Brésil : Les Quilombolas

Publié le 12 Novembre 2021

Quilombo do Vão de Almas, Cavalcante-GO, 14/05/2014. Dona Domingas Francisco Maia prépare un repas pour sa petite-fille Gabryela Fernandes Pereira. Photo : Sergio Amaral/MDS Por Ministério do Desenvolvimento Social - Quilombo em Cavalcante, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=67284348

 

Les quilombolas sont les descendants des communautés formées par des esclaves en fuite dans des quilombos entre le XVIe siècle et 1888 , date de l’abolition de l’esclavage au Brésil.

Les quilombos étaient des sociétés organisées qui plantaient ce sont ils avaient besoin pour se nourrir, qui avaient une hiérarchie et qui étaient libres de manifester leurs croyances et culture.

Les communautés rémanentes quilombolas sont la concrétisation des réalisations de la communauté afrodescendante au Brésil, fruit de diverses résistances héroïques au modèle esclavagiste et d’oppression établi dans le Brésil colonial et de la reconnaissance de cette injustice historique.

L’esclavage est resté en vigueur au Brésil jusqu’en 1888.

Il est responsable de l’entrée de plus 3,5 millions de prisonniers, hommes et femmes, en provenance du continent africain. Il y a cependant des divergences sur le chiffre avancé.

En 1988, le gouvernement brésilien reconnaît la légitimité des communautés rémanentes quilombolas et leur ouvre un espace juridique qui leur permettra de lutter pour la possession juridique de leurs terres.

Les rémanents des quilombos sont définis comme des groupes ethniques raciaux ayant leur propre trajectoire historique, dotés de relations spécifiques avec une ascendance noire présumée liée à la résistance à l’oppression subie.

La communauté rémanente quilombola est une catégorie sociale assez récente représentant une force sociale importante dans les zones rurales du Brésil. Cette dénomination donne un sens nouveau à ce que l’on appelait autrefois les communautés noires rurales dans le centre, le sud et le sud-est du Brésil et terres noires dans le nord et le nord-est du Brésil.

Avec le décret 4887/2003 du président Luiz Inácio Lula da Silva, ces populations se sont vu accorder le droit à l’autodétermination comme unique critère d’identification des communautés quilombolas sur la base de la convention 169 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) qui prévoit le droit à l’autodétermination des peuples indigènes et tribaux.

De nos jours, les quilombolas souffrent de conditions d’accès aux soins et à l’éducation de même leurs conditions de vie sont pour la plupart très précaires.

Sur le mot quilombo

Il proviendrait de kilombo, mot parlé par les peuples bantous d’Angola qui désigne un lieu de débarquement ou de campement. Les campements servaient aux peuples nomades africains de lieux de repos dans leurs longs voyages.

Dans le Brésil colonial, le mot quilombo désigne un lieu de refuge des esclaves marrons, c’est-à-dire en fuite.

Celui qui habite le quilombo est un quilombola.

Selon le site de la CONAQ quilombo provient d’un mot en langue africaine qui est quimbunco = société formé par de jeunes guerriers qui appartiennent à des groupes ethniques détachés de leurs communautés.

L’origine commune des quilombolas est l’ascendance africaine des esclaves noirs fuyant la cruauté des esclavagistes, se réfugiant dans les bois.

Petit à petit des fugitifs se rassemblent et forment des tribus.

Plus tard des indigènes, des blancs et des métis commencent à vivre dans les quilombos, ils restent cependant une minorité.

Carte de la capitainerie de Pernambouc avec la représentation du quilombo de Palmares faite par peintre hollandais Frans Post en 1647 source

Le quilombo le plus réputé et le plus connu du Brésil et hors Brésil est le Quilombo de Palmares, formé par un groupe de 10 quilombos rapprochés avec une population d’environ 20.000 personnes au 17e siècle.

Les communautés quilombolas résistent à l’urbanisation et essaient dans la mesure du possible de préserver leur mode de vie simple, au contact avec la nature, ce qui n’empêche pas la précarité.

Quilombolas et indigènes

Il existe une proximité culturelle générale entre les quilombolas et les indigènes. Ces populations vivent de façon simple et intégrée dans la nature. Leur subsistance est assurée par la terre et le territoire. Avec l’avancée de l’urbanisation, de l’agro-industrie et de l’extractivisme non durable, leur mode de vie communautaire est en danger.

Les chiffres

Nombre de personnes estimé : 1,3 millions

1209 communautés certifiées

143 zones avec des terrains titrés

Etats avec le plus grand nombre de quilombos

Bahía 229

Maranhão 112

Minas Gerais 89

Pará 81

 

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Les femmes et leurs luttes

Les femmes accumulent des taches tout au long de leur vie, les fonctions de mère ou non, de responsable du foyer, de soin du champ, des animaux, de casser des noix de coco, de griller de la farine ou de faire du charbon de bois, dans le labeur quotidien des tâches ménagères, de prendre soin de la famille, de travailler dans le commerce, dans la santé, dans l'éducation, d'étudier. En bref, le cumul des fonctions dans la tâche quotidienne qu'est être une femme.

La violence qu'elles subissent est une violence pour le fait d'être des femmes, c'est la première violence.  La violence peut être physique, morale, psychologique. Les innombrables formes de violence qui affectent les femmes quilombolas sont vécues sur leur propre territoire, impliquant : la famille, l'environnement, la religiosité, le racisme institutionnel. La violence domestique est l'un des principaux problèmes des communautés, et elles restent fermes en la dénonçant toujours !

LE PROTAGONISME DES FEMMES QUILOMBOLAS

Por Eduard Hildebrandt - 9wHKB1WK3bIHlQ at Google Cultural Institute maximum zoom level, Domínio público, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=21939512

 

Exemples de quilombos

 

Quilombo Caiana dos Crioulos

 

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Il est situé dans la zone rurale d’Alagoas grande dans l’état de Paraiba.

Population : 522 personnes (2007)

Le territoire est délimité le 5 octobre 2018 par l’Institut National pour la Colonisation et la Réforme Agraire INCRA.

C’est un des 13 quilombos brésiliens « légitimes ».

90 % des habitants est d’ascendance africaine.

Ressources : cultures vivrières, manioc, igname, patates douces, élevage, culture fruitière.

Le coco de roda

C’est une danse en cercle rythmée de la région du nordeste brésilien qui a fait son apparition au moment des moulins à sucre de l’ancienne capitania de Pernambouco. On y reconnaît l’influence des tambours africains et des danses indigènes.

Quatre instruments produisent le son particulier de cette danse : ganza, surdo, tambourin et triangle.

Le coco de roda est dansé par les cirandeiras donnant à cet évènement une importance pour le territoire.

roda de coco à Olinda, pernambouco Por Anizio (Olinda) da Silva - Flickr, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=78113206

 

Le quilombo de Mola

 

Il est situé dans l’état du Pará, par le passé ce quilombo était une cité-état quilombola connue comme une république.

Les figures principales étaient les dirigeantes Felipa Maria Aranha et Maria Luiza Piriá. Le quilombo était formé à ces débuts de 300 noirs, il y avait un haut niveau d’organisation (code civil, force de police, système de représentation directe).

Jusqu’au début du XXe siècle, il formait avec les quilombos voisins Laguinho-Tomásia, Boa Esperança et Porto Alegre une entité politico-militaire nommée Confederação do Itapocu qui résista à plusieurs incursions des maîtres esclavagistes et aux troupes portugaises.

Même quand ils seront reconnus sujets de la couronne par le Portugal, ils subiront des persécutions des forces officielles pendant l’empire brésilien. La crainte d’une émergence de nouveaux quilombos tels que Mola a conduit l’état brésilien a construire les forteresses de Nossa Senhira de Nazaré e Pedermeiras en 1781 (actuelle Tucurui) et la forteresse de São João do Araguai en 1797.

Le titre de domaine collectif du quilombo est obtenu en 2013.

Education

L’éducation de ces communautés est très précaire. Les installations scolaires sont inadéquates, les conditions sanitaires inadaptées, il n’y pas d’eau courante dans la plupart des quilombos, les écoles sont souvent peu accessibles et éloignées, les professeurs n’ont pas de formation adéquate pour enseigner, les classes sont à multi niveau.

Pour en savoir plus, voici la traduction de la page de la CONAQ au sujet de l'EDUCATION QUILOMBOLA.

 

Jeunes quilombolas de la communauté Maria Joaquina, Cabo Frio, Rio de Janeiro.conaq

Une traduction

La jeunesse du Brésil est aussi quilombola

Traditions quilombolas

Le peuple du quilombo est un peuple heureux, qui aime la musique et la danse. Le chant est toujours présent dans sa vie quotidienne et lors de ses fêtes. Parmi les Quilombolas, il y a un grand nombre de chanteurs et de compositeurs, qui racontent dans leurs chansons la vie, la lutte et l'espoir de leur peuple.

Les fêtes dites traditionnelles sont le résultat de nombreuses influences : noires, indigènes et catholiques. Ainsi, par exemple, nous avons l'Aiuê de São Benedito dans la Communauté Jauari. Le mot aiuê, comme l'explique l'historien Eurípedes Funes, signifie fête en kimbundo. Organisée le 6 janvier, la fête est un hommage au saint patron de la communauté Jauari : São Benedito. La communauté y salue le saint et les richesses obtenues au cours de l'année. L'abondance est symbolisée par le mât érigé pour la fête, où sont attachés divers produits de la région. Au cours de la fête, des litanies sont chantées en latin, un savoir qui s'est transmis de génération en génération.

 

 no Rio de Janeiro do século XIX por Earle (Foto: Reprodução/Revista de História)

Parmi les danses considérées par les Quilombolas comme faisant partie de leur tradition figurent le lundum, la valse et la mazurka. Le violon est l'instrument qui accompagne ces danses. Une autre tradition est celle de la desfeiteira. Les différents couples dansent dans la salle et, lorsque la musique s'arrête, l'un des couples doit réciter un couplet. Cela continue jusqu'à ce que tous aient récité.

Mais les chansons traditionnelles ne sont pas les seules à faire partie du répertoire quilombola. En tant que personnes du Para, ils sont de grands amateurs de musique "brega", qui anime les soirées dansantes dans les communautés jusqu'à l'aube. Lors de ces fêtes, la musique du moment est jouée par des groupes de la région. Les jeunes d'Erepecuru ont formé le groupe "Encanto do Quilombo" qui a déjà acquis une certaine notoriété à Oriximiná.

Outre les fêtes, les loisirs des quilombolas comprennent également le football, pratiqué aussi bien par les hommes que par les femmes. Dans toutes les communautés, il existe un terrain pour la pratique de ce sport. Au cours de l'année, différents tournois sont organisés, dans lesquels s'affrontent des équipes de différentes communautés de la municipalité, composées de quilombolas et de non-quilombolas. Les autres divertissements sont les dominos, la télévision (dans les communautés qui disposent d'un générateur), les bavardages, les blagues et les chants. Il y a toujours une histoire à raconter et à se rappeler au milieu des rires.

(source de cette traduction)

 

Sourires de quilombolas de certaines régions

Quilombolas SAO PAULO Por agriculturasp - Geração de renda e desenvolvimento aos quilombolas paulistas, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=84243786

Femmes quilombolas du quilombo de Biritinga, BAHIA Por Ministério do Desenvolvimento Social - Quilombo Biritinga, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=67284266

 

kalunga, GOIAS Por Ministério do Desenvolvimento Social - Quilombo em Goiás, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=67284342

D. Raimunda Pereira est arrivée après avoir traversé le champ inondé du territoire Quilombola Sesmaria do Jardim, à Matinha, MARANHAO

Habitants traditionnels de la communauté Quilombola de São Domingos - Paracatu MINAS GERAIS

 

PARAIBA Por Centro de Educação Popular e Formação Social (CEPFS) - Obra do próprio, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=40855660

São José da Coroa Grande / Quilombo / PERNAMBOUCO Por Carol Gayao - Obra do próprio, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=39950644

Valença RIO DE JANEIRO Por Halley Pacheco de Oliveira - Obra do próprio, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=33016082

Quilombo Pelotas, RO GRANDE DO SUL Por Daniel Moraes - Obra do próprio, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=74463112

Fibres de bananier utilisées pour l'artisanat dans le quilombo d'Ivaporunduva, SAO PAULO Por O Instituto Socioambiental (ISA) - http://www.socioambiental.org/banco_imagens/pdfs/agenda.pdf, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=26306878

 

AMAZONIE Barreirinha

Formidables quilombolas

.........Quelques extraits d'articles qui figurent sur ce blog..........

Le réseau de semences Vale do Ribeira unit les familles quilombolas pour les forêts du futur

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Publié le 23 Octobre 2021 Instituto Socioambiental

Le travail de collecte implique les membres de la famille des participants qui, par un regard attentif, ont commencé à développer de nouvelles relations avec le territoire.

Le travail de collecte de graines forestières a changé la réalité de 42 quilombolas de Vale do Ribeira, dans le sud-est de l'État de São Paulo. Et a éveillé un sentiment d'intérêt collectif pour le monde.
Ce travail renforce les liens et permet aux Quilombolas de se reconnaître comme des agents importants de la restauration des forêts.
Ces familles font partie du réseau de semences de Vale do Ribeira.

Situé dans une région de forêt atlantique où 80 % de la forêt est encore préservée, le réseau de semences Vale do Ribeira collecte depuis quatre ans des semences dans les communautés quilombolas d'André Lopes, Bombas, Maria Rosa et Nhunguara, dans les municipalités d'Eldorado et d'Iporanga, dans l'État de São Paulo.
Les quilombolas de ces communautés maintiennent une tradition ancestrale de soin du territoire où ils vivent et font en sorte que d'autres localités puissent également être soignées en plantant ces graines.
Actuellement, 42 quilombolas participent au réseau et travaillent à la collecte, à la gestion et à la commercialisation des semences de la forêt atlantique - mais ce nombre est bien plus élevé. Le travail avec les semences n'implique pas seulement les personnes membres du réseau, mais aussi les conjoints, les fils et les filles - parmi les enfants, les adolescents et les adultes -, les belles-filles et les gendres, qui participent à une étape du parcours des semences, entre la collecte et la livraison finale.

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Pour la première fois, un livre écrit et illustré par des quilombolas inspire des activités dans les écoles de Vale do Ribeira (São Paulo)

 

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"Roça é Vida" présente, avec force et poésie, le travail collectif du système agricole traditionnel Quilombola, patrimoine immatériel du Brésil.
Écrit et illustré par des Quilombolas et Quilombados de Vale do Ribeira, dans le sud-ouest de São Paulo, le livre "Roça é Vida" a inspiré des activités scolaires pour les élèves du primaire et du secondaire à Eldorado (SP).

Cliquez ici pour télécharger le livre !

C'est la première fois qu'un livre conçu et publié par des quilombolas de la région est utilisé comme ressource didactique dans les écoles locales, résultat d'une alliance qui a réuni le conseil scolaire, la coordination pédagogique, les enseignants, les professeurs, les étudiants et les familles quilombolas.

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Les Quilombolas de Ribeira ont récolté plus d'une demi-tonne de graines de la forêt atlantique en 2020

Publié le 28 Septembre 2020

Les semences collectées et vendues par le réseau de semences de Vale do Ribeira contribuent à la reforestation du biome et à la création d'emplois et de revenus dans les communautés


En septembre, le Rede de Sementes do Vale do Ribeira (réseau de semences de la vallée de Ribeira) a organisé une autre livraison de semences de la forêt atlantique (Mata Atlantica). Grâce à cette action, un total de 590 kg de semences, de 80 espèces différentes, ont été vendues par les quilombolas du Réseau depuis le début de l'année. Les semences contribuent à la restauration de l'un des biomes les plus menacés de la planète et à la création de revenus et de travail dans les communautés de quilombos participantes.

João da Mota, du quilombo de Nhunguara, explique que travailler avec les graines est un revenu alternatif pour les jeunes de la communauté. "Le travail du réseau dans la forêt atlantique est bon parce que nous préservons la forêt sans faire de dégâts et que nous aidons d'autres endroits qui n'ont pas la graine. Nous en sommes heureux, car nous essayons d'aider le Brésil que nous aurons demain", a-t-il ajouté.

Les graines collectées sont utilisées dans des projets de reforestation avec plantation de muvuca ou vendues à des pépinières qui produisent des plants, principalement dans l'État de São Paulo, où le réseau a joué un rôle important dans la popularisation de la technique de la muvuca (pour en savoir plus, voir l'encadré). Les activités du réseau ont débuté en 2017 et aujourd'hui, 32 familles de quilombolas travaillent à la collecte et à la vente de semences dans quatre communautés de la vallée de Ribeira : Nhunguara, André Lopes, Maria Rosa et Bombas.

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SITE

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Les quilombos au Brésil : Lieux de résistance

Publié le 3 Septembre 2020

L'histoire des Quilombos est la lutte contre le racisme qui a structuré la société brésilienne depuis l'époque coloniale et se poursuit aujourd'hui. C'est aussi l'histoire du droit au territoire dans lequel leurs ancêtres, anciens esclaves, ont vécu.

L'histoire de la lutte pour la terre au Brésil remonte au XVIe siècle, lorsque la Couronne portugaise dominait le territoire brésilien. Avec le système esclavagiste, les grands domaines concentrés dans quelques mains ont tiré profit du travail d'esclave de millions de personnes d'Angola, de Guinée équatoriale, du Congo, du Mozambique et du Nigeria dans les plantations de café, de sucre ou de coton. Des peuples comme les Yorubá, les Kinbundu, les Kicongo, les Benguela, les Mina ont été déracinés de leurs terres et emmenés dans le Brésil colonial.

Le système esclavagiste des Amériques comptait environ douze millions d'esclaves. Le Brésil était l'endroit qui avait la plus grande population d'esclaves, on estime qu'environ 40% se sont retrouvés dans ce pays. Une des résistances au système esclavagiste s'est produite dans les quilombos, des espaces de résistance qui survivent jusqu'à aujourd'hui. À cette époque, les communautés quilombolas étaient composées de groupes d'esclaves, dont certains avaient réussi à s'échapper et à s'organiser dans des territoires normalement fertiles et isolés afin de survivre.

Les expériences ont été diverses, certains étaient petits et d'autres sont arrivés à avoir des milliers d'habitants. Selon l'ethnologue Edson Carneiro, "c'était la continuation de l'Afrique sur le sol brésilien". Ce phénomène ne s'est pas seulement produit au Brésil mais dans de nombreuses régions d'Amérique latine : les Cimarrones et les Garifunas en Amérique centrale, les Cumbes au Venezuela, les Palenques en Colombie et à Cuba.

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Tereza de Benguela : Sauver la lutte et la résistance des femmes noires

Publié le 19 Juillet 2021

Découvrez l'histoire et la force d'une quilombola qui est une référence pour le mouvement des femmes noires au Brésil

Par Marli Aguiar

Les femmes noires ont toujours joué un rôle fondamental dans la lutte pour la libération au Brésil. Cependant, parce que nous vivons dans une société patriarcale, raciste, sexiste et d’exclusion, cette présence et cette reconnaissance ont toujours été invisibles. Il est important de réaffirmer que nos pas et nos luttes viennent de loin. Nous parlons d’un long parcours de femmes noires qui ont fait de leur vie un exemple de lutte et de résistance et qui ont ouvert la voie au mouvement contemporain des femmes noires, contribuant aux mouvements féministes, et pour qu’elles soient reconnues dans les luttes sociales qui ne cessent de se développer.

Nous pourrions évoquer plusieurs noms de femmes noires, qui ont été et continuent d’être nos références, mais nous allons raconter l’histoire de l’une d’entre elles : Tereza de Benguela, la reine du Quilombo de Quariterê, dans le Mato Grosso. Le quilombo était situé dans la Serra dos Parecis, près de la rivière Guaporé et de la Vila Bela da Santísima Trindade. Entre les années 1752 et 1820, cette petite ville était la capitale de l’état. La découverte de richesses minérales dans la région du fleuve Guaporé a amené les colonisateurs portugais à occuper la région, assurant une expansion de la population blanche et conduisant également à l’esclavage des mains d’œuvre noires et autochtones.

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Foto : Sergio Amaral/MDS

Les Kalungas utilisent la cartographie numérique pour défendre leur territoire

Publié le 28 Mars 2021

 

Pour la première fois en 300 ans, le plus grand quilombo rémanant au Brésil a cartographié l'occupation et les ressources naturelles de son territoire grâce au géoréférencement.

Seule la moitié du territoire Kalunga a fait l'objet d'un titre officiel ; le reste vit à la merci des garimpeiros et des accapareurs de terres. La cartographie numérique aidera la communauté à reconnaître les zones sujettes aux invasions.

En février, le Programme des Nations unies pour l'environnement a reconnu le territoire de Kalunga comme le premier au Brésil à intégrer le réseau des territoires et zones conservés par les communautés autochtones et locales (TICCA).

Pour la première fois en 300 ans, le plus grand quilombo restant au Brésil connaît chaque centimètre de son territoire. Grâce à un projet de géoréférencement sans précédent, les Kalungas ont pu cartographier l'occupation, les ressources naturelles, les meilleures terres à cultiver et les zones menacées d'invasion des 262 000 hectares de la zone où ils vivent, dans le nord du Goiás.

Situé à proximité du parc national Chapada dos Veadeiros, le site du patrimoine historique et culturel de Kalunga occupe une étendue de Cerrado connue pour sa grande biodiversité et l'abondance de ses ressources naturelles. Le territoire de Kalunga compte pas moins de 879 sources, dont la plupart se jettent dans la rivière Paranã, l'un des affluents de la rivière Tocantins.

 

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Les quilombos

Publié le 23 Janvier 2016

 

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Communauté organisée d’esclaves ou de réfugiés au Brésil.

Du nom quilombo venant du kimbundu une langue bantoue d’Angola. En langue yoruba = abri.

Le mot désignait à la base les communautés regroupant les esclaves organisés mais à présent il désigne aussi bien les communautés que le lieu où elles vivent.

Dans les Guyanes et aux Antilles, les esclaves en fuite ont trouvé refuge dans la forêt et ont refondé des sociétés qui reprenaient leurs savoirs traditionnels, ce sont les noirs-marrons ou cimarrons.

Au Brésil, ce sont les quilombolas qui offrirent l’alternative nécessaire à ceux qui ne voulaient pas subir, qui voulaient reconstruire sur les bases de leurs traditions encore présentes.

Vers 1530 arrivent les premiers esclaves qui seront de suite fragmentés par volonté de ne pas permettre de cohésion et d’émulation au sein des propriétés et éviter ainsi toute révolte. Le colonisateur est judicieux et sait se mettre dans les poches tout ce qui va dans son sens.

Les premiers quilombos selon les historiens remontent à 1600/1630. A l’origine, ils regroupent peu de personnes, avec peu de possibilités en raison de leur état de fatigue, de maladie et de dénutrition. Les esclaves noirs ont probablement (je pense pour ma part que c’est vrai) été aidés dans leur fuite par les indiens.

[1], CC BY 3.0 br, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1390180

 

Le quilombo de Los Palmares et Zumbi

Le plus célèbre quilombo, Los Palmares se forme à cette période-ci dans la région montagneuse du Nordeste. C’est le quilombo du chef Zumbi qui est le plus connu des résistants esclaves. Il est situé sur une bande de terre de 40 km de large sur 120 km de long parallèle à la côte se situant entre les villes de Recife et d’Alagoas do Sul. La majorité des noirs qui composaient le quilombo Los palmares venaient d’Angola. Certains étaient métissés, il y avait aussi des indiens et des blancs déserteurs ou des paysans sans terres. Les quilombolas étaient regroupés en villages dont le plus grand était fortifié (Macaco).

Au milieu du XVIIe siècle, le quilombo de Palmares comptait plusieurs villages parmi lesquels :


Macaco - Dans la Serra da Barriga, 8000 habitants
Amaro - au Nord-Ouest de Serinhaém, 5000 habitants
Sucupira - à 80 km. de Macaco
Zumbi - au Nord-Ouest de Porto Calvo
Osenga - a 20 Km. de Macaco.

A cette époque, la population totale de Palmares, aurait atteint 20 000 habitants, soit 15 % de la population brésilienne.
Dans le Quilombo, la préservation d'une identité africaine constituait avec les coutumes, le ciment communautaire qui incitait au marronage d'innombrables esclaves des sucreries et plantations environnantes.

Zumbi sera tué lors du massacre de 1695 qui met fin à l’existence de ce quilombo. Son nom reste à jamais gravé dans la mémoire des luttes des noirs et des opprimés.

Des milliers de quilombos vont voir le jour dans le pays. Ils seront combattus, devront résister et certains arriveront à s’insérer dans le contexte social et économique de leur région.

La vie dans les quilombos était difficile, regroupant des personnes marginalisés, analphabètes mais avec en commun une culture vivante et forte.

[1], CC BY 3.0 br, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3253992

La constitution brésilienne du 5 octobre 1988 reconnaît les territoires des quilombos mais il faut bien admettre que seuls 5% d’entre eux ont été obtenus.

Une organisation existe pour défendre les droits des quilombos, il s’agit de la CONAQ.

Les quilombos regrouperaient entre 1.5 et 2 millions de membres avec leurs propres croyances africaines, leur culture créative dont l’une d’elle a donné la capoiera, leurs savoir-faire originaux, une mise en valeur de l’artisanat et une gestion durable des ressources forestières.

Ils restent malgré tout marginalisés avec un niveau de vie très bas.

Le problème rencontré comme pour les populations indigènes du Brésil est lié à la démarcation des territoires qui se heurte à la mise en application de la constitution. Ce sont, là encore, les oligarchies rurales et politiques qui font leur loi. Ceux-ci ont des intérêts à ne pas perdre avec entre autre l’agriculture intensive et la monoculture de canne à grande échelle pour fournir l’éthanol et ils n’ont pas envie de voir disparaître des terres pourtant qui appartiennent de base aux communautés.

Les quilombolas doivent alors se battre soutenus par des organisations de la société civile et parfois il y a des victoires à la clé comme cela à été le cas à Marambaia qui a obtenu en janvier 2010 une décision en sa faveur.

En 2006, il y avait 2146 zones recensées comme étant rémanentes de quilombos. 659 communautés avaient constitué un dossier pour faire valoir leurs droits, 67 ayant reçu un titre de propriété (10% des demandes).

Les territoires des quilombos ont une autonomie relative garantie par la loi, cette autonomie est soucieuse de conserver ses particularités structurantes.

Les surfaces que sont en droit d’obtenir les quilombos sont de 30 millions d’hectares. Sur 3000 communautés quilombolas, 11 ont un titre public en 2010, 44 sont menacées d’expropriation et d’expulsion, 3 ont reçu des titres de propriété en 2011.

Adelano Lázaro - Obra do próprio, Domínio público, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=15344404">Por Adelano Lázaro - Obra do próprio, Domínio público, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=15344404

 

Un cas en particulier, le quilombo de Kalunga

Situé dans l’état de Goias.

C’est un des quilombos les plus emblématiques qui a une histoire particulière car c’est une communauté qui a vécu en quasi-autarcie pendant presque deux siècles, avec des contacts sporadiques avec des commerçants des villes voisines. Il est « découvert » scientifiquement parlant en 1982. Il a une population importante, 7000 habitants. Les terres réclamées sont de l’ordre de 250.000 hectares.

En 1995, la fondation Palmares a émis un titre de propriété sur le territoire de Kalunga pour une zone couvrant environ 237.000 hectares, le déclarant par ailleurs zone historique et patrimoine culturel. Mais malgré tout, 50 fazendas occupent toujours les terres les plus fertiles comme il se doit. Les propriétaires des fazendas ne devant pas être indemnisés et étant sensés partir des terres ce sont mis à harceler les kalungeiros, leur interdisant de cultiver et de faire paître leurs bêtes sur des terres qu’ils jugent à eux. Les kalungeiros vivent donc dans la misère, la famine et sont devenus des parias sur leurs propres terres, sans parler des menaces de mort des fazendeiros.

leur site

Sources : peuples solidaires.org, risal infos, brasilpassion.com,uhem mesut.com

 

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casa de adobe. Sítio Histórico e Patrimônio Cultural Quilombo Kalunga. Município de Cavalcante/GO.

Articles complémentaires sur l'esclavage au Brésil

Sur ce blog, je publie régulièrement des informations que je traduis au sujet de l'actualité des quilombolas.

Avec cette catégorie, on peut les retrouver ou consulter les archives :

QUILOMBOLAS

sources : wikipedia, conaq, cocomagnanville, brasiescola

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Brésil, #Peuples originaires, #Afrodescendants, #Quilombolas

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