Colombie : Le CRIC et les processus de revendications territoriales dans le nord du Cauca
Publié le 29 Septembre 2022
28 septembre 2022
Tout près de la finca La Emperatriz, une propriété récupérée par les libérateurs de la Terre Mère en 2005, après le massacre d'El Nilo, se trouve la finca El Chiman, située entre la municipalité de Caloto et la municipalité de Guachene, une propriété où un important groupe de familles indigènes de différentes municipalités du nord du Cauca est en train de récupérer des terres depuis huit ans.
Il existe de nombreuses justifications qui ont obligé les libérateurs de la terre mère à rester dans ces fermes de canne à sucre du nord du Cauca, l'une des principales étant que dans les territoires dont ils sont originaires, Toribio, Jambaló, Corinto, Caloto, Caldono, et d'autres situés dans les montagnes du nord du département, La population augmente et il n'y a pas assez de terres pour tout le monde, alors, face au non-respect des accords par les gouvernements en place, ils ont décidé de descendre dans l'immense vallée pour récupérer ce qui a été pris à leurs ancêtres et transformer ces monocultures de canne à sucre en moyens de subsistance agricoles pour la région.
Les études du CRIC indiquent que les communautés indigènes possèdent environ 18% de la superficie du Cauca, ce qui correspond à environ 545 000 hectares répartis en forêts, cultures, paramos, pâturages, chaume et terres non cultivées. Sur ce total, les terres à usage productif représenteraient environ 175 000 hectares, y compris les forêts plantées, les cultures et les pâturages, ce qui indique une moyenne de 3,5 hectares par famille, un pourcentage qui diminue si l'on ne prend en compte que la partie nord du Cauca.
Outre le manque de terres, les libérateurs affirment qu'une autre raison de rester dans ces fermes est que la monoculture de la canne à sucre a considérablement affecté les sols et qu'il est nécessaire de les harmoniser pour que la vie survive. L'un des témoignages est celui d'une des femmes libératrices qui dit ceci alors qu'elle coupe de la canne à sucre dans la finca Chiman : "nous avons déjà semé des haricots et de la yucca, mais ça ne démarre pas, les haricots poussent sur la brousse, mais ils n'ont pas de fruit et la yucca est un pur bâton, nous devons récupérer le sol", dit-elle avec insistance.
Bien que le conflit concernant ces terres à El Chiman s'amplifie rapidement et que les affrontements entre les communautés indigènes et les groupes d'Afro-descendants et d'entrepreneurs de canne à sucre semblent s'aggraver, le Conseil régional indigène du Cauca, le CRIC, insiste sur la recherche de solutions concertées.
Il est vrai que, si le CRIC a ouvert des espaces de dialogue avec le gouvernement et d'autres secteurs afin de trouver des solutions au problème foncier, certains membres de la communauté, fatigués de tant de non-conformité de la part du gouvernement, affirment qu'il est nécessaire de prendre la voie d'une saisie massive des terres. Néanmoins, le Conseil du CRIC poursuit le dialogue.
Ainsi, le CRIC est convaincu que ce mouvement, qui a patiemment forgé sa lutte, réussira à élaborer la stratégie et les mécanismes permettant de répondre à cette situation, mais surtout, il réussira à influencer une réforme agraire digne pour le peuple colombien.
Par : Programme de communication du CRIC.
Vidéo prise le samedi 24 septembre 2022 Dans le territoire de López Adentro, municipalité de Caloto, dans l'après-midi, il y a eu une attaque par des personnes portant des armes à feu, une situation déjà annoncée par les autorités et qui a été dénoncée dans divers scénarios comme une action paramilitaire.
traduction caro d'un communiqué du CRIC du 28/09/2022
https://www.cric-colombia.org/portal/el-cric-y-los-procesos-de-reclamacion-de-tierras-en-el-norte-del-cauca/