L’écho des palmiers : Le pellín ou nothofagus obliqua

Publié le 15 Septembre 2021

Par Diucón — Travail personnel, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5870122

Par Diucón — Travail personnel, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5870122

Le chêne pellín (nothofagus obliqua), se distingue parce que quand il devient un vieil arbre, l'intérieur de son tronc devient rouge indiquant que son bois est devenu presque indestructible. Les sculpteurs mapuches l'utilisait pour fabriquer des hommes en bois (chemamull).

 

Nom latin : nothofagus obliqua (Mirb.) Blume

Nom français : faux hêtre oblique

Noms communs (mapuche, espagnol) : pellín, hualle , roble, coyán, roble-pellín, roble de Neuquén

Famille : nothofagacées

Origine : Chili central, Argentine, entre 33 et 41 ° latitude sud, de Santiago à Puerto Montt

Altitude : dans le nord de son aire  entre 600 et 2500 m parfois jusqu’au niveau de la mer

Au sud il est présent depuis les Andes jusqu’à la dépression centrale et la cordillère côtière, pas plus de 1500 mètres d’altitude

Au-delà de 38° de latitude on ne le trouve pas au-dessus de 900 m d’altitude.

 

image

Description

 

Taille : 25 à 30 m de haut (jusqu’à 40 m), tronc jusqu’à 2 m de diamètre

Durée de vie : 450 ans maximum

Par Pato Novoa — Flickr: Robles en otoño, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=17052491

 

Ecorce : de couleur pâle, lisse chez le jeune sujet, se fissure ensuite par plaques chez les arbres adultes

feuilles https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Nothofagus_obliqua_03_by_Line1.JPG

Feuilles : alternes, caduques, simples, variables dans leur forme (elliptiques à ovales, ovales lancéolées, larges ou étroites) et en taille (3 à 6 cm de long, 2/3 cm large), brièvement pétiolées parfois stipulées. Le feuillage en automne devient jaune et rouge puis brun.

Rameaux : rougeâtres chez le jeune chêne, mouchetés de petits points blancs virant au brun clair chez le chêne adulte

 

bourgeons 

Bourgeons : en hiver ils sont allongés et aigus, brun-rouge, recourbés et plaqués contre le rameau

Fleurs  femelles : minuscules, vertes, 2/3 stigmates, réunies par 3

fleurs mâles Par Dick Culbert from Gibsons, B.C., Canada — Nothofagus obliqua, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=34451870

Fleurs mâles : solitaires, petites, 5 mm, vertes, anthères glabres, produisant des touffes de 20/40 étamines

fruits cupules

Fruits : cupules triflores et quadrivalves vert pâle, 2/15 mm, long pédoncules, lamelles couvertes d’appendices courts contenant 3 akènes ailés de couleur beige.

 

Graines

Cuarrehue en automne, rouge les rauli (nothofagus alpina) jaune-vert pellin (nothofagus obliqua), vert le coigue (nothofagus dombeyi) Par Pato Novoa from Valparaíso, Chile — Cuarrehue - Puesco, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=50577280

Cuarrehue en automne, rouge les rauli (nothofagus alpina) jaune-vert pellin (nothofagus obliqua), vert le coigue (nothofagus dombeyi) Par Pato Novoa from Valparaíso, Chile — Cuarrehue - Puesco, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=50577280

Le peuple Mapuche et le chêne dans le patrimoine culturel

Le chêne pellín n’est pas directement impliqué dans la vie cérémonielle sauf comme lieu de rencontre dans la préparation du Nguillatún ou rogation communautaire et dans les rites funéraires, ce qui est crucial. Dans la vie quotidienne le chêne est fondamental pour la fourniture de bois de chauffage, la construction, la fabrication d’instruments domestiques, la fourniture de nourriture (dihueñes poussant dans les chênes par exemple), le cœur du pellín était autrefois consommé.

Nguillatun
Dans les communautés agricoles, le Nguillatun s'effectue au temps des récoltes pendant la pleine lune, quand les dieux donnent la fertilité aux champs. La cérémonie dure quatre jours. Pour sa réalisation, on choisit un champ plat dans lequel un espace rituel est tracé sous la forme d'un "U" ouvert vers l'Est (point cardinal sacré).

Pour les Mapuche il y a 2 âges pour le chêne : le jeune ou hualle, le mature ou pellín. Ce qui caractérise le changement de stade est la couleur du bois qui devient rouge en vieillissant.

La dureté et la durabilité du pellín le rendent important dans les ouvrages de construction, de charpenterie) alors que le hualle sert de bois construction et de bois de chauffage.

Le bois sert également à la fabrication d’instruments de musique, la pifilka (sifflet mapuche), la pioko, petite flûte.

pifilka https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Pifilka.jpg

Chez le peuple Mapuche il existe une collaboration profonde entre la personne et l’arbre. Le chêne par exemple est le protagoniste de 3 moments du rituel funéraire Mapuche :

  • Les wampos ou canoës servant d’urnes funéraires
  • Le chemamull ou sculpture commémorative
  • Les lieux de repos (descansos) ou points de repère domestiques où les défunts se retrouveront. Ce sont de petits autels érigés à la mémoire des défunts. L’architecture du lieu de repos a la forme d’une maison ou d’un avant-toit d’environ d’un mètre de haut, décoré d’une croix, placé au pied d’un arbre de préférence un pellín. Le site est choisi par la famille ou encore stipulé par la personne-même.

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Rehue-_Rewe._o_chemamull._figura_de_madera_que_simboliza_el_cielo_y_la_tierra_en_la_cultura_mapuche.jpg

Chemamull sur Cocomagnanville

Les forêts sont les fruits de l’histoire

Parmi les principales espèces de la forêt mapuche figure le chêne nothofagus oblique dont l’intérêt culturel se manifeste dans la prolifération des noms qui lui sont associés :

Coyán, hualle, pellín.

La prééminence de cette espèce transcende les échelles historiques et s’inscrit dans les ères géologiques dont elle a été le témoin. Les chênes du Chili sont de grands arbres atteignant les plus grandes hauteurs dans les forêts où ils vivent. Ils perdent leurs feuilles en automne et entre janvier et mars on trouve leurs fruits.

Au Chili les chênes se trouvent entre Santiago (sur le Cerro La Campana et las Vizcachas) et Chillán dans les foeêts de haute altitude et entre Chillán et Llanquihue ils prédominent en raison de la dépression intermédiaire et les piémonts.

Les anciens Mapuche avaient du respect pour les arbres car ils pensaient qu’ils étaient eux aussi vivants. Les arbres ont aussi leur longko (dirigeant), principalement le pellín.

Les ngen-walle sont les esprits tutélaires de la chênaie.

L’arbre devient la présence quotidienne du défunt, une partie de la mémoire environnementale de la communauté, sa persistance rend compte des successions de génération à travers lesquelles la culture mapuche de la cordillère se reproduits.

Sources : De senderos a paisajes: paisajes de las movilidades de una comunidad mapuche en los Andes del sur de Chile/Des sentiers aux paysages : les paysages des mobilités d'une communauté Mapuche dans les Andes du Sud du Chili de Viviana Huiliñir-Curío1 (travail que j’ai traduit en français), http://nothofagus.free.fr/descripNobliqua.htm

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