Pérou : La patience est à bout. Les autochtones arrivent dans la capitale pour protester

Publié le 19 Octobre 2021

Plus de deux mois après le début du gouvernement de Pedro Castillo, les peuples indigènes de différentes parties de la région amazonienne se sont unis pour exiger de l'État des actions concrètes en réponse à la situation d'urgence dans leurs communautés, qui sont en proie au trafic de drogue, aux invasions, à l'exploitation minière et au trafic de terres.

La patience est à bout. Les peuples indigènes arrivent dans la capitale pour une série de manifestations.

Par Ivan Brehaut*

18 octobre 2021 - Une soixantaine de représentants des peuples Shipibo, Cacataibo, Asháninka et d'autres peuples indigènes de la selva péruvienne centrale sont arrivés à Lima pour une série de sit-in et de manifestations dans différents quartiers de la capitale afin de dénoncer l'invasion physique de leurs territoires ancestraux par les trafiquants de drogue, qui transforment la frontière entre Huánuco, Ucayali, Junín et Pasco en un nouveau foyer de production, de traitement et de transport de cocaïne.

À la tête de la délégation se trouve Berlin Diques, président du conseil d'administration de l'ORAU et l'un des leaders les plus visibles de la lutte des peuples autochtones contre les multiples menaces qui pèsent sur eux.

Diques, comme plusieurs autres dirigeants indigènes d'Ucayali, Huánuco et Junín, a reçu de nombreuses menaces de mort. Certaines de ces menaces ont été mises à exécution avec l'assassinat de près d'une douzaine de dirigeants autochtones et de nombreuses tentatives d'assassinat de plusieurs autres dirigeants communautaires.

La délégation en visite dans la capitale a exprimé son inquiétude quant aux possibles changements au sein de la présidence exécutive de Devida, car elle prévient que cela aggraverait encore plus la situation, car cela conduirait à un affaiblissement de l'éradication des cultures de feuilles de coca et, par conséquent, encouragerait la production de davantage de cultures illégales. Ils attendent du ministère de l'Intérieur des garanties que les opérations sur leurs territoires ne seront pas relâchées.

Au contraire, ils espèrent que le Premier ministre, Mirtha Vásquez, renforcera DEVIDA et commencera à travailler en étroite collaboration avec les communautés indigènes qui résistent à la violence des trafiquants de drogue qui les envahissent, profitant de l'absence de sécurité juridique dont ils disposent sur leurs terres.

A cet égard, ils espèrent que leurs propositions sur la manière de débloquer un financement millionnaire accordé par la Banque interaméricaine de développement (BID) au Pérou pour la titularisation des communautés indigènes seront entendues.

En effet, lors d'une réunion tenue il y a moins de quinze jours avec le ministre de l'agriculture, Víctor Mayta, celui-ci a annoncé que le projet ne serait plus mis en œuvre et qu'ils devraient attendre sa refonte complète, ce qui pourrait prendre des années, alors que les invasions des narcotrafiquants se poursuivent.

C'est pourquoi les communautés indigènes ont demandé une réunion d'urgence avec le Premier ministre, afin d'obtenir de véritables accords et d'exiger une solution concrète à la crise humanitaire dans leurs communautés d'origine, qui subissent des menaces constantes, de graves agressions physiques et des enlèvements de la part des groupes de trafiquants de drogue.

La délégation organisera une manifestation à partir de 7h00 le mardi 19 de ce mois, devant le Ministère de la Justice.

---
* Ivan Brehaut se décrit comme un journaliste et un voyageur, en apprentissage permanent. Ses motivations : la photographie, la science, l'humanité. @IvanBrehaut

----
Source : Publié sur le portail Lamula.pe :  https://ibrehaut.lamula.pe/2021/10/18/se-va-acabando-la-paciencia/ibrehaut/

traduction caro d'un article paru sur Servindi.org le 18/10/2021

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article