Pérou : Parc national de la Cordillera Azul : Les Kichwas sont exclus des bénéfices du carbone

Publié le 7 Juin 2022

Photo : IDL

Bien qu'ils aient protégé le territoire du parc national de la Cordillera Azul pendant des années, ils sont aujourd'hui exclus des bénéfices que le parc tire de la vente de carbone.

Servindi, 1 juin, 2022 - Trois fédérations indigènes du peuple Kichwa ont rejeté la conservation exclusive et le commerce du carbone du Parc National Cordillera Azul (PNCAZ) sans transparence, dans la région de San Martin.

Ils dénoncent le fait que, bien qu'ils obtiennent des millions de dollars de la vente du carbone du parc, les fonds ne bénéficient pas aux communautés autochtones qui habitent ancestralement ce territoire.

En outre, ils affirment que les autorités et l'ONG CIMA, qui administre le parc et les fonds, refusent de leur fournir des informations sur la vente de carbone, ou leur donnent des informations incomplètes.

Manque de transparence

Dans une déclaration, les fédérations indigènes avertissent qu'"il n'y a jamais eu aucune responsabilité pour les 30 778 542 crédits carbone échangés entre 2008 et 2022" par le PNCAZ.

Ainsi que la "distribution des bénéfices des 30.470.012,70 dollars annulés à ce jour, sur un total de 80.546.251,01 dollars échangés".

De plus, ils considèrent qu'il est inacceptable qu'en dépit des millions provenant du projet REDD+ du PNCAZ, il n'existe pas de système officiel de comptage du carbone ou de liste "officielle" d'acheteurs.
 

Ils ne les reconnaissent pas

En revanche, ils rejettent le fait que le ministère de l'Environnement (Minam) et le Service national des espaces naturels protégés par l'État (Sernanp) continuent de nier leur droit à la consultation préalable.

Ainsi que leur participation à la distribution des bénéfices, en alléguant qu'il n'y a pas de communautés dans le PNCAZ, alors qu'il y en a au moins 29 avec des territoires engagés dans la gestion de la zone, affirment-ils.

En ce sens, ils remettent également en cause l'inscription du PNCAZ dans le programme de la liste verte de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), en 2018, comme exemple de conservation globale.

La raison en est que la création et la gestion du parc national ne respectent pas les droits des communautés, ce qui affecte les objectifs de l'UICN visant à récompenser la bonne gouvernance, disent-ils.
 

Le parc national de Cordillera Azul a été créé en 2001 sans respecter les droits des communautés Kichwa, affirment les fédérations autochtones. Photo : Andina

Fausses solutions

Enfin, les fédérations s'adressent aux acheteurs de crédits carbone du PNCAZ, les exhortant à réfléchir aux garanties exigées par le CIMA et le Sernanp afin qu'ils ne violent pas les droits territoriaux des peuples autochtones de la région.

Ils rejettent également les fausses solutions climatiques qui permettent aux compagnies pétrolières et minières qui polluent dans d'autres régions du monde d'acheter du carbone dans le PNCAZ pour redorer leur image.

"Au Pérou, la solution au changement climatique ne doit pas consister à appliquer de l'eau tiède aux activités polluantes, mais à reconnaître nos droits fondamentaux, puisque c'est nous, les Kichwa, qui prenons soin de ces forêts depuis des siècles", concluent-ils.

La déclaration est signée par le Conseil ethnique des peuples kichwa d'Amazonie (CEPKA) et la Fédération des peuples indigènes kichwa de Chazuta (FEPIKECHA).

Ainsi que par la Fédération des peuples indigènes kichwa du Bajo Huallaga de San Martin (FEPIKBHSAM), bases du Comité de coordination pour la défense et le développement des peuples indigènes de San Martin (CODEPISAM).

traduction caro d'un article paru sur Servindi.org le 01/06/2022

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