Colombie : 80 assassinats chez le peuple Awá UNIPA en cinq ans d'accord de paix

Publié le 6 Décembre 2021

par comunicaONIC dans Communiqués régionaux 03 décembre 2021

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Communiqué 012-2021
À la communauté nationale et internationale

2 décembre 2021

L'attaque violente contre notre peuple Awá n'a pas cessé durant ces cinq années depuis la signature de l'accord de paix. Les actes de violence sur le territoire de l'UNIPA Awá continuent de condamner notre peuple à une extermination physique et culturelle imminente.

  • Récemment, hier, 1er décembre, le meurtre du jeune indigène Awá Jhon Mario García García, âgé de seulement 20 ans, qui appartenait au Resguardo indigène Awá de Gran Rosario, dans la juridiction de la municipalité de Tumaco, a été confirmé. À 15 heures, Jhon Mario se trouvait dans le village de La Guayacana avec sa femme, où il a été détenu par des hommes armés qui l'ont fait monter de force dans un véhicule. Une heure plus tard, son corps sans vie a été retrouvé dans le village d'El Pinde, municipalité de Tumaco.
  • Le 2 novembre dernier, un ex-gouverneur du resguardo Telembí de Tortugaña, qui bénéficie d'un régime de protection en raison de son niveau de risque, a subi une attaque. Vers 21 heures, alors qu'il arrivait dans le centre urbain de la municipalité de Samaniego, près du village d'El Salado, le véhicule dans lequel il se trouvait a été touché par plusieurs coups de feu.
  • D'autre part, trois enseignants des resguardos autochtones Awá de Saunde Güiguay, Nunalbí Alto Ulbí et El Gran Sábalo ont reçu des menaces contre leur vie et celle de leur famille, ainsi que des menaces d'extorsion, les 19 et 23 novembre. Ces événements intimident la communauté étudiante et affectent le droit à l'éducation.
  • Au cours du mois d'octobre, deux jeunes Awá ont également été victimes de plusieurs incidents. Le 30 octobre, un jeune homme d'environ 16 ans, Diego Fernando Rodríguez Pai, appartenant au Resguardo indigène Awá d'Inda Zabaleta, dans la communauté d'El Nortal, a été porté disparu. Le 10 novembre, son corps sans vie a été retrouvé enterré dans le quartier El Jardín du village de Llorente, dans la municipalité de Tumaco, décapité et portant des traces de torture.
  • Le 10 octobre, le corps sans vie d'un jeune homme d'environ 16 ans, Darwin Taicus Pai, appartenant au Resguardo indigène Awá d'Inda Zabaleta, de la communauté d'El Nortal, a été retrouvé. Le corps a été retrouvé mutilé, sévèrement torturé et avec des blessures par balle.
  • Le 26 octobre, un harcèlement a eu lieu aux frontières du Resguardo Indigène  Awá Hojal la Turbia, très proche de la communauté Cabecera Sonadora. Cela a laissé les communautés Awá en état d'alerte, ce qui les a amenées à rester confinées en raison des affrontements constants entre les différents acteurs.
  • Le 9 octobre au matin, dans le resguardo indigène Awá de Gran Rosario, dans la municipalité de Tumaco, à proximité de la communauté Alto Palay, José Junior Pai García, de la communauté Alto Limón, a été assassiné par un groupe armé inconnu. José Junior laisse sa femme enceinte et son fils de 4 ans en plan.
  • Le 26 septembre vers 21 heures, sur la route reliant Pasto à Tumaco, près du village de La Guayacana, un jeune homme, Víctor Albeiro García Canticus, qui appartenait au resguardo indigène Awá de Gran Rosario, de la communauté Peñalisa, a été assassiné par un groupe armé.
  • Le 9 septembre, l'ex-coordinateur de la garde indigène de la région de Telembí et dirigeant du Resguardo Ñambi Piedra Verde indigène Awá de la municipalité de Barbacoas a reçu des menaces répétées contre sa vie en raison des actions de direction organisationnelle qu'il mène sur le territoire de l'UNIPA Awá.

Tous ces événements constituent une menace constante pour la tranquillité de nos familles Awá. C'est avec tristesse que nous constatons que les enfants et les jeunes sont les plus touchés par cette guerre incessante.

Ce contexte de guerre nuit à notre propre mode de vie, car il désharmonise les communautés et brise le tissu communautaire. Cela empêche également les dirigeants d'accompagner les communautés dans leur travail d'organisation. La violence va à l'encontre de nos principes d'Unité, d'Autonomie, de Territoire et de Culture, qui sont la base de notre mode de vie, ainsi que du Droit d'Origine et de nos mandats.

Nous voyons comment, chaque jour, de nouveaux actes violents ont lieu sans qu'aucune autorité ou institution du gouvernement national ne prenne des mesures réellement efficaces pour désamorcer ce conflit. Notre peuple  ne peut continuer à être pris entre les feux croisés et les intérêts d'acteurs extérieurs à notre territoire.

Cinq ans après la signature de l'accord de paix, la situation sur le territoire de l'UNIPA Awá se dégrade ; preuve en est les plus de 80 compagnons Awá assassinés depuis novembre 2016 à ce jour. Notre peuple continue de ne pas disposer des garanties nécessaires à la défense de ses droits. La vie en paix sur notre territoire est devenue un rêve inaccessible.

traduction caro d'un communiqué paru sur le site de l'ONIC le 02/12/2021

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Colombie, #Peuples originaires, #Assassinats, #Awá

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