Brésil : Écoutez le chaman Davi Kopenawa Yanomami qui envoie un message au peuple du Brésil

Publié le 20 Septembre 2021

Débora Pinto
17 septembre 2021 


Le grand chef et chaman Yanomami, Davi Kopenawa, n'est pas inquiet. Il est bouleversé. La raison : la machine dévastatrice de destruction de son peuple et de la forêt amazonienne qu'est devenu le gouvernement Bolsonaro. Plus précisément, le chaman demande, dans un message envoyé aux habitants (non indigènes) de la ville, leur attention sur le vote de la thèse du cadre temporel à la Cour suprême et, également, sur le projet de loi 490 à la Chambre des députés.

Le cadre temporel délimite la démarcation des terres autochtones à celles qui étaient en possession des peuples originaires le jour de la promulgation de la constitution en 1988, et vise à fournir une base juridique pour empêcher la démarcation de nouvelles terres. Le PL 490 vise également à supprimer les nouvelles démarcations et à permettre l'utilisation de zones déjà délimitées pour des projets économiques.

Des milliers d'autochtones sont présents à Brasilia et d'autres continuent de protester depuis leurs territoires pour empêcher l'avancement de ce programme. En coulisses, le caucus rural prépare l'approbation conjointe des deux agendas. C'est un moment d'appréhension qui pourrait définir un nouveau niveau de menace pour la survie des populations indigènes au Brésil.

C'est dans ce contexte que Davi Kopenawa lance son appel. Pour son peuple, qui se concentre sur la terre indigène Yanomami dans l'État de Roraima, à la frontière avec le Venezuela, l'avancée des mineurs est redevenu une menace avec l'arrivée de Bolsonaro au pouvoir - on estime qu'au moins 20 000 d'entre eux sont actuellement présents dans la TIY. Le mercure utilisé dans les activités minières pollue les rivières et met en danger la santé et la sécurité alimentaire des habitants des forêts. Les peuples indigènes isolés doivent se déplacer en raison de la présence d'envahisseurs, et l'on craint qu'ils ne soient exterminés, sinon par des actions violentes, du moins par des maladies apportées par les blancs.

Le résultat de l'incitation publique de Bolsonaro à utiliser les terres autochtones à des fins économiques non conformes à la conservation et le mépris dont il fait preuve à l'égard des peuples autochtones se traduisent par des chiffres : selon l'étude Cicatrices en el bosque: aún con la pandemia, la destrucción generada por la actividad minera aumentó en un 30% en 2020.

Selon des données récemment publiées par Mapbiomas, entre 2010 et 2020, l'exploitation minière sur les terres indigènes brésiliennes a augmenté de 495 %. La même étude montre que l'activité minière a dépassé l'exploitation industrielle dans le pays l'année dernière.

Outre les destructions causées par l'activité, la présence des envahisseurs est marquée par une tension constante, les groupes armés et les trafiquants de drogue menaçant les communautés de la TI. En 1992, la démarcation du territoire a été un succès qui semblait annoncer une ère de stabilité et de paix. Mais les envahisseurs sont revenus massivement avec l'arrivée au pouvoir de Bolsonaro. Aujourd'hui, la création de mécanismes juridiques par le gouvernement et ses partisans affaiblit encore plus la résistance, non seulement des Yanomami, mais aussi de tous les peuples autochtones brésiliens.

Kopenawa, qui a survécu aux massacres et aux épidémies, passe la plupart de son temps au fond de la forêt, dans la communauté indigène de Watoriki. Au cours des deux dernières décennies, il a pris sur lui, en tant que plus grand leader de son peuple, de se battre en médiation avec les non-autochtones, faisant résonner sa voix pour la défense de son peuple dans des organisations telles que l'ONU et l'université de Harvard.

source d'origine https://www.oeco.org.br/reportagens/escuta-o-xama-davi-kopenawa-yanomami-envia-mensagem-para-o-povo-da-cidade/

traduction carolita d'un article paru sur Desinformémonos le 17/09/2021

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article