Le Honduras interdit l'exploitation minière à ciel ouvert et annonce un moratoire

Publié le 3 Mars 2022

Photo : Giorgio Trucchi

Par Giorgio Trucchi*

Pressenza, 2 Mars, 2022 - Le gouvernement de Xiomara Castro, par le biais du Secrétariat de l'énergie, des ressources naturelles, de l'environnement et des mines, a mis en œuvre une autre des mesures annoncées dans son discours d'investiture le 27 janvier.

Devant des milliers de Honduriens qui ont rempli le stade national de la capitale, la présidente a présenté plusieurs points et mesures qui caractériseront l'action de son gouvernement au cours des quatre prochaines années.

Au cours des 100 premiers jours, elle s'était engagée à tenir les promesses faites pendant sa campagne électorale pour la refondation du Honduras, notamment la liberté pour les défenseurs de l'eau et de la vie à Guapinol - déjà obtenue le 25 février -, la pleine justice pour Berta Cáceres, le démantèlement des réformes constitutionnelles et l'abrogation des lois qui menacent la souveraineté nationale, criminalisent la défense des territoires et des biens communs et visent à piller les caisses publiques.

Elle avait également annoncé des mesures claires et énergiques contre la prolifération incontrôlée et corrompue des concessions pour des projets extractivistes.

"Plus de permis d'exploitation minière à ciel ouvert ou d'exploitation de nos minéraux, plus de concessions dans l'exploitation de nos rivières, de nos bassins versants, de nos parcs nationaux et de nos forêts de nuages", avait-elle déclaré.

Un mois plus tard, la promesse est devenue réalité.

Conformément au programme de gouvernement 2022-2026 de la présidente Xiomara Castro et en accord avec les principes de justice climatique, de respect et de protection des ressources naturelles, indique le communiqué publié par le ministère de l'Énergie, des Ressources naturelles, de l'Environnement et des Mines lundi après-midi, "l'approbation des permis d'exploitation extractive est annulée, car ils sont nuisibles à l'État du Honduras, menaçant les ressources naturelles, la santé publique et limitant l'accès à l'eau en tant que droit humain".

En outre, l'ensemble du territoire national a été déclaré "libre de toute exploitation minière à ciel ouvert" et un moratoire minier a été instauré pour l'exploration et l'exploitation des ressources métalliques et non métalliques, en procédant à "l'examen, la suspension et l'annulation des licences, permis et concessions environnementaux".

Enfin, le ministère a annoncé que les zones naturelles à haute valeur écologique "feront l'objet d'interventions immédiates, garantissant leur conservation et des bénéfices communs pour la population".

La décision du gouvernement de Xiomara Castro marque le début de ce qui pourrait être une rupture décisive avec le passé extractiviste du pays, qui a plongé plus de 70 % de la population dans la pauvreté et près de 50 % dans la misère.

Dans le récent rapport alternatif pour l'Examen périodique universel (EPU) des Nations unies, plus de 100 organisations ont dénoncé le meurtre de 140 personnes défendant les biens communs et la terre entre 2010 et 2019. Ils ont également documenté plus de 2 100 attaques entre 2016 et 2017.

De même, la plateforme Derechos Colectivos Vulnerados, a averti que le Honduras est le pays qui compte le plus grand nombre d'attaques contre des dirigeants indigènes en Amérique latine et le deuxième, après la Colombie, avec le plus grand nombre de meurtres.

Au moins 129 dirigeants de communautés garifunas et indigènes (84 hommes et 45 femmes) ont été attaqués lors de conflits liés à des projets d'extraction et d'énergie imposés sur leurs territoires.

Ce chiffre représente 43,7 % de toutes les attaques contre les communautés enregistrées par la plateforme entre 2017 et 2019. 71% des communautés du Honduras sont affectées par des projets d'infrastructure, principalement hydroélectriques.

Dans plus de la moitié des cas, la violation de quatre droits a été détectée : l'intégrité physique et morale (78,9% des cas), le consentement libre, préalable et éclairé (78,9%), l'environnement sain (73,7%) et la défense du territoire ancestral (52,6%).

Le dernier rapport de Global Witness, intitulé "Ultima línea de defensa", souligne que le Honduras figure parmi les pays du monde où le nombre absolu et le nombre par habitant de meurtres de défenseurs des droits de l'homme sont les plus élevés.

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*Giorgio Trucchi, journaliste, basé en Amérique centrale depuis 1998, est correspondant de l'Agence Rel UITA et collabore avec différents médias internationaux, entre autres.

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Source : Publié par l'agence de presse Pressenza le 2 mars 2022. https://bit.ly/3C5de6e

traduction caro d'un article paru sur Servindi.org le 02/03/2022

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