Chili : Le programme pro-investissement du gouvernement ne va pas dans le sens de plus de démocratie

Publié le 18 Septembre 2022

16/09/2022
 

En ces jours où le président Boric parle d'aller vers plus de démocratie et non moins, il dévoile l'Agenda Septembre 2022 pro-investissement, qui va dans la direction opposée et nous présente un panorama déjà familier, très typique des gouvernements précédents.

Par Karen Ardiles - Observatoire latino-américain des conflits environnementaux (OLCA)

L'Agenda, en guise de contextualisation, présente le scénario économique complexe que nous vivons et son aggravation pour l'année prochaine, anticipant une transition vers une économie verte avec un équilibre avec l'environnement afin d'aller vers plus de croissance et d'innovation pour faire face à ce panorama.

Cependant, lorsque nous analysons les différents chapitres, nous constatons que l'équilibre environnemental reste dans les termes grandioses puisque, par exemple, dans le point sur la réduction du taux ad-Valorem pour les projets nouveaux et d'expansion dans le secteur minier, il est indiqué que les nouveaux projets et les projets d'expansion des gisements seront encouragés, sans faire aucune mention des impacts socio-environnementaux de l'exploitation minière, qui ne sont pas non plus pris en compte lors de l'octroi des concessions minières dans le cadre du modèle actuel de garantie constitutionnelle.

Dans le chapitre sur l'amélioration de l'efficacité procédurale des règlements et des permis, après avoir diagnostiqué les problèmes liés à l'octroi des permis sectoriels, en insistant beaucoup sur les projets de décarbonisation de la matrice énergétique et sur la transition socio-écologique - sans donner de cadre concernant pour qui et pourquoi une transition - il propose à nouveau la même mesure que Piñera en 2018 : le célèbre Bureau de gestion des projets durables (GPS)[1], avec les mêmes arguments sur la paralysie ou la stagnation des projets d'investissement, sans -encore- avertir que les projets ne stagnent pas parce qu'ils le font, mais parce qu'ils ne se conforment pas aux règles en la matière, sachant que le standard dans le pays n'est pas le plus élevé.

On insiste sur la réduction des délais et la simplification des processus de traitement, sur la fourniture de personnel temporaire et permanent, sur les ajustements réglementaires et sur une réduction minimale de 25 % des délais de traitement comme objectif, mais nous ne voyons pas la démocratie que le président indique alors qu'il n'y a rien dans les critères relatifs à la participation des citoyens, à la manière d'améliorer les outils de la démocratie environnementale, en termes d'accès à l'information ou de temps adéquat pour assurer la participation. On insiste pour rendre le système d'évaluation des projets d'investissement prévisible et donner une sécurité juridique, une vision ad hoc pour les entreprises, mais où est la sécurité juridique pour les communautés, comment vivre dignement avec la menace constante de l'installation d'un projet éolien dans votre jardin ou de l'évacuation des eaux sans tenir compte du grave scénario de crise hydrique et écologique dans lequel nous vivons.

Abaisser la norme environnementale ou réduire les délais en évitant la participation des citoyens affecte directement les droits humains sociaux et environnementaux des communautés, qui se retrouvent sans outils pour défendre leurs territoires et la nature. Ceci est en contradiction avec la signature de l'accord d'Escazú il y a trois mois.

De même, le président a parlé de décentralisation et de transfert d'outils aux régions, mais l'Agenda l'oublie en cherchant à intervenir avec ce Bureau des grands projets ou la création de nouvelles institutions avec des commissions d'experts, prenant des décisions du pouvoir central sans tenir compte des régions. Au lieu de renforcer les organes avec des pouvoirs qui ne suffisent pas et de comprendre les différences valables de ce pays diversifié, la mesure va dans le sens des syndicats comme le CChC et le SOFOFA, comme ils disent.

Enfin, et en continuant avec l'aspect sectoriel, au moment de signaler les alliances public-privé, quatre domaines sont mentionnés, et au moment de mettre en lumière l'énergie, le transport et les mines, ils se concentrent tous sur le potentiel des énergies propres et de l'hydrogène vert, tout comme Piñera, [2] mais sans considérer les impacts de ceux-ci, qui ne sont pas exempts d'impacts socio-environnementaux parce qu'ils sont verts ou propres, ni les progrès grotesques qu'ils ont dans le pays, et encore moins les impacts synergiques de tant de projets d'investissement.

Nous constatons que le gouvernement actuel maintient et approfondit les mêmes politiques que celles de Piñera. En période d'aggravation de la crise économique, continuer à sacrifier les communautés et les territoires n'est pas la voie à suivre, nos droits - qui sont déjà réduits et violés dans le contexte actuel - ne doivent pas être une monnaie d'échange. Adopter des mesures économiques qui conviennent aux intérêts des entreprises n'est plus de la démocratie.

Karen Ardiles
Observatoire latino-américain des conflits environnementaux
OLCA


[1] Disponible en: https://prensa.presidencia.cl/discurso.aspx?id=74712
[2] Disponible en: https://energia.gob.cl/

traduction caro d'un article paru sur Mapuexpress le 16/09/2022

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #PACHAMAMA, #pilleurs et pollueurs, #Démocratie

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article