Argentine : Tierra de Comechingones : une cartographie pour connaître et protéger le territoire indigène
Publié le 18 Mars 2022
17 mars, 2022 par Redacción La Tinta
Ce samedi, c'est le lancement du site web "Tay Pichin. Tierra de Comechingones", une cartographie sociale et interactive du territoire ancestral Comechingón des Sierras de San Marcos, qui articule les connaissances de l'anthropologie et de la géographie, avec la mémoire orale des communautés locales.
Par Ezequiel Luque pour La tinta
En l'absence de politiques indigénistes provinciales - en particulier celles liées au territoire - et le manque d'adhésion de la province de Córdoba à la loi nationale 26.160 sur les enquêtes indigènes, un groupe de chercheurs de l'UNC a commencé, il y a plus de six ans, un projet d'extension visant à fournir aux communautés Comechingón Tulián et Tay Pichin une cartographie collective du territoire ancestral des Sierras de San Marcos.
Le besoin est né de la communauté de Tulián elle-même en 2014, face au siège des compagnies minières sur leur territoire. À cette époque, l'entreprise José Luis Calvo a pénétré illégalement dans les territoires sacrés de Cerro Blanco et Cerro Negro, où se trouve un important patrimoine naturel et archéologique, à des fins d'exploitation. Bien qu'ils aient réussi à stopper l'intrusion, le secrétariat minier de Córdoba les a informés qu'il y avait plus de vingt demandes d'exploration minière dans la région. Ils ont donc entrepris de cartographier les sites sacrés et cérémoniels, comme mesure d'autodéfense et d'auto-reconnaissance.
Ce fut le point de départ de la formation, deux ans plus tard, d'une équipe interdisciplinaire de sensibilisation entre les membres des communautés Comechingón et les universitaires des départements de géographie et d'anthropologie de la faculté de philosophie et des sciences humaines, avec pour objectif principal de construire une cartographie sociale, collaborative et interactive du territoire ancestral, et de promouvoir ainsi le processus de reconnaissance des sites d'importance historique, culturelle et environnementale.
Carte multidimensionnelle du territoire
Les cartes traditionnelles, telles que nous les connaissons, répondent à une logique cartésienne et ont toujours été des objets produits par le pouvoir occidental afin d'exprimer la propriété foncière et les intérêts dominants. La cartographie interactive, quant à elle, permet le dialogue entre les différents éléments et permet de voir la dimensionnalité multiple du territoire.
Lucas Palladino, géographe et l'un des coordinateurs du projet avec Carolina Álvarez Ávila, explique à La tinta qu'il faut reconnaître que le territoire a aussi une dimension immatérielle, symbolique, et qu'il faut reconnaître "d'autres expériences et connaissances sur le territoire".
Pour cette raison, la proposition était d'articuler les sources historiques et cadastrales, avec les souvenirs et les récits oraux, dans un échange entre les sciences sociales et la connaissance de la communauté elle-même, qui s'est matérialisé dans des cartographies collaboratives produites par des ateliers.
" La géographie propose de faire des cartes et que les collectifs soient en charge de ces productions. L'anthropologie nous fournit des méthodologies ethnographiques et nous dit qu'il est nécessaire d'écouter les sens que les sujets ont avec le territoire. Et tout cela en articulation avec la communauté (...) Une écologie de la connaissance se forme, comme l'affirme Boaventura de Sousa Santos", dit Palladino.
L'un des principaux défis épistémologiques de ce travail - et une limite académique de la science positiviste - est de pouvoir raconter des expériences qui ne sont pas strictement visuelles, mais sensorielles et spirituelles.
Dans ce sens, le chercheur de l'UNC souligne : "Une chose que nous avons également apprise en enregistrant les aspects non-visuels d'un territoire est l'affectivité des individus avec la terre. Il y a une relation entre les corps et le territoire, à partir de leur travail, de leur cosmovision, qui a une autre temporalité que nous, universitaires, pouvons théoriser, mais qui n'est vécue que lorsqu'on est impliqué dans le lieu".
Mariela Tulián est Casqui Curaca de la communauté indigène Tulián, ainsi qu'enseignante, écrivain et spécialiste de l'éducation bilingue interculturelle. Elle est, en même temps, l'un des coordinateurs de projet représentant les communautés.
"Nous cherchons à protéger à la fois le patrimoine matériel, que sont les sites, et le patrimoine immatériel, que constitue la mémoire orale et qui n'est souvent pas pris en compte lors de la cartographie ou du géoréférencement d'un site. Il s'agit d'un domaine du droit autochtone qui n'en est encore qu'à ses débuts", dit-elle.
Tulián souligne que, grâce à l'enquête, environ 1 000 sites sacrés et autels cérémoniels ont été reconnus dans la région de San Marcos et ses environs.
"Nous faisons cette distinction parce que les sites sacrés présentent davantage de preuves archéologiques, tandis que les autels cérémoniels n'en ont pas nécessairement, mais ce sont des lieux où les esprits protecteurs de notre territoire et de notre communauté vivent depuis des temps immémoriaux", explique-t-elle.
Réparation académique
Palladino explique que le processus d'enquête territoriale s'accompagne d'un processus de réflexivité sur l'identité indigène à Cordoba, face au déni de nombreux acteurs sociaux qui remettent constamment en question l'authenticité de l'indigène.
"Ce sont des lieux peu connus à Cordoba, en raison d'une histoire d'invisibilisation et de réduction au silence. Le récit cordoban de l'identité provinciale a mis l'accent sur le récit plus hispanique et l'indigène est resté dans le passé, "prétérisé", comme le dit José María Bompadre".
Et dans cet aspect, l'université a également sa responsabilité : "L'académie est totalement coloniale et l'université elle-même a souvent nié l'existence des indigènes. Il est arrivé que des universitaires, liés aux mécanismes de l'État, loin de reconnaître et de contribuer, aient avancé dans l'ignorance, l'invisibilisation et la désorganisation des communautés. Pour cette raison, notre objectif est de contribuer au processus de reconnaissance territoriale de la communauté, et le fait de pouvoir le faire depuis l'Université de Cordoue est un exercice opportun de justice cognitive.
La menace du "progrès" à nouveau
L'œuvre est mise au jour à un moment délicat pour la communauté de San Marcos Sierras. L'année dernière, pendant la pandémie, la municipalité a abrogé l'ordonnance 775, qui garantissait l'identité de la commune, l'entretien de son patrimoine et le respect des aspects culturels et territoriaux du peuple Comechingón.
Sous prétexte de "moderniser" San Marcos, le maire, César Briguera, a essayé de modifier les trottoirs, les rues et la place principale de la ville, qui est un espace sacré pour les communautés autochtones, car elle contient un cimetière qui couvre toute la place et les rues environnantes. C'est pourquoi des organisations telles que FUNAM, l'Assemblée environnementale des montagnes des sierras de San Marcos et les communautés autochtones elles-mêmes ont dénoncé le fait que l'identité traditionnelle de la commune était mise à mal. Finalement, grâce au soutien de l'INAI et à l'intervention de la Justice fédérale, les travaux ont été arrêtés.
À cela s'ajoutent la construction de parcelles privées sur des zones protégées de la réserve provinciale archéologique de Quilpo et le défrichage de la forêt indigène censée être préservée par la loi forestière.
"Cela n'a rien à voir avec une attaque personnelle ou une question politique, il s'agit simplement de la défense de notre territoire et nous le ferons face aux compagnies minières ou à quiconque vient l'endommager. Il y a deux points de vue sur la Terre Mère qui sont en conflit : ceux qui la réduisent à une valeur économique, et nous, qui sentons et croyons que notre territoire est un être vivant et que nous devons le défendre", déclare Mariela Tulián.
Equipo de de extensión universitaria de la Facultad de Filosofía y Humanidades: “Mapeando el territorio ancestral. Memorias y lugares comechingones en San Marcos Sierras y alrededores”. Coordinadores UNC: PALLADINO, Lucas y ÁLVAREZ AVILA, Carolina. Coordinadores de las comunidades Tulián y Tay Pichin: Casqui curacas TULIAN, Mariela y TULIAN, Juan Carlos “Capi”. Integrantes del equipo: ASIS MALEH, Yazmin; ÁVILA, Emanuel; BAZÁN, Santiago; BOFFELLI, Sofía; CÓRDOBA, Silvia; DALBES, Gonzalo; LÓPEZ, Victoria; MANES, Agustín; MOTTER, Julieta; NEHME, Abril; PALACIOS, Nayla; PAUTASSO, Pablo; PILATTI, Camila; PUCHETA, Melisa; ROSSETTI, Antonella; SALDAÑO, Federico; TULIÁN, Elías; VIVES, Oscar.
Présentation de la cartographie web
➡ 🕒 L'événement aura lieu en personne et virtuellement le samedi 19 mars, à 15h30. La réunion en face à face se tiendra au MHLH RADIO Streaming Bar, Av. Cacique Tulián 170, San Marcos Sierras. Elle sera également diffusée sur la chaîne YouTube du musée d'anthropologie de l'UNC à partir de 16 heures. (Lien : https://acortar.link/JolCjC)
traduction caro d'un article paru sur La tinta le 17/03/2022
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