Chili : Lonko de Temucuicui : "S'ils veulent entrer comme ça, ils ont tout faux, nous pouvons recevoir Siches et Boric si nous parlons de restitution de territoires"
Publié le 17 Mars 2022
16/03/2022
Le média INTERFERENCIA s'est entretenu avec l'autorité traditionnelle du lieu sur la situation qui s'est produite aujourd'hui avec la ministre Izkia Siches.
Par Paula Huenchumil et Maximiliano Alarcón - Source : interferencia.cl
Le dialogue que le gouvernement de Gabriel Boric tente d'instaurer dans le Wallmapu semble bien loin. Mardi matin, alors que la ministre de l'Intérieur, Izkia Siches, se préparait à entrer dans la communauté traditionnelle de Temucuicui, au milieu de sa première visite officielle dans le Wallmapu, son entourage a été accueilli par des coups de feu en l'air en signe de rejet de sa présence.
Selon Publimetro, la ministre de l'Intérieur avait prévu une réunion avec Marcelo Catrillanca, père du jeune homme assassiné sous le gouvernement de Sebastián Piñera, Camilo Catrillanca, pour discuter de ce cas particulier, ainsi que de la situation des 16 prisonniers politiques mapuches de la région et de la restitution des terres ancestrales.
C'est un mélange d'improvisation et d'ignorance des protocoles de l'endroit où elle se rendait qui a contrarié les plans initiaux. Mais à long terme, ce qui complique le plus Boric à propos de ce qu'a fait l'Intérieur, c'est que cela met à mal un élément fondamental de son administration, la tentative de générer des instances de dialogue pour résoudre le conflit historique entre l'État chilien et le peuple mapuche, qui a refait surface dans les années 1990 et se poursuit encore aujourd'hui.
La communauté Temucuicui est précisément l'un des emblèmes de la résistance indigène. Par conséquent, l'échec du premier rapprochement promu par Siches a immédiatement mis à mal la possibilité de rapprocher les positions.
INTERFERENCIA a pris contact en exclusivité avec le lonko, c'est-à-dire l'autorité ancestrale de la communauté autonome de Temucuicui, Víctor Queipul Huaiquil, qui a déclaré par téléphone que la délégation dirigée par Izkia Siches n'a respecté " en aucune façon " le protocole mapuche de visite de la communauté.
"Nous avons notre propre surveillance, s'ils veulent entrer comme ça, ils se trompent lourdement. Je suis celui qui représente la communauté", dit le lonko à propos de ce qui s'est passé hier matin.
Selon Queipul, ils n'ont pas pris contact avec lui, en violation du protocole mapuche, car il est l'autorité ancestrale du lof Temucuicui et du groupe Resistencia Mapuche Malleco (RMM), qui cherche le contrôle territorial et la récupération active du territoire.
Queipul dit qu'il n'a appris que la veille de la visite par "ricochet" qu'il y aurait une visite du gouvernement. Il a même dit que lorsque Siches est arrivée avec son entourage, il n'était pas dans son lof, car il travaille dans différentes communautés de Malleco. "Je ne vais pas accepter cela. À Temucuicui, nous avons 16 peñis [frères] emprisonnés, ainsi que deux mineurs, c'est un problème grave", dit-il.
" Les conseillers ont tort, car ils ne savent pas à qui ils doivent s'adresser, ils parlent entre eux. La résistance de Malleco est vivante, présente et active. Ce n'est pas la première fois que l'État essaie d'entrer de cette manière, l'autre fois avec le recensement quelque chose de similaire s'est produit, parce qu'ils pensent que nous sommes des animaux. Nous sommes des Mapuches, des gens qui pensent, qui ont mené une résistance et de nombreuses communautés ont suivi ce chemin", ajoute le lonko.
Queipul assure également que la mort de Camilo Catrillanca est une question pertinente et qu'elle rouvre une blessure. "J'ai beaucoup de respect pour la mère et la femme de Camilo, mais c'est une façon malveillante de faire de la politique. Nous devons aller au fond des choses, et s'ils veulent parler aux communautés de Malleco, ils doivent passer par moi, sinon ils vont avoir des surprises. C'est notre droit, l'État chilien a une dette historique envers le peuple mapuche".
En ce qui concerne un éventuel dialogue avec le gouvernement actuel, il a déclaré qu'ils sont disposés à discuter avec le gouvernement "tant que l'intention des autorités chiliennes est de parler du territoire et de la dette historique de l'État envers le peuple mapuche".
"Nous sommes sur notre territoire, s'ils veulent parler, je suis prêt, que Boric vienne, mais pour établir un dialogue sérieux. Mais qu'ils parlent aux autorités ancestrales appropriées, qu'ils me parlent à moi. Je lui donne la sécurité, pas celle que Marcelo Catrillanca lui a donnée. Je peux recevoir Boric et le ministre Siches mais pour parler de droits, parlons de territoire, mais qu'ils ne viennent pas nous dire que nous sommes des voleurs de bois, des trafiquants de drogue, ce que nous voulons c'est restaurer notre territoire, si nous parlons de cela, je n'ai aucun problème", conclut-il.
traduction caro d'un article paru sur Mapuexpress le 16/03/2022