Brésil : La flèche d'un indigène isolé est remise au MPF-RR comme preuve du massacre sur la Terre Indigène Yanomami
Publié le 18 Novembre 2021
Mercredi, 17 novembre 2021
L'organisme enquête sur le meurtre de trois autochtones Moxihatëtëma par des mineurs ; "cette flèche est unique, ils l'utilisent pour tuer le gibier et pour se nourrir", a expliqué le chaman Davi Kopenawa.
Par Evilene Paixão
Lors d'une audience à Boa Vista (Roraima) avec le procureur du ministère public fédéral du Roraima (MPF-RR), Alisson Marugal, le chaman et président de la Hutukara Associação Yanomami, Davi Kopenawa, a remis une flèche qui serait la preuve d'un massacre de mineurs contre les Indiens Moxihatëtëma, qui vivent isolés dans une communauté de la Serra da Estrutura (Montagnes).
"Le temps est venu de dire la vérité. La flèche est arrivée en ville et il était bon pour lui [le procureur] de croire les preuves. Pour qu'il ressente et pense aux Moxihatëtëma afin qu'ils soient protégés et respectés. Je les protège pour qu'ils ne quittent pas les communautés et n'atteignent pas le garimpo. Notre créateur, Omama, les a laissés dans un endroit sacré et ils doivent y rester", a déclaré Davi vendredi (12/11).
Une des flèches qui aurait été tirée par les guerriers Moxihatëtëma, a été collectée par un jeune indigène, attiré par des mineurs dans la région de l'Alto Mucajaí. Il a été témoin de l'épisode de violence. L'objet, conservé dans une communauté de la région d'Apiaú, a été emmené à Boa Vista comme preuve de l'attaque des groupes isolés.
Selon les informations d'un indigène de la région d'Apiaú, dans la municipalité de Mucajaí, qui a contacté l'association Hutukara au début du mois, trois membres indigènes du groupe isolé Moxihatëtëma ont été abattus par des mineurs lors d'une attaque survenue il y a trois mois près de l'exploitation minière "Faixa Preta", en terre indigène yanomami.
"Cette flèche est unique, ils l'utilisent pour tuer le gibier et pour se nourrir. Ils l'utilisent également pour se protéger en cas de guerre. C'est une longue flèche, bien plus grande que moi. Ils utilisent une plume de mutum [oiseau] sur la pointe de la flèche et la brûlent avec du feu, de sorte que le tir va très loin pour attraper le gibier", a expliqué Davi au procureur en manipulant l'objet.
Pour Marugal, la flèche est une pièce importante dans l'enquête sur les faits, car elle permet de comprendre la dynamique du conflit dans la région d'Apiaú. "Sans aucun doute, il est important pour nous d'essayer de comprendre ce qui s'est passé. Nous n'avons que des rapports indirects de ce conflit et cette flèche des groupes isolés vient composer le matériel probatoire dont nous disposons pour enquêter sur ces faits", a-t-il déclaré. Le procureur a également déclaré qu'une stratégie est en cours d'élaboration avec la police fédérale et la Fondation nationale indienne (FUNAI) pour faire avancer les enquêtes.
Lors de la réunion, Davi a évoqué la nécessité d'unir le MPF et la police fédérale afin que les opérations de lutte et d'expulsion des mineurs se déroulent en permanence sur l'ensemble du territoire indigène yanomami, avec une urgence particulière dans la région du territoire des Moxihatëtëma.
"Nous sommes le peuple qu'Omama a créé et préparé. Omama a créé les xapiri [esprits de la forêt dans la cosmovision yanomami] et nous prenons soin de notre santé, de notre famille et de notre peuple. Nous prenons également soin et protégeons les poumons de la terre. Les xapiri des Moxihatëtëma veillent sur la grande âme de la forêt, tout comme je suis xapiri et nous veillons sur la vague du monde pour ne pas la laisser se déséquilibrer. Nous protégeons notre Terre Mère", dit le chaman.
Isolés
La terre indigène Yanomami compte huit dossiers de groupes indigènes en isolement volontaire, dont un a été confirmé, un est à l'étude et les six autres sont en phase d'information. Le groupe confirmé, connu sous le nom de Moxihatëtëma, vit dans la Serra da Estrutura (Montagnes), une région très proche des zones minières situées à quelques kilomètres de leur village.
Télécharger le livre Cercos e resistências: povos indígenas isolados na Amazônia brasileira. https://acervo.socioambiental.org/acervo/publicacoes-isa/cercos-e-resistencias-povos-indigenas-isolados-na-amazonia-brasileira
Les récentes dislocations de ce groupe, qui se rapproche de ses ennemis traditionnels, sont probablement liées à l'intensification de l'activité minière et à l'invasion conséquente de leur territoire traditionnel. Le contact forcé avec les mineurs peut entraîner le génocide du groupe isolé, à la suite d'un conflit armé et de la propagation de maladies infectieuses jusque-là inconnues.
Pour les Yanomami, la forêt, qui dans leur langue maternelle signifie "urihi", n'est pas seulement un espace d'exploitation économique mais une entité vivante, faisant partie d'une dynamique cosmologique complexe d'échanges entre humains et non-humains - aujourd'hui menacée par la prédation des non-Indiens.
Le président de Hutukara, Davi Kopenawa Yanomami, a déclaré dans " La chute du ciel : paroles d'un chaman yanomami " (Companhia das Letras, 2015) que " la forêt-terre ne peut mourir que si elle est détruite par les Blancs ". Alors les ruisseaux disparaîtront, la terre deviendra friable, les arbres se dessécheront et les pierres des montagnes se fendront sous l'effet de la chaleur. Les esprits xapiripë, qui vivent dans les montagnes et jouent dans la forêt, finiront par fuir. Leurs parents, les chamans, ne pourront plus faire appel à eux pour nous protéger. La forêt deviendra sèche et vide. Les chamans ne seront plus en mesure d'arrêter les épidémies de fumée et les êtres maléfiques qui nous rendent malades. Ainsi, tout le monde va mourir".
traduction caro d'un article paru sur le site de l'ISA le 17/11/2021
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Flecha de indígenas isolados é entregue ao MPF-RR como indício de massacre na Terra Yanomami
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