Colombie : Jusqu'à ce que la dignité devienne une habitude

Publié le 15 Octobre 2021

par comunicaONIC 

Bogotá 12 octobre 2021

Communiqué des jeunes grévistes du peuple Wayuu et Afro de La Guajira.
A l'occasion de la commémoration de la journée de la résistance, notre peuple, pour lequel nos frères et sœurs indigènes et afro ont donné leur vie dans la conquête de la liberté aujourd'hui subissent une seconde colonisation, une nouvelle forme d'esclavage et de servitude qui exploite notre territoire et nos communautés, les soumettant au joug de la pauvreté et de la misère.    

Quatre-vingt-dix pour cent de l'énergie non conventionnelle du pays sera produite à La Guajira avec soixante parcs éoliens, de l'énergie solaire et de l'hydrogène vert, une annonce faite par le président Duque à l'Assemblée générale des Nations unies, montrant notre transition énergétique comme un exemple pour le monde, mais la lutte contre le changement climatique, en principe, il s'agit de la défense de la vie elle-même. On ne peut pas sauver le climat de la planète si l'on ne peut pas empêcher les enfants de mourir dans les mêmes territoires où l'exploitation invasive des énergies non conventionnelles (éolienne, solaire, hydrogène vert) et des combustibles fossiles (pétrole, gaz et charbon) a été et sera mise en place. Alors que les 16 premiers parcs éoliens sont en cours d'installation, des centaines de communautés ne sont pas conscientes des impacts socio-environnementaux de la transition énergétique. De son côté, le gouvernement national est réticent à publier des copies des 750 consultations préalables menées à ce jour. Et dans de nombreux cas, les communautés n'ont pas eu de conseillers pour garantir que les accords passés avec les multinationales puissent réellement bénéficier au territoire, et dans la plupart des cas, il n'y a même pas eu d'accompagnement du ministère public. Ceux qui seront accompagnés seront les multinationales avec la militarisation absolue du territoire qui a déjà commencé.   

Dans ce même territoire, la cour constitutionnelle dans la sentence T-302 de 2017 a émis des ordres concrets pour arrêter la mort par la faim et la soif des enfants du peuple Wayuu, cependant, la cruelle réalité est que le génocide ethnique continue parce qu'à ce jour, selon les données officielles, 5 320 filles et jeunes filles sont mortes et il y en a actuellement 16 000 en état de malnutrition ; des vies qui risquent d'être éteintes pour toujours, par l'oubli d'un gouvernement qui les condamne dès le ventre de leur mère à la faim et à la soif. Dans le département de la Guajira, dans 5 écoles sur 10, les enfants doivent faire leurs besoins à l'extérieur et dans 29 % d'entre elles, ils doivent boire l'eau des jagueyes. Nous vivons dans un département où sévissent la malnutrition et la mortalité infantile. Pauvreté monétaire à La Guajira, où seuls 79 élèves sur 100 bénéficient du PAE. Les enfants de La Guajira sont condamnés à parcourir de longues distances à pied pour accéder à l'éducation, à recevoir des cours sous des trupillos et à s'asseoir à même le sol.  De même, sur 100 enfants qui terminent l'école secondaire à La Guajira, seuls 5 d'entre eux ont accès à l'enseignement supérieur.  

Si nous parlons du droit au minimum vital de l'eau dans La Guajira, c'est encore un rêve inaccessible parce que dans le territoire rural dispersé où vivent les indigènes et les Afro, la couverture de l'eau n'atteindra que 15 % en 2021 et dans les territoires urbains elle n'est ni potable ni permanente 24 heures sur 24. D'autre part, la santé dans La Guajira est en crise parce que ses hôpitaux sont en faillite et la santé comme droit fondamental n'est que le privilège de quelques-uns dans un système qui préfère le capital à la vie humaine.

 Les prix du carburant, bien qu'il s'agisse d'un territoire frontalier en crise sociale et économique, sont extrêmement élevés par rapport à des départements comme Cesar, Norte de Santander et Nariño, qui reçoivent 80 % des bénéfices pour ces territoires, bien qu'ils soient dans de très bonnes conditions de développement économique ; pendant ce temps, la Guajira, avec une pauvreté monétaire de 66 %, ne reçoit que 5,9 % des quotas et doit souffrir de la hausse excessive des prix non seulement du carburant mais aussi du panier de la ménagère.

Il y a un an, le président Duque a annoncé en grande pompe à la région des Caraïbes colombiennes que l'ère de l'infâme electricaribe était enfin révolue, que la solution à tous les problèmes de services énergétiques serait AIRE. Un an plus tard, la réalité est différente. La nouvelle entreprise a augmenté le coût des tarifs dans les départements de La Guajira, Magdalena et Atlántico. À ce jour, le kilowattheure qui valait 497 pesos en octobre de l'année dernière vaut désormais 761 pesos, soit une augmentation de 53 %. Dans un département comme la Guajira, qui produira l'année prochaine plus de 12 % de l'énergie du pays en tant que quota de départ jusqu'à ce que nous devenions la matrice énergétique de la nation, il n'est pas juste que nous devions payer des factures aussi élevées sans aucun taux différentiel pour être producteur et, pire encore, la majeure partie du territoire n'est même pas connectée au système énergétique.

C'est pourquoi nous nous battons... Aujourd'hui, nous sommes inspirés par les milliers de frères et de sœurs qui ont résisté et se sont battus siècles après siècles pour conquérir le droit humain d'être libre, ces visages et ces forces nous encouragent. Nous sommes des indigènes et des noirs qui luttent au bord de l'histoire pour une nouvelle conquête de la liberté, qui résistent aux formes modernes d'esclavage, blindés de dignité et de conscience, armés de l'espoir qu'un jour la vie humaine sera universellement respectée et valorisée.

Nous, les afros et les indigènes qui luttent aujourd'hui, sommes les mêmes qui ont lutté hier, et comme le printemps, notre force renaîtra, et avec la résistance, tôt ou tard, nous gagnerons.

NOUS REFUSONS D'ABANDONNER
JUSQU'À CE QUE LA DIGNITÉ DEVIENNE UNE HABITUDE.

Traduction caro d'un communiqué paru sur le site de l'ONIC le 12/10/2021

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