Pérou : Assassinat du leader Asháninka Lucio Pascual Yumanga

Publié le 6 Décembre 2021

Servindi, 5 décembre 2021 - Des trafiquants de drogue présumés et des envahisseurs de la zone tampon de la réserve communale d'El Sira seraient responsables de l'assassinat de Lucio Pascual Yumanga, leader de la communauté indigène La Paz de Pucharini, à Puerto Bermudez, dans le département de Pasco.

Quatre autres membres de la communauté partis à la recherche de Lucio sont toujours portés disparus et l'on craint qu'ils aient également été tués.

Le chef de la communauté, Jaime Pascual Marincaña, demande au gouvernement de l'aider à sauver ses compagnons. "Ne nous laissez pas seuls", a-t-il dit avec inquiétude.

L'alerte au crime a été lancée par l'organisation régionale Aidesep Ucayali (ORAU), dont le président, Berlin Diquez, mettait en garde depuis des mois contre le climat de violence qui règne dans la jungle centrale.

Wacgner Chamicar Shoncoqui, vice-président de l'Apatyawaka Nampitsi Ashaninka Pichis (ANAP), la fédération des communautés de la vallée du Pichis, a indiqué que le mardi 1er décembre, deux membres de la communauté sont partis à la chasse et, comme ils ne sont pas revenus, trois autres sont allés à leur rencontre.

Aucun d'entre eux n'est revenu. Vendredi, une commission a suivi leur trace et a trouvé Lucio Pascual mort, avec des blessures par balle, a rapporté le journal La República.

À ce jour, Beri Yumanga Shario, Abdias Pascual Yumanga, Jabiel Pascual Marincana et Yosner Pascual Canchivo sont toujours portés disparus, selon ce que les indigènes ont rapporté au procureur général Michael Cisneros Chavarria.

Une insécurité alarmante

"Nous exigeons que chacun des différents ministères impliqués dans le mécanisme multisectoriel assume ses responsabilités en matière de protection de nos défenseurs de manière coordonnée", a déclaré Berlin Diquez.

"L'insécurité territoriale des communautés autochtones, la discrimination des autorités policières et judiciaires à l'égard des peuples autochtones, la corruption généralisée et la faible présence de l'État pour contrôler les activités illégales, affectent notre paix", a-t-il ajouté.

Diquez, membre bien connu du peuple Ashaninka, comme le leader assassiné, demande aux autorités de s'attaquer aux causes qui génèrent cet environnement de violence et de menace constante.

Il demande également un soutien policier et aérien pour la recherche des disparus, sachant que la victime a été retrouvée à trois jours de marche.

Le président de l'ORAU attire également l'attention des autorités sur les dettes impayées de titrage et de géoréférencement, qui sont des étapes vers la sécurité territoriale des territoires indigènes.

Les communautés de la selva centrale des départements de Huánuco, Junín et Ucayali attendent depuis des décennies l'attribution de titres de propriété communaux, qui constitue l'une des étapes de la protection de la territorialité indigène.

Elle demande une intervention globale, supervisée et coordonnée de la police nationale et des parquets afin de pacifier la zone et d'empêcher de nouvelles atteintes à la vie de nos frères et sœurs indigènes.

traduction carolita d'un article paru sur Servindi.org le 05/12/2021

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