Colombie : Nous rejetons les ultimatums des groupes armés et les menaces contre la vie et l'intégrité des peuples indigènes d'Arauca et de tout le pays
Publié le 5 Septembre 2021
par comunicaONIC dans Communiqués ONIC 30 août 2021
COMMUNIQUÉ À L'OPINION PUBLIQUE
Bakatá, 30 août 2021
Le Conseil pour les droits des peuples indigènes, les droits de l'homme et la paix de l'Organisation nationale indigène de Colombie - ONIC, lance un appel d'alerte au gouvernement national, à la communauté internationale et à l'opinion publique en général, en raison des menaces qui ont été signalées ces dernières heures contre les communautés indigènes d'Arauca, Casanare et Boyacá par un groupe qui s'identifie comme le 28e Front José María Córdoba des FARC-EP dans le département d'Arauca et contre lequel notre organisation ASCATIDAR s'est élevée.
Par le biais d'une vidéo et d'un communiqué publiés le 29 août 2021, un groupe qui s'identifie comme le 28e Front José María Córdoba des FARC-EP lance un "ultimatum" de 48 heures à compter d'aujourd'hui 30 août, accusant ceux de Saravena et de Tame de "voler et d'outrager" les habitants et les commerçants de ces municipalités, menaçant de "réactiver les exécutions" et tenant également pour responsables de leurs actes les autorités mentionnées dans cette communication, telles que les maires, les conseillers municipaux et les autorités indigènes.
L'Organisation nationale indigène de Colombie, en tant qu'autorité nationale d'autogestion, rejette catégoriquement toute menace contre la vie et l'intégrité des communautés indigènes de la région et de n'importe quelle partie du pays. Nous n'acceptons pas, comme le souligne l'organisation ASCATIDAR, que les membres des peuples indigènes, qui sont victimes des réalités imposées par ce modèle de développement, soient stigmatisés sur un ton raciste, Ces déclarations et menaces aggravent l'exclusion sociale qui se consolide depuis plus de 500 ans et à laquelle la guerre a contribué de manière dramatique, au point de nous expulser de nos territoires, de nous plonger dans la misère et de nous dépouiller de notre culture par l'imposition de la peur et l'ignorance de nos exercices d'autonomie et d'autogestion.
Les peuples et nations indigènes de Colombie ont clairement défendu leurs luttes pour leurs droits à travers l'exercice démocratique des mingas, des assemblées et des espaces de dialogue avec les gouvernements nationaux et locaux, en soulignant que la communauté en général compte sur nous pour la paix, jamais pour la guerre.
Ces menaces s'ajoutent à celles présentées les jours précédents par le groupe paramilitaire connu sous le nom de Águilas Negras Bloque Capital et par des dissidents appartenant à la colonne Dagoberto Ramos des FARC-EP, à l'encontre des autorités et des dirigeants indigènes du nord de Cauca et du sud de Valle del Cauca, Il s'agit d'une nouvelle campagne contre les peuples et les nations autochtones, et nous alertons la communauté internationale, la société colombienne et les peuples frères du monde qu'il n'existe toujours pas de mesures gouvernementales efficaces pour protéger la vie des peuples autochtones, qui font l'objet d'une protection constitutionnelle spéciale.
Nous, les peuples et nations autochtones, sommes les propriétaires des terres et territoires ancestraux que nous avons protégés depuis des temps immémoriaux, et pour cette raison, nous rejetons l'imposition d'un ultimatum pour abandonner nos propres territoires. Toute action en ce sens qui vise à nous empêcher de jouir de notre droit à l'espace vital met en danger notre existence physique et culturelle.
NOUS DEMANDONS que les autorités nationales et en particulier les autorités locales, avec à leur tête le maire et le gouverneur d'Arauca, adoptent et mettent en œuvre de toute urgence des politiques et des programmes, en coordination avec les autorités autochtones, qui garantissent la vie des membres des peuples autochtones qui se trouvent dans une situation de vulnérabilité à Arauca, en particulier à Saravena, Fortul et Tame, et afin d'arrêter et de prévenir la décomposition sociale qui se produit en raison de la perte de territoire, du déplacement et de l'instrumentalisation des membres de la communauté indigène, ce qui signifie que des garanties sont mises en œuvre et que des programmes de promotion de leur propre économie sont encouragés.
NOUS DEMANDONS que les autorités en charge de la reconnaissance de nos droits territoriaux accélèrent et rendent effectives toutes les actions qui garantissent nos droits territoriaux avec l'exercice conséquent de l'autonomie dans nos espaces ancestraux.
NOUS DEMANDONS à la communauté internationale de renforcer son accompagnement des organisations et des autorités indigènes face à cette nouvelle campagne de menaces et d'ultimatums qui visent la vie et l'intégrité de nos peuples, nous mettant en danger d'extermination physique, sociale et culturelle.
Comptez sur nous pour la paix, jamais pour la guerre !
ORGANISATION NATIONALE INDIGENE DE COLOMBIE – ONIC
AUTORITE NATIONALE DE GOUVERNEMENT INDIGENE
Traduction carolita d'un communiqué paru sur le site de l'ONIC le 30/08/2021