Argentine : Le printemps arrive malmené
Publié le 23 Septembre 2022
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Lorsqu'il semble que le soleil veuille s'éteindre et que les vents soufflent de manière plus dévastatrice que ce que nous pouvons supporter, des germes émergent et la vie devra être plantée face à tant de mort.
21/09/2022
Par Claudia Rafael
Le printemps arrive malmené
Sa vie doit être sauvée
Rafael Lelpi-Enrique Llopis
(APe) - C'est une recherche désespérée de bourgeons. Dans les interstices de la douleur. Dans les pointes brûlées d'une branche qui suinte des cendres. Une petite pousse qui émerge quand il semble qu'il n'y ait plus rien à croire. De la terre malade, dans les fissures brunes, s'allument des rosiers aux pirouettes rouges, écrivait Gabriela Mistral à propos du printemps.
Pour qu'il puisse naître en tout cas. De nos jours. En ces après-midi où il devrait émerger pour donner vie à tant de mort. Comme une Perséphone lumineuse qui jaillit des ténèbres les plus sombres dans lesquelles l'histoire marche habituellement. Sans trop de promesses de lendemains.
Avec une fleur, avec une pomme, avec un bourgeon et une grenade de rosée, dit Tejada, nous devrons puiser du courage dans les profondeurs les plus abyssales pour couper l'obscurité du loup.
Il s'agit de polir tant de sécheresse accumulée. Une sécheresse profonde que les puissants fertilisent afin d'emporter les battements de cœur et les utopies. Il s'agit d'arroser d'une eau douce et curative les graines que nous avons plantées avec amour au fil des siècles. Et multiplier la sève pour qu'il n'y ait plus d'enfants avec la vieille faim des jours. Dans un monde qui fait fuir la tendresse pour habiller d'ombres les rues et les villes.
Le printemps ne croit pas ceux qui lui parlent de vies ignobles, dit Mistral. Parce qu'il se nourrit de regards simples. Des chants de la vie et des espoirs qui tendent cette lutte millénaire soutenue sans fléchir. Et chaque année, il insiste pour éclairer le rire noir des marges. En donnant de la force à la graine dominante qui cherche à germer même dans les pires adversités.
Quand il semble que le soleil veuille s'éteindre et que les vents soufflent plus dévastateurs que nous ne pouvons le supporter.
Comme l'orme sec sur le rio Duero, dont parle Machado. Celui qu'un tourbillon mettrait en pièces et que le souffle des sierras blanches mettrait en pièces. Celui que la rivière pousse vers la mer. Nous aimerions voir ses bourgeons et ses branches vertes. Une fois de plus, comme chaque éternel septembre, nous attendrons un nouveau miracle du printemps.
Il est ici.
Et il sera le premier à voir un pays où la mort est simplement l'endroit où la vie se termine. Comme ça. Naturellement. Sans la stratégie préméditée du pacte social qui, toujours et régulièrement, engloutit les vulnérables et pare les opulents de guirlandes.
Le printemps nous revient de droit, aussi fragile que le rêve qui nous reste, nous devons sauver son cœur qui s'est désagrégé, sous le coffre de soie.
Pendant que nous abritons ses bourgeons. Et nous abritons la vie qui a été violée. Pour que le ciel quitte son éternité plombée et que l'utopie fleurisse de chaque crevasse, de chaque coin, des yeux humides des oubliés. Et le printemps éclatera en pleine floraison.
traduction caro d'un texte paru sur Pelota de trapo le 21/09/2022
https://pelotadetrapo.org.ar/la-primavera-viene-malherida/