Argentine : Ni terroristes, ni violents
Publié le 28 Octobre 2021
Au vu des dernières nouvelles, on peut affirmer que ceux qui marchent dans l'histoire avec nous depuis un certain temps, aujourd'hui encore, ne savent pas qui ils ont à côté d'eux. Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts, beaucoup de douleur a accompagné (et accompagne encore) notre peuple, la terre, la culture, presque tout aux mains des autres, notre peuple, exclu de toute volonté politique, quel que soit le gouvernement au pouvoir.
Traités non respectés, promesses non tenues, même aujourd'hui. Nous ne sommes pas reconnus, nos aînés nous apprennent à ne pas ressentir de haine, que c'est une mauvaise énergie, qu'il faut être en équilibre, étant jeune il est très difficile de contenir cette tristesse, cette colère et souvent les actions ne sont pas cohérentes avec qui nous sommes vraiment.
Nous attendons toujours que nos frères et sœurs nous reconnaissent, qu'ils voient les erreurs de leurs prédécesseurs et qu'ils améliorent leur traitement à notre égard.
Les adjectifs salissent la mémoire de nos ancêtres, nous ne sommes ni terroristes, ni violents, nous apprenons dès le plus jeune âge à être en équilibre avec la ñuke mapu (terre mère), nous confions notre journée aux Nguenechen, chaque jour de notre vie est sacré, chaque action de la vie est sacrée, nos relations avec l'environnement sont basées sur le respect, nous demandons la permission, nous dialoguons avec les Nguen pour utiliser l'eau, consommer une plante ou extraire quelque chose de la nature mère, "l'important est d'être en équilibre" disent les grands-mères.
Nous sommes en faveur du dialogue, nous souffrons que différents médias continuent de parler de notre peuple de manière très désobligeante, qu'ils nous traitent comme des envahisseurs ou des usurpateurs alors que l'histoire met en lumière la vérité de ceux qui ont toujours été dans ces territoires, on ne peut pas ignorer ce qui s'est passé ici, la mal nommée "conquête du désert", l'intention d'extermination d'un État national qui a accueilli l'arrivée d'autres peuples après avoir presque exterminé le nôtre, même ainsi, nous savons toujours que ce que nous avons perdu, nous ne l'aurons presque plus jamais. Beaucoup de nos frères et sœurs sont dans les villes, loin de leur lieu d'origine, pour différentes raisons (travail, famille ou parce qu'ils y ont grandi), mais malgré cela, ils cherchent toujours à se rattacher à leur lof (l'environnement matériel et immatériel qui donne une identité à leur être), et même s'ils sont loin de leur lieu d'origine, ils parviennent à maintenir leur conviction.
Nous ne sommes pas inconscients de ce qui nous entoure, nous connaissons les intentions qui existent dans notre lof, nous ne faisons pas partie du problème, mais de la solution. Les médias (pas tous) se sont chargés dernièrement de diaboliser les Mapuches, ils essaient de transformer le mot Mapuche en synonyme de terrorisme, ils encouragent la haine de notre peuple, sachant qu'ils sont les formateurs de la pensée, ils utilisent les Mapuches comme bouc émissaire pour justifier la méchanceté des intérêts étrangers sur notre peuple. La classe politique, comme toujours, détourne le regard pendant que tout cela se passe.
Nous sommes les enfants de notre mère la terre, c'est pourquoi lorsque nous nous référons à nos pairs, nous disons peñi (frère) ou lanmien (sœur), haïssez-vous votre frère, lui souhaitez-vous du mal ? Notre vision du monde nous apprend à respecter et à nous éloigner de toute différence, mais en même temps, la chose la plus importante est le nehuén (énergie vitale) que non seulement nous avons, nous les humains, mais aussi tous les êtres de la nature, nous sommes tous frères et sœurs et de ce point de vue, nous sommes égaux.
Notre peuple ne fera jamais de mal aux autres, ni n'endommagera des choses appartenant à d'autres, et encore moins ne mettra le feu parce que dans cette action, ils perdent beaucoup plus que des choses matérielles, ils endommagent la nature, ceux qui agissent de cette façon n'agiront pas comme les anciens nous enseignent que nous devons agir, en tant que Mapuche nous devons honorer et respecter ce que les anciens nous disent. Nous ne sommes pas ce que les autres soulignent, nous ne sommes pas violents.
Ceux qui prétendent le contraire et insistent pour diaboliser notre peuple devraient d'abord voir qui sont leurs sources (d'information), ils devraient montrer des preuves solides pour justifier la façon dont ils englobent leur haine envers notre peuple. Comme toujours, nous serons là à attendre ceux qui veulent dialoguer, à attendre aussi ceux qui veulent s'excuser d'avoir blessé notre peuple avec leurs mots, d'avoir promu la haine envers notre peuple sans penser que nos enfants vivent avec les leurs dans la société, sans penser que leur haine contagieuse infecte une société qui construit sa pensée à partir de ce qu'elle voit et que, par hasard, ce sont eux qui possèdent les médias qui hégémonisent la vérité dans une seule perspective, celle de la haine.
Rien ne se construit à partir de la haine, la fraternité guide toute action, nous sommes une autre culture parmi les nombreuses qui habitent le territoire aujourd'hui, nous ne sommes pas leurs ennemis, nous sommes leurs frères et sœurs, nous sommes ici comme tout le monde, avec l'espoir de vivre dans un temps meilleur, loin de la haine et de la discrimination. Nous sommes là, marchons ensemble et travaillons tous ensemble pour un avenir meilleur, dans lequel les victoires appartiennent à tous et non à quelques-uns, dans lequel en regardant autour de nous nous reconnaissons nos frères et sœurs au battement de notre cœur, dans lequel il n'est pas nécessaire que d'autres nous disent qui aimer et qui ne pas aimer, dans lequel les faiseurs d'opinion demandent pardon pour avoir accompagné de mauvaises intentions envers les gens de notre nation.
Par Eduardo Pincén / El Orejiverde
Date : 25/10/2021
traduction carolita d'un article paru sur Elorejiverde le 25/10/2021