Pérou : Les chiffres effrayants de la déforestation

Photo : @hibueras2004/ Twitter

L'arrêt de la déforestation de la forêt amazonienne est une condition nécessaire et essentielle pour lutter contre le changement climatique, et cela doit commencer par la protection des défenseurs de l'environnement, en particulier de nos peuples autochtones. En outre, il est urgent que les gouvernements remplacent la rhétorique par des actions concrètes et efficaces : la ratification de l'accord d'Escazú fait partie de ces actions concrètes qui doivent être prises. 

Par José De Echave*

CooperAcción, 23 septembre 2021 - Un chiffre qui ne devrait pas passer inaperçu a récemment été publié : l'année dernière, au Pérou, 203 000 hectares ont été perdus en raison de la déforestation, qui continue de progresser. Alors que la moyenne historique des dernières décennies impliquait déjà une perte inquiétante de 150 000 hectares déboisés par an, en 2020 et au milieu de la pandémie, l'un des chiffres les plus élevés a été atteint.

Comme on peut le voir dans les graphiques suivants, nous sommes depuis plusieurs années dans le classement des pays ayant la plus grande perte de forêts primaires au monde, et les régions les plus touchées sont l'Amazonie.

Pays avec la plus grande perte de forêt primaire dans le monde

Au Pérou, perte de forêt en 2019 par département

Selon le rapport de Global Forest Watch, 11,9 millions d'hectares de forêts ont été perdus dans les tropiques l'année dernière, et un tiers de cette perte - 3,8 millions d'hectares - concernait des forêts primaires. Pas moins de neuf de ces points chauds de perte de forêts se trouvent en Amérique latine.

Il convient de noter que les forêts primaires ou forêts matures (celles où il n'y a pas eu d'intervention humaine dans un passé récent) sont cruciales pour la lutte contre le changement climatique, dans la mesure où elles sont non seulement importantes pour l'oxygène qu'elles fournissent et leur grande biodiversité, mais aussi parce qu'elles sont des puits de carbone naturels ayant une énorme capacité d'absorption du CO2 de l'atmosphère : "les forêts primaires stockent deux fois plus de carbone que les forêts non primaires" (1).

Les risques d'une perte définitive du biome amazonien augmentent et tous les indicateurs sont préoccupants : si jusqu'à très récemment la forêt amazonienne absorbait les émissions à l'origine du réchauffement de la planète et de la crise climatique, une étude récente montre que la forêt amazonienne produit plus d'un milliard de tonnes de dioxyde de carbone, soit beaucoup plus que ce qu'elle peut absorber (2). En bref, l'Amazonie ou certaines de ses parties sont devenues ou deviennent une source de CO2 plutôt qu'un puits, en grande partie à cause de la déforestation incontrôlée.

L'association avec la déforestation de la forêt amazonienne nous montre également un autre fait alarmant : le meurtre de défenseurs de l'environnement qui ont affronté diverses mafias qui contrôlent plusieurs activités illégales, telles que l'exploitation forestière, l'exploitation minière et le trafic de drogue. Toutes les tendances relevées dans le dernier rapport de Global Witness (3) sur les meurtres de défenseurs de l'environnement dans le monde sont également présentes au Pérou : une augmentation alarmante du nombre de meurtres ; les victimes sont principalement des indigènes amazoniens ; et le lien entre les meurtres et les activités illégales mentionnées ci-dessus, qui exercent une pression sur des territoires qui devraient être protégés par les autorités.

L'arrêt de la déforestation de la vaste forêt amazonienne est une condition nécessaire et essentielle pour lutter contre le changement climatique, et cela doit commencer par la protection des défenseurs de l'environnement, en particulier de nos peuples autochtones. En outre, il est urgent que les gouvernements de la région remplacent la rhétorique par des actions concrètes et efficaces : la ratification de l'accord d'Escazú fait partie de ces actions concrètes qui doivent être prises. Éviter l'effondrement du biome amazonien est un effort continental qui doit être étroitement coordonné par les 9 pays amazoniens.

Notes :

(1) Reportage de BBC Mundo.

(2) Étude publiée dans Frontiers in Forests and Global Change.

(3) Dernière ligne de défense : les industries à l'origine de la crise climatique et les attaques contre les défenseurs de la terre et de l'environnement. Rapport de Global Witness. 2021.

source d'origine https://cooperaccion.org.pe/las-terribles-cifras-de-la-deforestacion/

traduction carolita d'un article paru sur Servindi.org le 23/09/2021

Las terribles cifras de la deforestación

Detener la deforestación de la gran selva amazónica es una condición necesaria para combatir el cambio climático y se debe comenzar por proteger a los defensores ambientales, principalmente a ...

https://www.servindi.org/actualidad-opinion/23/09/2021/las-terribles-cifras-de-la-deforestacion