeant la comparution des quatre camarades et pour l'autodétermination des peuples et de leurs territoires sacrés, le code pénal est une fois de plus utilisé pour criminaliser ceux qui recherchent la justice, la terre et la liberté.
Mais comme le dit Miriam Miranda : "Ils ne comprennent pas et ils viennent nous dire après 500 ans que nous ne comprenons pas, et pourquoi sommes-nous encore en vie ? Parce que nous savons ce que nous voulons et nous connaissons nos droits. Ils continueront à nous persécuter, à nous poursuivre et à nous criminaliser, mais ils ne vont pas nous faire disparaître, ce qu'ils souhaitent. Ils ont voulu faire disparaître tous les peuples indigènes et ils n'y sont pas parvenus".
Ils les ont pris vivants, nous les voulons vivants !
traduction caro d'un article paru sur Desinformémonos le 06/09/2022
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Justicia para el pueblo garífuna
Hace más de dos años que cuatro compañeros garífunas, integrantes de la Organización Fraternal Negra de Honduras (OFRANEH), se encuentran desaparecidos, más de dos años de lucha por la exige...
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