Brésil : "Sans les peuples indigènes, traditionnels, quilombolas et riverains, aucun pays n'évitera le réchauffement climatique", prévient Angela Mendes à l'ONU
Publié le 11 Octobre 2021
Dans une déclaration commune, Angela Mendes a fait part des plaintes de trente-sept organisations lors de la 48e session du Conseil des droits de l'homme des Nations unies.
Terre indigène Baixo Marmelos, dans les municipalités de Manicoré et Humaitá/AM. Photo : Guilherme Cavalli/Cimi
Lundi matin dernier, le 4 octobre, dans une déclaration conjointe d'organisations autochtones, indigènes, environnementales et de défense des droits de l'homme, Angela Mendes, fille du leader extractiviste Chico Mendes, a défendu la reconnaissance du droit à un environnement sain et la création d'un mandat spécial sur le changement climatique et les droits de l'homme.
La manifestation a eu lieu lors d'un débat général, au cours de la 48e session du Conseil des droits de l'homme (CDH) des Nations unies (ONU). Parmi les organisations signataires de la déclaration commune figurent : l'Articulation des peuples indigènes du Brésil (Apib) ; le Collectif Alerte France Brésil / MD18 ; le Comité Chico Mendes ; le Conseil indigène du Roraima (CIR) ; le Conseil missionnaire indigène (CIMI) ; Human Rights Watch ; l'Institut socio-environnemental (ISA) ; l'Association du barreau brésilien (OAB) ; Plataforma Dhesca Brasil ; Terra de Direitos ; et l'Association brésilienne des lesbiennes, gays, bisexuels, travestis, transsexuels et intersexes (ABGLT).
"Angela Mendes a plaidé pour la reconnaissance du droit à un environnement sain et la création d'un mandat spécial sur le changement climatique et les droits de l'homme".
Le débat général sur le point 8 de l'ordre du jour du Conseil des droits de l'homme des Nations unies porte sur le suivi et la mise en œuvre de la déclaration et du programme d'action de Vienne de 1993. Les organisations qui ont adhéré à la déclaration ont défendu la reconnaissance de l'environnement comme un droit de l'homme et la création d'un mandat spécial sur le changement climatique et les droits de l'homme.
Angela Mendes, représentant également le comité Chico Mendes, déclare :
"La création d'un mandat spécial sur le changement climatique rassemblera des concepts encore éloignés tels que les droits, le climat, la conservation, le genre et la participation égale, servant de plateforme pour l'autonomisation globale des secteurs les plus touchés par la crise climatique", dit-elle.
Il existe des expériences interaméricaines qui reconnaissent le droit à un environnement sain, également reconnu par 156 pays, dont la Constitution du Brésil, en termes individuels, collectifs et diffus.
L'avis consultatif n° 23 de 2017 (OC-23/17), mis en évidence par la Cour interaméricaine des droits de l'homme (Cour IDH), mentionne le développement du concept et l'analyse plus détaillée du droit à un environnement sain/équilibré à la lumière de la Convention américaine des droits de l'homme (CADH), spécifiquement dans l'art.26, combiné avec ce qui est prévu dans l'art.11 du Protocole de San Salvador, au sujet des droits économiques, sociaux et culturels.
Autre préoccupation abordée : les objectifs de développement durable (ODD), adoptés lors du sommet des Nations unies sur le développement durable en septembre 2015. L'agenda se compose de 17 objectifs et 169 cibles à atteindre d'ici 2030.
Au Brésil, le rôle actif des peuples indigènes, traditionnels, quilombolas et riverains dans la conservation de la température globale, qui les classe parmi les agents du changement, est indispensable. "Sans eux, aucun pays ne pourra atteindre les objectifs de développement durable ou prévenir le réchauffement climatique", a prévenu Mme Mendes.
À cette occasion, un appel a également été lancé aux membres du Conseil des droits de l'homme des Nations unies pour qu'ils approuvent les projets de résolution respectifs qui seront présentés à la fin de cette 48e session.
/image%2F0566266%2F20211011%2Fob_ca39e1_d72a6573-2.jpg)
Terre indigène Karipuna. Photo : Tiago Miotto/Cimi
Position du gouvernement brésilien sur la question du racisme environnemental
Le représentant du gouvernement brésilien, lors du dialogue interactif avec le groupe de travail du Conseil sur les personnes afrodescendantes, a contesté l'utilisation du terme "racisme environnemental" par les Nations unies. Le sujet du racisme environnemental était au centre de l'étude de ce groupe de travail lors de la présente session. En réponse au GT, la délégation brésilienne a fait des commentaires :
"Nous constatons que le soi-disant racisme environnemental n'est pas une terminologie reconnue internationalement", a déconcerté le représentant d'Itamaraty. "Pour le Brésil, la discussion sur la relation entre les problèmes environnementaux et les questions sociales, telles que le racisme, doit prendre en considération une approche équilibrée et intégrée de la dimension sociale, économique et environnementale", a-t-il ajouté.
Pour sa part, l'ONU a indiqué que "la race a été utilisée pour normaliser l'exploitation et la négligence, ouvrant des possibilités de générer des profits aux dépens de la vie, des ressources et des terres des peuples", à travers le rapport qui a servi de base au débat général de la 48e session du CDH de l'entité. Il est important de rappeler que le rapport de l'ONU utilise le cas des communautés quilombolas au Brésil comme un exemple de racisme environnemental.
/image%2F0566266%2F20211011%2Fob_b27952_132a2118.jpg)
1ère rencontre des jeunes Xakriabá. août 2017. Photo : Guilherme Cavalli/Cimi
Comme l'ONU, le Cimi comprend que le racisme est structurel et, par conséquent, multiforme dans diverses sphères sociales. Le racisme environnemental est un exemple qui montre que cette question ne peut être discutée de manière isolée, puisqu'il se manifeste à la fois au niveau national et international. Au Brésil, il affecte directement les territoires et la vie des peuples indigènes, des communautés traditionnelles, des quilombolas et des habitants des rives.
Le cadre temporel lui-même peut être considéré dans le contexte du racisme environnemental, car il empêche les peuples autochtones d'exercer leurs droits fondamentaux de manière traditionnelle, en relation avec la nature et les ressources naturelles adjacentes, en les dépouillant du caractère fondamental de l'ascendance et en limitant leurs droits à 1988.
/image%2F0566266%2F20211011%2Fob_1d2a92_84503038-2618584698249846-502533147543.jpg)
Les peuples autochtones réaffirment leur position contre le cadre temporel. Photo : Tiago Miotto/Cimi
La déclaration du gouvernement brésilien intervient à la veille de la Conférence des Nations unies sur le changement climatique 2021, la COP-26, prévue du 31 octobre au 12 novembre à Glasgow, en Écosse. Selon l'Articulation des peuples indigènes du Brésil (Apib), les dirigeants aborderont des questions telles que le repère temporel, la démarcation des territoires, l'augmentation de la déforestation au Brésil et le manque de politiques publiques pour protéger les territoires.
Consultez le texte intégral de la déclaration commune :
Déclaration commune, débat général lors de la 48ème session du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies.
Angela Mendes
Du Comité Chico Mendes, dans une déclaration commune de 36 organisations
04 octobre 2021
Madame la Présidente,
Nous soutenons deux initiatives importantes entreprises au cours de la présente session : la reconnaissance du droit à un environnement sain et la création d'un mandat spécial sur le changement climatique et les droits de l'homme.
De l'expérience interaméricaine, on peut citer l'avis consultatif 23/17 et l'article 11 du Protocole de San Salvador qui reconnaissent le droit à un environnement sain, qui est également reconnu par 156 pays, dont la Constitution du Brésil, en termes individuels, collectifs et diffus.
La création d'un mandat spécial sur le changement climatique permettra de réunir des concepts encore éloignés tels que les droits, le climat, la conservation, le genre et l'égalité de participation, servant de plateforme pour l'autonomisation globale des secteurs les plus touchés par la crise climatique.
Nous ne saurions oublier, dans l'esprit des ODD, le rôle actif des peuples autochtones, traditionnels, quilombolas et riverains dans la conservation de la température globale, ce qui les classe parmi les agents du changement, sans lesquels aucun pays n'atteindra les objectifs du développement durable ni ne préviendra le réchauffement climatique.
Nous appelons les membres du Conseil à approuver les projets de résolution respectifs qui seront présentés à la fin de cette session.
Merci beaucoup.
Organisations signataires
ABGLT – Associação Brasileira de Lésbicas, Gays, Bissexuais, Travestis, Transexuais e Intersexos
Amazon Rebellion / UK
Amnesty International
Articulação dos Povos Indígenas do Brasil – Apib
Articulação para o Monitoramento dos Direitos Humanos no Brasil
Articulações dos Povos e Organizações Indígenas do Nordeste, Minas Gerais e Espírito Santo
Associação Juízes para a Democracia – AJD
Centro pela Justiça e o Direito Internacional – CEJIL
Coletivo Brasil-Montréal
Coletivo Grito
Coletivo Por Um Brasil Democrático – Los Angeles
Coletivo Taoca
Collectif Alerte France Brésil / MD18
Comissão Regional de Justiça e Paz de Mato Grosso do Sul – CRJPMS
Comitê Belgo Brasileiro (CBB) Asbl
Comitê Chico Mendes
Comitê Italiano Lula Livre
Comitê Latino Americano e do Caribe pelos Direitos da Mulher – Cladem Brasil
Conselho do Povo Terena
Conselho Indígena de Roraima – CIR
Conselho Indigenista Missionário – CIMI
Conselho pela Democracia no Brasília, Zurique
Criola
Defend Democracy in Brazil Committee NY
Human Rights Watch
Instituto De Pesquisa e Formação Indígena – Iepé
Instituto Brasileiro de Análises Sociais e Econômicas – Ibase
Instituto Brasileiro de Direitos Humanos – IBDH
Instituto de Desenvolvimento e Direitos Humanos – IDDH
Instituto Socioambiental – ISA
Maré Socioambiental
Movimento Nacional de Direitos Humanos – MNDH Brasil
Ordem dos Advogados do Brasil – Seccional Bahia
Ordem dos Advogados do Brasil – Conselho Federal
Paz, Educação Ambiental e Consciência Ecológica – PEACE
Plataforma Dhesca Brasil
Terra de Direitos
traduction carolita d'un article paru sur le site du CIMI le 05/10/2021