Chiapas/Las Abejas Nous demandons instamment à la Commission interaméricaine des droits de l'homme d'accélérer la présentation de son rapport sur le fond de l'affaire 12.790 Manuel Santiz Culebra et autres (massacre d'Acteal), afin que la vérité soit connue une fois pour toutes et que le gouvernement mexicain soit contraint de faire assumer aux responsables les conséquences des actes qu'ils ont en

Publié le 25 Septembre 2021

Las Abejas de Acteal Organisation de la société civile
Terre sacrée des martyrs d'Acteal

Municipalité de Chenalhó, Chiapas, Mexique.

22 septembre 2021

 

Au Congrès national indigène

Au Conseil de gouvernement autochtone

Au peuple croyant du diocèse de San Cristóbal de las Casas

Aux défenseurs des droits de l'homme

Aux médias libres et alternatifs

Aux médias nationaux et internationaux

A la Commission interaméricaine des droits de l'homme

A la société civile nationale et internationale

 

Sœurs et frères :


Aujourd'hui, nous insistons pour nous souvenir et honorer nos 45 frères et sœurs martyrs, plus 4 bébés à naître, en demandant justice pour eux, après 23 ans et 9 mois de commémoration mois après mois du terrible massacre qui a été commis ici. Nous insistons pour dénoncer le fait qu'il s'agit d'un crime d'État organisé depuis le niveau fédéral, dont le principal responsable était l'ex-président Ernesto Zedillo Ponce de León et qui a bénéficié du soutien coordonné de hauts fonctionnaires des trois niveaux de gouvernement qui, grâce au soutien de tous les gouvernements ultérieurs, n'ont pas été punis.
Au cours des 5 dernières administrations fédérales, nous avons trouvé des oreilles sourdes à nos revendications et à chaque fois, ils nous ont répondu avec de plus grandes aggravations. C'est pourquoi nous demandons instamment à la Commission interaméricaine des droits de l'homme d'accélérer la présentation de son rapport sur le fond de l'affaire 12.790 Manuel Santiz Culebra et autres (massacre d'Acteal), afin que la vérité soit connue une fois pour toutes et que le gouvernement mexicain soit contraint de faire assumer aux responsables les conséquences des actes qu'ils ont encouragés. C'est essentiel pour que l'impunité des crimes contre l'humanité au Chiapas cesse de faire de nouvelles victimes et que la spirale de la violence que nous subissons dans tant de régions de notre État s'arrête.

Nous voulons également réitérer que le cas de l'assassinat lâche de notre frère et compañero Simón Pedro, qui s'est produit au milieu de cette violence généralisée que le gouvernement continue de couvrir et, dans de nombreux cas, de promouvoir au Chiapas, n'est toujours pas résolu et que les auteurs intellectuels n'ont pas non plus été punis. Mais les membres de la société civile Las Abejas de Acteal, ainsi que tous les compagnons qui nous soutiennent et ne nous ont pas laissés seuls, ne se reposeront pas tant que justice ne lui sera pas rendue.
Une fois de plus, nous dénonçons le fait que le gouvernement d'Andrés Manuel Lopez Obrador poursuit et renforce le projet de dépossession, de mépris et d'irrespect de nos peuples initié par les gouvernements précédents, notamment en s'alliant avec les entreprises nationales et transnationales avec lesquelles il a passé des accords pour réaliser des affaires juteuses dans le développement de ses méga-projets. À cette fin, il a créé sa propre force répressive : la Garde nationale, qui a été le principal organe chargé d'établir des opérations de contrôle territorial qui ne garantissent en rien la sécurité de la population, comme nous l'avons vu lors de son incursion dans nos communautés, face aux événements violents dont nous avons été témoins à Chenalhó et Pantelhó ces derniers mois. La Garde nationale est également l'organe répressif qui est maintenant chargé de faire le travail mandaté par les États-Unis de contenir violemment nos frères et sœurs migrants d'Amérique centrale qui tentent de traverser le Mexique pour chercher refuge et travail dans le Nord. C'est avec la même méchanceté et le même arbitraire que nous avons vu agir la Migra aux États-Unis avant-hier, en réprimant violemment - avec des fouets et à cheval - des dizaines de nos frères et sœurs migrants haïtiens dans la ville frontalière de Del Rio, au Texas, pour les obliger à retourner au Mexique sans aucune garantie, Provoquant une grave crise humanitaire, les membres de la Garde nationale de Lopez Obrador et les agents migratoires mexicains obligent les migrants haïtiens et centraméricains qui attendent l'asile politique à la frontière mexicaine ou qui s'y rendent à retourner dans leur pays en leur infligeant violences, insultes et coups. Et ce, lorsqu'ils ne sont pas directement impliqués dans leur enlèvement, leur extorsion et leur torture sexuelle. Le traitement cruel et inhumain des femmes et des hommes migrants qui risquent leur vie, leur santé et leur famille lorsqu'ils tentent de fuir le désastre que les pays riches eux-mêmes ont causé sur leurs terres avec leurs politiques impérialistes, ainsi que la vie pourrie du crime organisé qui règne réellement dans leurs lieux d'origine, est scandaleux.

Au Mexique, le summum du mépris affiché envers nos peuples a été l'inauguration par le Président de la République de la dernière caserne de la Garde Nationale construite dans l'état du Chiapas, le 28 août dernier à San Cristobal de las Casas, qui s'ajoute à 9 autres nouvelles casernes, Malgré la résistance courageuse des ejidatarios de San Sebastián Bachajón à la construction de cette caserne sur leur territoire, qui ont payé de la prison et de longues procédures judiciaires pour avoir déposé une injonction avec le soutien de plusieurs centres de droits de l'homme afin d'empêcher la détérioration de la vie communautaire qu'entraînerait l'installation de la caserne. Mais le gouvernement continue à ne pas écouter le peuple et utilise des mensonges et des pièges pour arriver à ses fins, dans ce cas en falsifiant la signature du Commissariat Ejidal pour autoriser la construction de la caserne à Chilón.

Comme de nombreuses autres organisations l'ont dénoncé, après trois ans au pouvoir, nous constatons que l'administration de Lopez Obrador a non seulement démontré son manque d'écoute réelle - orchestrant toutes sortes de consultations fausses et truquées avec le peuple pour approuver ses projets - mais aussi l'augmentation du nombre de défenseurs des droits de l'homme assassinés et disparus, qui, au 15 septembre, s'élevait à 95 frères assassinés, revendiqués par une organisation sociale ou de défense des droits de l'homme, et plusieurs autres militants disparus. [Cela montre seulement que l'administration actuelle n'est pas disposée à arrêter ses méga-projets, quel qu'en soit le coût, éliminant la résistance à tout prix ; elle n'est pas non plus engagée à réduire les niveaux de féminicide dans le pays, ni la persécution des journalistes.

Un autre exemple inquiétant de la manière dont le mauvais gouvernement tente d'accroître son contrôle sur nos territoires afin de faire avancer la construction de ses méga-projets est l'achat et la paramilitarisation d'organisations qui s'opposaient auparavant au gouvernement, comme l'ORCAO, qui maintient un siège armé à Ocosingo contre les communautés zapatistes de Nuevo San Gregorio (Moisés-Gandhi) et qui, ces derniers jours, a enlevé deux frères membres du Conseil de bon gouvernement du Caracol 10 (Patria Nueva) et qui n'ont été libérés que plus tard, après huit jours d'enlèvement, grâce à la pression nationale et internationale et aux efforts courageux de deux curés du diocèse de San Cristóbal de las Casas, face à l'inefficacité du gouvernement de l'État à rendre justice, qui est responsable du financement et de la protection de ces groupes, comme le dénonce le CCRI-CG de l'EZLN dans son dernier communiqué. [2]

Mais les plus courageux de nos pasteurs, comme le curé de Simojovel, Jtotik Marcelo, sont naturellement particulièrement persécutés pour avoir défendu et véritablement accompagné le peuple qui souffre. Nous ne nous lasserons pas de démentir ceux qui accusent le père Marcelo d'avoir organisé les groupes d'autodéfense de Pantelhó et des communes voisines, car nous savons que son seul crime a été de dire ouvertement la vérité sur ce que vit le peuple et que personne d'autre n'ose diffuser. Nous savons qu'il continue à recevoir des menaces de mort, avec des menaces téléphoniques récentes sur son téléphone portable, et nous demandons au Dieu Père-Mère, cœur du ciel et de la terre, de le protéger et de continuer à lui donner la force de dénoncer ce qui se passe et de continuer à accompagner et à encourager les personnes qui cherchent à construire la paix. Nous voulons qu'il sache que nous l'accompagnerons toujours sur son chemin de lutte non-violente pour la justice et pour une paix véritable et digne, qui est aussi notre chemin et celui de Jésus.

Enfin, nous voulons remercier notre Dieu Père-Mère pour la vie de notre frère Don Bernardo Campos Santos de Tixtla, Guerrero, dont l'âme est sûrement déjà au ciel depuis le 3 septembre dernier, car depuis le 26 septembre 2014, il n'a jamais cessé de chercher et d'exiger justice pour la disparition de son fils José Ángel Campos Cantor, l'un des 43 étudiants disparus de l'école normale rurale d'Ayotzinapa. L'exemple courageux de Don Berna et des autres pères, mères et autres parents des 43 - qui, parmi de nombreux autres lieux qu'ils ont visités, ont été fortifiés dans notre Terre Sacrée des Martyrs d'Acteal - nous a également encouragés au cours de ces sept dernières années. Parce qu'ils ne se sont pas rendus ou vendus au gouvernement qui a également essayé de les tromper, de les diffamer et de les attaquer, mais qui n'a pas réussi à les diviser ou à les acheter. Nous voulons dire à tous les proches des 43 que même s'ils vont inévitablement quitter ce monde, comme Don Berna, Don Saúl, Don Tomás et Doña Minerva, les Abejas de Acteal continueront leur lutte et nous ne nous lasserons pas de continuer à réclamer justice pour leurs enfants et leur apparition en vie.
Sœurs et frères qui luttent dans différentes régions du Mexique et du monde, nous savons que lorsque nous demandons la justice, ils répondent par la violence. Et au Chiapas, après la violence vient l'impunité, qui à son tour apporte plus de meurtres, de disparitions, d'incendies de maisons, etc., puisque ceux qui commettent des crimes et ne sont pas punis, ou sont libérés en cachant la vérité, sortent plus forts en sachant que le mauvais gouvernement les protège et même les récompense. Les membres et les survivants du massacre qui appartiennent à l'organisation de la société civile Las Abejas de Acteal continueront à réclamer justice pour le cas d'Acteal et, avec tous ceux d'entre nous qui essaient de construire une justice et une paix véritables, nous demandons que ceux qui évaluent le cas prennent une décision maintenant pour punir les responsables. Ce n'est qu'en unissant les luttes pour une véritable justice que nous aurons la force de continuer à nous organiser, avec l'arme de la vérité pour démanteler la violence, pour la vie.

Depuis Acteal, maison de la mémoire et de l'espoir,

Sincèrement

La voix de l'organisation de la société civile Las Abejas de Acteal.

             

Pour le Conseil d'administration :

Cristóbal Ruiz Arias                                         Gerardo Pérez Pérez

Presidente                                                          Secretario

 

 

Manuel Ortiz Gutiérrez                                              Pedro Pérez Pérez

Tesorero                                                            sub presidente

 

Sebastián Guzmán Sántiz

Sub tesorero

 

traduction carolita d'un communiqué paru sur le site de Las abejas le 22/09/2021

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