Triste Journée mondiale de la Terre pour le Chili

Publié le 25 Avril 2022

"J'appelle le collectif socialiste, lors du vote du prochain rapport de la commission de l'environnement, à considérer le moment historique que vit le Chili et la formidable opportunité que nous avons en tant que pays d'inverser les dommages que nous avons causés à la Terre".

Par Andres Kogan Valderrama*.

En cette Journée mondiale de la Terre, le 22 avril 2022, nous sommes une fois de plus très préoccupés par ce qui s'est passé au sein de la commission de l'environnement, des droits de la nature, des biens naturels et du modèle économique de la Convention constitutionnelle, après le rejet du deuxième rapport en séance plénière.

Bien que tout n'ait pas été dit, puisqu'un nouveau rapport peut être présenté par la commission, il devrait nous servir d'avertissement sur la manière dont nous comprenons les droits de la nature, qui sont approuvés dans plusieurs articles du projet constitutionnel. 

Je le signale parce que divers articles faisant référence à la défense des biens communs naturels, tels que la déprivatisation de l'eau, la nationalisation du cuivre, la protection de l'agriculture à petite échelle, la protection des forêts indigènes, des sols, des zones humides et des glaciers, le droit de vivre dans un environnement sain et la justice environnementale, ont été rejetés. 

Au-delà du fait qu'ils n'ont pas obtenu suffisamment de voix, après que les électeurs du Collectif socialiste aient voté contre le rapport, et qu'ils aient été accusés d'être des traîtres pour s'être opposés aux articles proposés, ce devrait être l'occasion de réfléchir au type de pays que nous voulons construire avec la nouvelle constitution.

Il ne sert donc à rien de pointer du doigt tel ou tel groupe politique, sans se demander ce qui justifie ontologiquement le rejet d'articles pourtant absolument nécessaires, dans un contexte de crise climatique et civilisationnelle, où les ressources de la Terre sont consommées chaque année de plus en plus vite, comme l'indique à juste titre le Global Footprint Network (GFN) dans ses rapports (1). 

Pour la même raison, la discussion va bien au-delà de la confrontation des positions idéologiques de gauche ou de droite ou des conservateurs ou des progressistes sur la façon dont nous voyons la situation environnementale actuelle, car les preuves scientifiques sont catégoriques, soulignant que le réchauffement climatique a été causé par les modèles de vie non durables qui ont été promus.  

On pourrait arguer que le Chili, dont l'économie est si petite et marginale, a un impact minime à l'échelle mondiale. Cependant, voir les choses sous cet angle, c'est ne pas comprendre que la Terre est un vaste système interconnecté et interdépendant, de sorte que tout ce qui est fait a toujours des répercussions ailleurs.

D'autre part, continuer à croire que l'environnement n'est qu'une question indigène et environnementaliste, de nature identitaire, comme le disent ceux qui s'opposent à ces articles de la commission de l'environnement, c'est continuer à reproduire une idée coloniale de la Terre, qui renforce la séparation arbitraire entre Culture et Nature.

La nécessité d'approuver le prochain rapport sur l'environnement qui sera présenté s'impose donc à un moment historique sans précédent, qui nous donne l'occasion de créer un précédent, par rapport à d'autres pays de la région et du monde, en ce qui concerne la mise en place de certaines bases et de certains horizons qui nous permettront d'enrayer la crise socio-écologique à laquelle nous sommes confrontés.

Il y a beaucoup d'organisations et d'électeurs qui savent qu'il y a peut-être de nouveaux droits et des manières plus démocratiques de structurer l'État dans la nouvelle constitution, qui sont fondamentaux, mais si la Terre n'est pas mise au centre, tout sera vain.

Au contraire, ceux qui anticipent le discours de rejet diront que ceux qui promeuvent les transitions post-extractivistes, à travers le soin des semences, la souveraineté alimentaire, la souveraineté énergétique, l'agroécologie, la permaculture, les jardins urbains et le bien-vivre, sont des fanatiques purement maximalistes qui ne semblent pas comprendre les défis auxquels nous sommes confrontés en tant qu'humanité.

Compte tenu de ce qui précède, je demande au Collectif socialiste, au moment de voter le prochain rapport de la commission de l'environnement, de considérer le moment historique que vit le Chili et la formidable opportunité que nous avons en tant que pays d'inverser les dommages que nous avons causés à la Terre.

Note :

(1) Voir : https://www.dw.com/es/el-d%C3%ADa-del-sobregiro-de-la-tierra-se-adelanta-casi-un-mes/a-58693037

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* Andrés Kogan Valderrama est sociologue, diplômé en éducation au développement durable, titulaire d'une maîtrise en communication et culture contemporaine et d'un doctorat en études sociales latino-américaines, et professionnel de la municipalité de Ñuñoa. Il est membre du comité scientifique de la Revista Iberoamérica Social et directeur de l'Observatorio Plurinacional de Aguas : www.oplas.org. 

traduction caro d'un article paru sur Servindi.org le 22/04/2022

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #PACHAMAMA, #Chili, #Constituante

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