Pérou : Femmes autochtones : des chiffres qui révèlent l'absence de politiques efficaces

Publié le 8 Mars 2022

Plus de 3 millions de femmes péruviennes appartiennent à des peuples indigènes. Photo : ANDINA/Diffusion

À l'occasion de la Journée internationale de la femme, nous faisons le point sur les violations des droits dont souffrent les femmes autochtones et dénonçons la nécessité de mettre en œuvre des politiques publiques en leur faveur.

Servindi, 8 mars 2022 - S'il est déjà difficile d'être une femme au Pérou en raison des violations des droits de l'homme dont elles sont constamment victimes, il est encore plus difficile d'être une femme et une femme indigène car, dans leur cas, ces violations sont encore plus importantes.

C'est ce que révèle un rapport du bureau du médiateur, qui s'appuie sur des chiffres pour exposer la vulnérabilité de ces femmes face aux grossesses précoces, à la violence et à l'accès aux services de base, entre autres problèmes.

Bien que le document ait été publié en 2019, à ce jour, de nombreuses affectations persistent, ce qui démontre la nécessité de mettre en œuvre des politiques publiques pour inverser cette situation.

À l'occasion de la Journée internationale de la femme, qui est commémorée le 8 mars, nous nous penchons sur ces violations, en nous rappelant que le problème va au-delà de la reconnaissance d'un jour.

Des chiffres révélateurs

Le rapport du médiateur, intitulé "Situation des droits des femmes autochtones au Pérou", a révélé que les femmes indigènes subissent des violations de leurs droits plus importantes que les femmes non indigènes.

Par exemple, elle a exposé que sur les 3 millions de filles, d'adolescentes et de femmes qui s'identifient comme autochtones au Pérou, un demi-million ne savaient pas lire ou écrire en 2017.

Elle a également révélé que plus de 60% des communautés indigènes et paysannes ne disposent pas d'un établissement de santé sur leur territoire, ce qui affecte leur droit d'accès à la santé.

Cette situation est particulièrement inquiétante si l'on considère que ce service est essentiel compte tenu de l'augmentation de 9 % du taux d'incidence de la maternité précoce chez les filles indigènes en 10 ans.

Un autre facteur qui montre que l'écart d'inégalité est plus grand dans cette population est que plus de 1,5 million de femmes indigènes (1 674 714) n'avaient pas de revenu propre.

Comme ce chiffre représente 73% des femmes indigènes du Pérou, cela signifie que six femmes indigènes sur dix n'ont pas de revenus propres, c'est-à-dire qu'elles dépendent de l'argent de leurs homologues masculins.

Victimes de violence

Mais le problème le plus alarmant, car il touche directement à l'intégrité des femmes, est peut-être la violence qu'elles subissent, aggravée par le fait qu'elles sont, dans ce cas, des femmes indigènes.

Selon le rapport du Médiateur, plus de la moitié de la population féminine autochtone a subi à un moment donné des violences domestiques et près de 7 femmes sur 100 (6,8%) ont subi des violences sexuelles.

La situation est particulièrement grave dans le cas des femmes parlant le quechua, où 74,7 % sont victimes de violences de la part de leur mari ou partenaire, selon le rapport.

En 2021, la même organisation a révélé dans un autre rapport que la persistance de la violence contre les femmes est due au manque d'articulation des normes et des politiques visant à éradiquer ce problème.

En d'autres termes, bien qu'elle ait reconnu l'existence de divers instruments pour traiter le problème, elle a constaté que chacun d'entre eux évolue dans des directions différentes, avec des méthodologies, des indicateurs et des objectifs spécifiques différents.

Pire encore, ils ont constaté que la variété des instruments n'envisage pas le suivi de toutes les institutions impliquées dans le problème, voire des mêmes, afin d'avoir une réponse globale.

Une telle situation génère de multiples décisions normatives et de politique publique, mais le manque d'articulation dans leur formulation et leur mise en œuvre pourrait affecter leur efficacité et leur efficience, avertit le rapport.

Sous-représentation

Un autre domaine de violation abordé par le premier rapport du médiateur sur les droits des femmes autochtones en violation est leur faible participation aux postes de direction.

Par exemple, elle a révélé que 149 femmes autochtones ont participé à la phase de dialogue de 32 processus de consultation préalable, tandis que 496 hommes l'ont fait au cours de cette même phase.

Il est également constaté qu'au cours des quatre derniers processus électoraux et régionaux, seules quelques-unes ont accédé au pouvoir, malgré une multiplication par cinq des candidatures de femmes autochtones.

Pour citer un cas, en 2018, 35 femmes autochtones ont été élues, contre 190 hommes autochtones qui ont réussi à être élus à un poste de représentant de l'État.

Mais le problème ne se situe pas seulement dans la sphère publique, il provient aussi des communautés elles-mêmes, qui, selon le recensement de 2017, comptaient un total de 4 276 communautés paysannes.

En effet, en 2019, seulement 5% (224) des communautés étaient présidées par des femmes autochtones ; et sur 2 703 communautés autochtones, seulement 4% (102) avaient une femme présidente.

Ces dernières années, des précédents positifs et historiques ont été créés dans ce sens.

Il y a, par exemple, la nomination de la Shipiba Rocilda Nunta au poste de vice-ministre de l'interculturalité du ministère de la culture en 2021, la première femme indigène à occuper ce poste.

Ainsi que l'élection de la Shipiba Graciela Reátegui à la présidence de la fédération indigène historique Feconau (Ucayali) ; et de Tali Sabio, en tant qu'apu d'une communauté Awajún en Amazonas.

Cependant, il faut faire davantage pour que ces situations deviennent des cas quotidiens plutôt qu'extraordinaires, ainsi que pour traiter toutes les autres violations signalées.

traduction caro d'un article paru sur Servindi.org le 07/03/2022

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Pérou, #Peuples originaires, #Droits des femmes

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