Chansons reprises : Valdivia en la niebla
Publié le 28 Novembre 2021
Par Framarting — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=80051552
Valdivia en la niebla
El río va bocabajo burlando troncos y cerros
y el agua es sombra tranquila timoneando en el silencio.*
Una gaviota (hacia Niebla) grita su canto de invierno
y en la ribera se ahoga la sombra sucia de un perro.
Un bronco motor emerge
desgarrando
un ruido nuevo.
Luego brotan de la sombra dos
convoyes madereros.
Valdivia entera se duerme en un dulce sueño espeso.
Hacia Las Ánimas zumban sordos los aserraderos.
Dos amantes se reparten puente y río con los dedos
y un guardia oscuro vigila los avatares del viento.
Y abajo, en Corral, la noche del mar
ahoga un lamento
y en su corazón salino flotan
marinos y muertos.**
Yo permanezco tranquilo con las manos en los remos
y un pitillo reluciente sangrando bajo el sombrero.
Me cansa mirar el agua porque están tus ojos dentro.***
La oscuridad de la altura no me libra del lucero.
No quiero tocar tu tierra y me alejo río adentro,
no quiero tocar el aire
y en gruesa manta me envuelvo,
no quiero morder tu nombre
y fumo y fumo en silencio
pero de todo me asaltas porque en todo
estás viviendo.
Los martillos van labrando los juncos de tu cabello.
El viento canta en tu boca,
el río brilla en tu cuerpo,
y en cada nombre que nombro
salta el tuyo como un beso.
Pero en tu pecho cruzado
por ríos turbios y fieros
flota olvidado en la noche
mi nombre
como
un madero.
Valdivia dans la brume
La rivière va à l'envers, se moquant des troncs et des collines
et l'eau est une ombre calme qui se dirige dans le silence.
Une mouette (vers Niebla) pousse son cri d'hiver
et sur la rive se noie l'ombre sale d'un chien.
Un moteur brut émerge
déchirant
un bruit nouveau.
Puis de l'ombre jaillissent deux
convois de bois.
Tout Valdivia s'endort d'un sommeil doux et épais.
Vers Las Ánimas, les scieries bourdonnent sourdement.
Deux amoureux partagent le pont et la rivière avec leurs doigts
et un garde sombre veille sur les vicissitudes du vent.
Et en bas, à Corral, la nuit de la mer
noie une complainte
et dans son cœur salé flottent
des marins et des morts.
Je me tiens calmement, les mains sur les rames
et une clope étincelante saignant sous le chapeau.
Je suis fatigué de regarder l'eau parce que tes yeux sont dedans.
L'obscurité de la hauteur ne me libère pas de l'étoile.
Je ne veux pas toucher ta terre et je m'en vais dans la rivière,
je ne veux pas toucher l'air
et je m'enveloppe dans une épaisse couverture,
je ne veux pas mordre ton nom
et je fume et fume en silence
mais tu m'assailles de tout car en tout
tu vis.
Les marteaux taillent les roseaux de tes cheveux.
Le vent chante dans ta bouche,
la rivière brille dans ton corps,
et dans chaque nom que je nomme
le tien saute comme un baiser.
Mais dans ta poitrine croisée
par des rivières sombres et féroces
flotte oublié dans la nuit
mon nom
comme
un tronc.
(1966)
Patricio Manns traduction carolita
source paroles originales