Nicaragua : Le peuple Sutiaba ou Ocanxiu
Publié le 4 Septembre 2021
Peuple autochtone du Nicaragua localisé dans le département de León.
Autres noms : sutiava, Hokan xiu, ocanxiu
Autodénomination : subtiava
Langue : sutiaba/subtiava ou maribio, famille oto-mangue. Langue éteinte. C’était une langue qui était probablement proche de la langue tlapanèque (me’phaa) parlée dans l’état du Guerrero au Mexique.
Le nom
La signification du mot Sutiaba a deux façons de s'écrire : la primitive, selon les anciens documents coloniaux "Subtiaba", et la moderne "Sutiaba" Selon les historiens, le mot Sutiaba (Xiatlc) : vient d'un mollusque d'eau douce qui vit dans les rivières et qui est actuellement appelé "chote de río", un nom d'origine mexicaine et qui était "shuctli" = escargot noir ; atl = eau ; pan = adverbe de lieu d'où vient Sutiaba avant la colonisation.
Localisation
Département de León, une partie du département de Chinandaga. Le quartier Sutiaba fait partie de la ville de León, il possède 49 manzanas, la zone rurale comprend quand à elle 23 comarcas.
Population : 19.949 personnes (2005) pour l’OIT : 49.000 personnes (2006)
60 % de l’ethnie vit en zone urbaine et 40% en zone rurale.
Autorité principale
Le gouvernement de la communauté indigène Sutiaba est composé de 3 entités gouvernementales :
- Le conseil des sages Sutiaba
- L’assemblée indigène Sutiaba
- Le Conseil d’administration créé en 1954
Le conseil des anciens est une structure gouvernementale née au sein de la communauté Sutiaba avec pour fonctions : surveiller, conseiller, exercer le contrôle sur la culture, les coutumes, les traditions, protéger les biens patrimoniaux de la communauté.
Le chef Sutiaba est le Taá-mbá.
Ils ont intégré le Conseil Régional Pacifique dont fait partie le territoire Hokan Xiu du peuple Sutaiba, le territoire Nicarao et le territoire Masaya.
Histoire
Ils sont les descendants des anciens Maribios dont le nom a été attribué à une grande chaîne de montagnes volcaniques du Nicaragua, la cordillère de los Maribios, une nation qui a envahi le territoire du Nicaragua vers le VIe siècle. Ils habitaient la région située entre le golfe de Fonseca, le lac Xolotlán, la Cordillère des Maribios et la côte Pacifique.
Cordillère de Los Maribios By Christopher Sayan at en.wikipedia, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=31158344
La communauté Sutiaba est la plus grande et la mieux organisée des communautés indigènes de la côte Pacifique du Nicaragua. Ils revendiquent l’identité indigène bien qu’ils aient été dépouillés des attributs externes de cette identité et de leur langue traditionnelle, des rituels religieux et des vêtements traditionnels.
Ils sont installés à l’ouest de la cordillère de los Maribios les limites de leur territoire sont :
- Au nord, la cordillère de Los Maribios jusqu’au volcan Telica (1601 mètres) jusqu’à Asososca ou lagune Tigre
- Au sud, océan Pacifique
- A l’est, de la lagune d'Asososca (803 m) jusqu’au rio Tamarindo
- A l’ouest du volcan Telica en passant par Quezalguaque jusqu’au rio Telica
A l’arrivée des espagnols en 1523 la population Sutiaba comptait environ 100.000 personnes.
En 1752, l’évêque Morel de Santa Cruz estime qu’ils sont seulement 4120 personnes.
Pendant la colonie, le processus historique imposé aux Sutiaba se déroule en 3 étapes :
- En tant que ville encomendera de León de 1524 à 1586
- En tant que chef du village Sutiaba, créé avec le village d’El Realejo, de 1589 à 1679
- Au sein du parti de León, de 1787 à 1821
Annexion a León
En 1902, par un décret du président Zelaya, la ville de Sutiaba est annexée à León en tant que quartier de la ville. Elle perd donc son autonomie administrative.
Le cacique Adiac
Pendaison du cacique Adiac. peinture murale sur un mur du collègue public de Sutiaba (photo: Alain Musset).image
Adiac ou Adiact
C’est le cacique qui a été le plus marquant dans la représentation de la résistance et la bravoure contre la colonisation espagnole. Après 3 ans de relocalisation, suite au rejet par Xochilt Acatl des prétentions amoureuses de deux prétendants, l’un Sutiaba et l’autre créole espagnol, le premier accusa le cacique Adiac de préparer une attaque contre les leonenses (habitants de León), qui s’organisèrent et attaquèrent Sutiaba massacrant les jeunes hommes, violant les femmes ce qui provoqua la révolte des Sutiabas avec comme chef, Adiac.
La résistance sera maintenue jusqu’en 1614 date à laquelle le cacique sera capturé vivant puis tué sur le Cerro de los Vientos, aujourd’hui Cerro de Oro sur la route de Poreloya. Son corps a été suspendu à un énorme tamarinier, le fameux « Tamarindón », symbole de la résistance indigène contre la domination coloniale espagnole et exemple de la préservation et du respect des ressources naturelles. Depuis 2003 une plaque commémorative est en place portant la mention suivante :
« Adiac n’est pas mort sur un lit de roses,
Ici il a été pendu par l’enragé Catizumba,
Ne posez pas de questions sur son âge ni sur sa tombe,
Les martyrs comme lui, n’ont pas de tombe.
Cet arbre a été la Croix
De qui, aujourd’hui est Notre Lumière. »
En octobre 2010, la tamarindón s’est effondré cause des années d’assaut de la nature, des parties du tronc et quelques branches sont sauvegardées dans la maison-musée de la communauté indigène de Sutiaba (CIS)près de l’église San Juan Bautista de Sutiaba.
Une lecture en français
León/Sutiaba (Nicaragua) : frontière ethnique et justice spatiale d'Alain Musset
Sources pour cet article : territorio indigena gobernanza.com, wikipedia (idioma sutiaba)