L'agrobusiness et la souveraineté alimentaire peuvent-ils coexister ?

Publié le 18 Janvier 2022

Photo : Diego Izquierdo

Le modèle unique est devenu une politique d'État en phase avec les intérêts commerciaux et constitue l'un des facteurs de la crise climatique. L'autre modèle est basé sur l'agroécologie et la culture du Buen Vivir, et est promu par les petits producteurs, les mouvements sociaux et les consommateurs conscients. N'est-ce pas une fausse proposition ?

 

Le modèle agroalimentaire et la souveraineté alimentaire peuvent-ils coexister ?


Par Yanina Gambetti*

Tierra Viva, 15 janvier 2022 - L'agrobusiness et la souveraineté alimentaire ne peuvent coexister. C'est irréalisable et impossible à maintenir. Pourquoi ? Parce que ce sont essentiellement deux modèles opposés.

Le modèle agro-industriel repose sur le brûlage des écosystèmes et le défrichage des terres pour "cultiver" des produits de base ou élever des animaux de manière industrielle. L'année dernière, plus de 30 000 hectares ont été brûlés dans le seul nord de Cordoba (Argentine). Si nous étendons cela à l'ensemble de la carte, nous verrons que nous avons perdu, aux mains de ce modèle écocide et pour la seule année 2020, environ 350 000 hectares d'écosystèmes forestiers et de zones humides indigènes. En raison de ces incendies intentionnels, plus d'un million d'hectares ont été touchés dans tout le pays, de 2020 à ce jour.

L'agrobusiness est une politique d'État, c'est-à-dire qu'il est promu par un gouvernement national qui soutient un État corporatif. Les gouvernements provinciaux, les entreprises et la techno-science sont également au service du capital. Un modèle qui brûle pour défricher, parce qu'il a besoin de plus de terres pour étendre ses activités, et qui pollue pour gagner de l'argent, appauvrissant au passage des territoires, des cultures et des écosystèmes. Le modèle agro-industriel est l'une des principales causes de la crise climatique et accélère le point de non-retour.

À quoi ressemble le modèle de souveraineté alimentaire ? Il est basé sur l'agroécologie et l'agriculture naturelle et ancestrale. Il s'agit d'une politique mise en œuvre depuis la communauté, c'est-à-dire promue par les producteurs et les consommateurs agroécologiques, les mouvements socio-environnementaux et l'agriculture paysanne et indigène. Il sème pour nourrir, prend soin de la terre pour l'habiter, et entretient ou récupère les mémoires et les cultures pour le Bien Vivre. Il équilibre également le climat et peut atténuer certaines des conséquences de la crise climatique.

Ces deux modèles sont opposés et leur coexistence est irréalisable et impossible, bien que la coexistence entre les deux soit la fausse proposition avancée par le gouvernement national, des hommes d'affaires comme Gustavo Grobocopatel et des fonctionnaires comme Fernando "Chino" Navarro. Le gouvernement ignore l'agroécologie, tant lors des réunions internationales que lors des sommets mondiaux sur l'alimentation, et promeut de nouvelles lois pour encourager et faciliter davantage de monocultures, d'OGM et d'agrotoxiques.

Les Grobocopateles et les Navarros lavent le visage de l'agrobusiness. Ils parlent d'inclusion, d'agroécologie pour l'exportation - pour coopter le concept et l'appliquer aux entreprises - et font don de soja OGM contaminé pour les soupes populaires et les écoles, faisant ainsi le jeu des personnes au pouvoir et de celles qui mettent notre avenir en péril. Alors que chacun obtient sa part du gâteau de l'agrobusiness, les communautés tombent malades et les enfants continuent de souffrir de taux élevés de malnutrition et de dénutrition.

Donc non, ils ne peuvent pas coexister. Pour faire avancer l'agroécologie, nous devons faire reculer l'agrobusiness. Il n'est pas possible de construire s'ils vont tout brûler et empoisonner. Si le modèle écocide continue à progresser, il pourra détruire toutes les propositions qui ont été élaborées à partir des communautés et qui, de plus, sont celles qui promettent réellement un scénario dans lequel les générations futures auront accès à la terre, à la nourriture et à l'eau.

Le moment est venu de faire un choix et nous devons choisir le modèle que nous allons nourrir, soutenir et légitimer. Il ne peut y avoir de demi-mesures car au milieu, pendant que nous attendons le char, ils mettent le feu à tout.

 

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* Yanina Gambetti, membre du Frente de Lucha por la Soberanía Alimentaria./Front de Lutte pour la Souveraineté Alimentaire

source d'origine Agencia de noticias Tierra Viva: https://agenciatierraviva.com.ar/pueden-convivir-el-modelo-del-agronegocio-y-la-soberania-alimentaria/

traduction caro d'un article paru sur Servindi.org le 15/01/2022

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