Pérou : Esprits des zones humides et connaissances du peuple Urarina

Publié le 1 Mars 2022

Les esprits nünajiaeene sont un type d'ijniaeene qui ont des caractéristiques anthropomorphes et vivent dans des zones de forêt à la végétation dense, de préférence dans des zones éloignées des habitations humaines. Dessin d'Esteban Arahuata Ahuite / Communauté Nueva Unión, bassin de la rivière Chambira.

 

Les scientifiques de l'IIAP publient une étude sur la cosmovision du peuple Urarina installé dans le Loreto.

Servindi, 27 février, 2022 - Le Baainu, qui veille sur les tourbières, le Jiiri Kurii, messager du créateur, le Nünajiaeene, esprit des forêts, et le Ruasara, monstre chasseur de la forêt inondée, sont quelques-uns des esprits qui coexistent avec le peuple Urarina.

Ces êtres à forme humaine aident les populations à conserver les ressources naturelles des territoires qu'elles habitent, et à vivre ensemble de manière ancestrale dans une relation de coexistence réciproque.

Contrairement à d'autres cultures indigènes, ces esprits ne sont pas vénérés comme sacrés. Leurs personnalités sont variées, elles peuvent être très agressives ou humoristiques.

C'est ce que révèle l'article "Espíritus de los humedales y saberes indígenas: Implicaciones para la conservación de los humedales en la Amazonía peruana” (Esprits des zones humides et savoirs indigènes : Implications pour la conservation des zones humides en Amazonie péruvienne( développé par des spécialistes de l'Institut de Recherches sur l'Amazonie péruvienne (IIAP). 

La recherche rend compte des résultats, entre 2016 et 2019, dans trois communautés urarina de l'Amazonie péruvienne dans la région de Loreto : Santa Rosa de Airico, Nueva Unión et Nuevo Perú.

L'observation participante, la photographie et les entretiens approfondis en espagnol et en urarina ont été utilisés, entre autres méthodes et techniques.

En outre, l'étude a été soutenue par un informateur autochtone, qui a illustré les esprits dans une série de dessins inclus dans l'étude. 

Selon Manuel Martín, chercheur depuis plus de dix ans à l'IIAP et co-auteur de l'étude, ce travail présente pour la première fois une typologie des "esprits des zones humides" qui habitent les écosystèmes connus de l'Urarina.

"L'étude souligne l'importance culturelle et spirituelle des écosystèmes des zones humides pour les peuples indigènes de l'Amazonie péruvienne", a déclaré le chercheur.
 

En ce qui concerne les modes de relation avec chacun de ces êtres spirituels, le chercheur explique ce qui suit :

- Avec le Baiianu, il existe un lien de collaboration/rivalité et il peut transformer les humains en un autre baainu, puis les intégrer pacifiquement dans leur société qui est similaire à la société humaine.

- Avec le Jiiri Kurii, il y a aussi une relation similaire. Il crée des espèces de chasseurs et d'agriculteurs et trompe les humains, mais leur apporte aussi des connaissances utiles, comme la façon de construire un canoë, par exemple. Il est considéré comme un messager du créateur.

- Avec le Nünajiaeene (esprit maléfique des forêts), il existe un lien d'agression/prédation. Il peut apporter des maladies et répondre agressivement aux transgressions humaines qui affectent son territoire.

- Avec les Ruasara, la relation est une relation d'agression/prédation. Les chasseurs humains essaient de le narguer ou de le taquiner. Et il peut également réagir de manière agressive lorsque son territoire est endommagé.

Fait :

- Les Urarina sont une petite nation indigène d'environ 3000 membres, dont les communautés sont principalement situées dans le bassin de la rivière Chambira, dans le nord de l'Amazonie péruvienne. Cette partie de l'Amazonie est dominée par des marais de palmiers, des forêts inondées de façon saisonnière, des zones humides et des écosystèmes d'eaux noires pauvres en nutriments, avec peu de terres sèches permanentes.

- Les auteurs de cette recherche, publiée dans la revue Current Reaserch Environmental Sustainability, sont : Manuel Martín (IIAP), Emanuele Fabiano (Pontificia Universidad Católica del Perú) et Christopher Schulz (University of Edinburgh Rural School, Écosse).

- Voici le lien vers l'article : 

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Pérou, #Loreto, #Peuples originaires, #Urarina, #Cosmovision

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