Mexique: Tzam trece semillas : C'était comme ça avant : justice, femmes et pauvreté
Publié le 4 Avril 2022
Image : Johnatan Rangel
Par Asunción Segovia Hernández
Je m'appelle Asunción Segovia Hernández et je vis dans la ville d'Ayapa, municipalité de Jalpa de Méndez, dans l'État de Tabasco. Ma langue maternelle est le zoque ayapaneco.
Je viens ici pour vous parler de la justice pendant mon enfance. Quand j'étais enfant, j'appartenais à une famille très pauvre, pauvre, la plus pauvre des pauvres, et pour ceux d'entre nous qui étaient pauvres, la justice n'existait pas, nous étions très mal traités. Cependant, nous étions les pauvres qui devaient travailler dans les champs. Pour survivre, nos parents travaillaient à planter du maïs, des haricots, des courges, c'était leur travail.
Nous, les femmes, allions aussi aider à travailler dans les champs. Pour survivre, nous vendions nos haricots, nos courges, afin de pouvoir subvenir à nos besoins. Les mères avaient l'habitude d'élever des volailles qu'elles pouvaient nourrir plus tard. Nous, les femmes, n'avions pas le droit d'étudier car nous nous consacrions à notre foyer et aussi aux champs avec nos parents. Nous, les femmes, ne pouvions pas aller à l'école parce qu'il était dit que nous devions rester à la maison, surtout les femmes âgées comme nos mères qui restaient à la maison pour travailler, laver, moudre, faire le pozol et les tortillas ; avant, il n'y avait pas d'usines de tortillas et donc, les tortillas devaient être faites à la main comme tous les aliments nécessaires que nos mères faisaient. En raison de cette charge de travail, les femmes n'allaient pas à l'école, seuls les hommes pouvaient le faire.
La justice n'existait pas alors pour les femmes. Si un homme devenait violent, les femmes devaient s'accommoder de cette situation et faire ce que l'homme leur disait ; les femmes n'avaient pas le droit de se plaindre de quoi que ce soit car les pères ne le permettaient pas. Pendant mon enfance, la justice pour les femmes n'existait pas car on ne nous donnait aucun droit mais la charge de travail était lourde. Lorsqu'une fille atteint l'âge de dix ans, elle doit commencer à assumer la responsabilité du ménage tandis que sa mère part travailler pour assurer sa subsistance. La charge du travail et de toutes les corvées incombe donc à la fille aînée qui doit également s'occuper de ses jeunes frères et sœurs qu'elle fait boire, dont elle lave les couches et dont elle s'occupe comme si elle était une petite mère. Toutes ces corvées devaient être effectuées en attendant que notre mère nous apporte quelque chose à manger. Pendant que nous attendions, les filles de la maison faisaient du pozole et toutes les tâches ménagères.
Lorsque certaines personnes venaient chez nous, elles ne pouvaient parler qu'à notre père, nous, les enfants, ne pouvions pas participer à cela et on nous envoyait dehors pour faire différentes activités. Si nous entrions, ils disaient "va voir s'il a déjà mis la truie" et nous devions sortir ; s'ils nous envoyaient chercher du bois de chauffage, nous allions chercher du bois de chauffage et le rentrions dans la maison pour qu'il ne soit pas mouillé quand il pleuvait. Les parents étaient comme ça, ils ne nous permettaient pas d'écouter ce qu'ils disaient. En de nombreuses occasions, les femmes n'étaient pas non plus autorisées à s'immiscer dans les conversations des hommes, elles devaient aussi être à l'arrière, à l'extérieur et si elles essayaient de le faire, elles pouvaient être grondées. Les hommes décidaient des affaires entre eux sans l'intervention des femmes, nous n'avions pas la parole ni le droit de parler de quoi que ce soit.
Lorsqu'une fille était en âge de se marier, elle ne pouvait pas choisir qui épouser. Si elle avait un prétendant, il fallait le cacher à son père, qui était le seul à pouvoir choisir qui sa fille épouserait ; même si elle n'était pas d'accord, elle devait lui obéir. Nous, les femmes, n'avions pas notre mot à dire et ne pouvions pas décider pour nous-mêmes, nous ne pouvions même pas décider d'aller ou non dans les lieux publics. Maintenant, c'est différent, les femmes et les hommes vont ensemble dans les lieux publics et aux réunions, mais avant, ce n'était pas comme ça, avant seuls les hommes pouvaient voter et aller aux réunions. Si les hommes battaient les femmes ou les maltraitaient d'une autre manière, elles ne pouvaient pas se plaindre ou obtenir justice auprès de leurs parents ou des autorités car personne ne les écoutait. Les parents disaient seulement "c'est l'homme qui t'a touchée et si je ne t'ai pas bien éduquée, c'est ton mari qui va t'éduquer". Les femmes ne pouvaient pas aller dans les magasins, c'étaient les hommes qui pouvaient le faire et il était également difficile d'être autorisé à aller dans les bals, même si vous disiez que vous y alliez avec un ami ou que vous étiez majeure, si vous n'y alliez pas avec vos parents, ils ne vous donnaient pas la permission. C'est comme ça que les choses se passaient.
Portrait de l'auteur : José Manuel Segovia Velázquez
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Asunción Segovia Hernández
Elle est originaire d'Ayapa, dans la municipalité de Jalpa de Méndez, Tabasco, où elle a grandi et vécu toute sa vie. Elle est cuisinière traditionnelle ayapaneco et membre fondatrice du groupe collectif indépendant "Ñi' one diiguish" (Retoño de mis Raíces), qui entreprend des actions de diffusion, de documentation et de revitalisation de la langue zoque ayapaneco, en grand danger de disparition.
traduction caro
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Así era antes: justicia, mujeres y pobreza
Imagen: Johnatan Rangel Por Asunción Segovia Hernández Mi nombre es Asunción Segovia Hernández y vivo en el poblado de Ayapa, municipio de Jalpa de Méndez, en el Estado de Tabasco. Mi lengua m...
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