#LutaPelaVida est le plus grand camp indigène de l'histoire de Brasilia

Publié le 24 Août 2021

Lundi 23 août 2021


La mobilisation rassemble plus de 5 mille personnes issues de 117 peuples et de toutes les régions du pays
 

 

En ce moment, plus de 5 000 indigènes, issus de 117 peuples et de toutes les régions du Brésil, sont rassemblés sur le côté de l'Esplanade des ministères, derrière le Théâtre national, à Brasilia, pour défendre leurs droits, notamment le droit à la terre.

Il s'agit de la plus grande mobilisation de ce type jamais réalisée dans l'histoire. Les manifestants participent au camp de la lutte pour la vie/ Luta pela Vida (ALV), organisé par l'Articulation des peuples indigènes du Brésil (Apib). Tout au long de la semaine, des débats, des protestations, des actes, des activités culturelles et des rencontres avec des représentants des trois pouvoirs seront encouragés pour discuter de la situation des peuples et des terres autochtones dans le pays.

La manifestation proteste contre le programme anti-indigène du gouvernement et du Congrès de Bolsonaro et soutient également la Cour suprême (STF). Mercredi (25), le procès le plus important de l'histoire des droits des autochtones se déroule au tribunal et pourrait décider de l'avenir des démarcations.

Le STF examinera le "cadre temporel", une interprétation défendue par certains politiciens ruralistes qui restreint les droits des autochtones. Selon cette interprétation, les peuples autochtones n'auraient le droit à la terre que s'ils en étaient en possession le 5 octobre 1988, date de la promulgation de la Constitution. Il faudrait aussi qu'ils soient en litige judiciaire ou en conflit avéré sur la zone à la même date. La thèse est perverse car elle ne tient pas compte des expulsions et autres violences subies par ces populations. En outre, elle ne tient pas compte du fait qu'ils étaient sous la tutelle de l'État et qu'ils ne pouvaient pas saisir les tribunaux de manière indépendante avant 1988 (en savoir plus).

Francisco Cali Tzay, rapporteur spécial des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, a demandé aujourd'hui au STF de garantir les droits des peuples autochtones sur leurs terres et territoires, et de rejeter l'argument du "cadre temporel". "L'acceptation d'une doctrine de l'étape temporelle entraînerait un important déni de justice pour de nombreux peuples autochtones qui cherchent à faire reconnaître leurs droits fonciers traditionnels. En vertu de la Constitution, les peuples autochtones ont droit à la possession permanente des terres qu'ils occupent traditionnellement", a-t-il déclaré.

"Nous nous sentons obligés de nous rendre présents à Brasilia, dans ce scénario très désolant qui est promu à la fois par le Congrès national, mais surtout par le gouvernement fédéral, en ce qui concerne les droits des peuples indigènes", critique Dinaman Tuxá, l'un des coordinateurs exécutifs de l'Apib.

Délégations et protocoles

Les délégations indigènes ont commencé à arriver hier, tandis que les tentes et les structures pour la nourriture, les débats, les soins médicaux et les toilettes étaient mises en place.

Le deuxième jour du camp a commencé par la présentation des délégations autochtones. Le matin, lors d'un moment de présentations culturelles, les délégations ont eu l'occasion de montrer leurs danses et leurs chants traditionnels, renforçant ainsi l'ascendance culturelle partagée entre les peuples. Dans l'après-midi, des représentants de la coordination de l'Apib et de ses organisations régionales ont fait une analyse de la situation politique et des défis auxquels sont confrontés les peuples autochtones dans tout le pays.


L'Apib a exigé que seules les personnes totalement immunisées contre le Covid-19 se rendent à Brasilia. Dans le camp, les équipes sanitaires testent les manifestants et renforcent les directives concernant l'utilisation de masques, le nettoyage constant des mains et le maintien d'une distance sociale. Les masques sont distribués gratuitement.

"Il est également important de souligner que notre camp a élaboré une série de protocoles sanitaires visant à renforcer les normes existantes de l'OMS. Tous les indigènes qui sont dans le camp doivent être vaccinés, obligatoirement pour pouvoir suivre notre camp", renforce Dinamam Tuxá.

Soutien international

Le camp a reçu la visite d'une délégation de Progressive International, une organisation qui rassemble des organisations de défense des droits de l'homme, des partis politiques, des syndicats et d'autres institutions du camp progressiste de plusieurs pays. La délégation a été accueillie par des représentants des peuples Munduruku et Kayapó, qui ont profité de la réunion pour dénoncer les impacts auxquels ils sont confrontés en raison de projets d'infrastructure à proximité de leurs terres.

Les représentants de l'Apib ont remis des copies du Dossier international lancé la semaine dernière pour servir d'outil de dénonciation mondiale. Le document apporte une série de dénonciations sur les menaces et les violences commises par le gouvernement Bolsonaro à l'encontre des peuples autochtones.

Une délégation d'Apib a été invitée à se rendre à l'ambassade de Norvège, où elle a pu remettre le dossier et demander un soutien pour sa lutte à l'ambassadeur, M. Nils Martin Gunneng, et au responsable de programme, M. Kristian Bengston.

A 15h, la plénière "Les cinq pouvoirs" s'est tenue, afin de promouvoir une analyse de conjoncture sur les pouvoirs législatif, exécutif, judiciaire, populaire et spirituel.

"Cette session plénière, qui parle des cinq pouvoirs, est très importante au sein du camp de la Lutte pour la Vie et est très significative car elle aborde le Législatif, le Judiciaire et l'Exécutif, mais elle nous rappelle aussi le quatrième pouvoir, qui est celui des masses, du peuple, de la nation brésilienne dans son ensemble, pas seulement les peuples indigènes, mais le peuple brésilien qui est le quatrième pouvoir", a déclaré Marcos Sabaru, conseiller politique de l'Apib.

"Et puis nous parlons du cinquième pouvoir, comme étant le pouvoir spirituel. Les divinités régissent nos vies, gouvernent les communautés, donnent la force dans les moments difficiles, dans les invasions de mineurs, de bûcherons, de mineurs, contre les PEC et les PL et les ordonnances, contre tous les maux de l'homme et aussi spirituels, aussi contre la pandémie, contre la maladie", conclut-il.

ISA

traduction carolita d'un article paru sur le site de l'ISA le 23/08/2021

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article