Chili : Le peuple Pikunche

Publié le 3 Août 2021

 

image

Peuple autochtone du Chili qui fait partie du peuple Mapuche. Les Picunche ou "gens du nord" étaient des agriculteurs et des potiers sédentaires qui vivaient entre les rios Choapa et Itata, dans le nord du pays. Ils étaient situés au sud de la culture Diaguita et au nord de la culture Mapuche, et étaient influencés par les deux cultures.

Le nom

Pikunche en langue mapudungun veut dire peuple du nord, de pikum = nord et che = personne.

L’historiographie et l’anthropologie chilienne utilisent ce nom pour désigner les groupes préhispaniques parlant le mapudungun et habitant entre les rios Aconcagua et Bío-Bío dans la zone centrale du territoire actuel du Chili.

Entre la vallée du rio Aconcagua et le rio Itata vivaient les Picunche.

Dans la vallée du Maipo et du Cachapoal vivaient les Promaucaes.

Le rio Maule était la limite géographique du domaine Inca.

Les chroniqueurs et écrivains de l’époque mentionnent plusieurs partialités Picunche portant le nom des sites ou de leurs lonkos :

  • Picones : zone comprise entre la côte et Melipilla.
  • Quillotanes, vallée de l’Aconcagua ;
  • Mapochoes, vallée du Maipo (y compris l’actuel bassin de Santiago) ;
  • Taguataguas ;
  • Cachapoales, rio Cachapoal ;
  • Cures, indigènes du Mataquito ;
  • Mauleses, région de Maule ;
  • Cauquenes ou cauqui, rives et sud-est du rio Maule et l’Itata ;
  • Huaycoches, vallée du rio Mapocho ;
  • Promocaes, entre les rios Maipo et Maule ;
  • Itatas, vallée de l’Itata ;
  • Apaltas,vallée du Rapel.

Dans leur région l’eau était abondante, le climat de type méditerranée était chaud.

La population Picunche à l’arrivée des espagnols était en 1536 de 110.000 à 220.000 personnes.

Vers 1940 elle a déjà réduit à 60.000, 35.000 en 1556.

En 1695, 20.000 indigènes vivent sur le territoire au nord du Bío-Bío.

Pendant la colonisation, ils finissent par devenir la population métisse de Santiago avec les Huarpes.

Au sein du groupe Picunche, certains sous-groupes indigènes habitant sur le rio Choapa et jusqu’au rio maule sont intégrés à l’empire Inca à un moment de leur histoire.

L’identité Picunche s'éteint de la zone centrale en tant qu’identité culturelle au cours du XIXe siècle. Ceci à cause du démantèlement  progressif de ces derniers par les espagnols et par les chiliens, les laissant dans des réductions nommées « villages indiens » dans lesquels ils avaient pu néanmoins conserver une certaine cohésion sociale.

Culture

Dans diverses actions ils ont acquis un grand développement en raison du contact avec les Diaguitas puis plus tard avec les Incas.

Ils maîtrisaient entre autres les techniques de la poterie (pots, cruches, fontaines en argile) outils pour travailler la terre, instruments utilitaires (pipes, pierres pour moudre le maïs, les haricots), ils construisaient des fossés d’irrigation.

La terre sur laquelle ils vivaient étaient de bonne qualité et comprenait beaucoup d’eau. Le système agricole consistait à planter des arbres dans les clairières forestières et les espaces ouverts.

Ils élevaient des animaux (lamas, guanacos, pour la viande et la laine des vêtements).

Pour les festivités, ils tuaient des animaux pour consommer leur viande et utiliser leurs peaux.

Les maisons étaient en terre battue avec un toit en roseaux. Le mécanisme de construction entrelaçant les roseaux et la boue, appelé quincha est utilisé depuis la tradition Bato jusqu’à nos jours.

Langue

Ils parlaient des variantes du mapudungun aujourd’hui éteintes. Il y a des données sur le dialecte de la vallée du Mapocho tel qu’il était parlé à Santiago à la fin du XVIe siècle lorsque le jésuite Luis de Valdivia l’a recueilli dans son Art et grammaire de la langue qui parcourt tout le royaume du Chili (Arte y gramática de la lengua que corre en todo el Reyno de Chile). Le dialecte identifié par Rodolfo Lenz à la fin du XIXe siècle n’est pas lié aux picunche historiques.

Caractéristiques sociales

Ils étaient polygames, un homme pouvait avoir autant de femmes qu’il le souhaitait sous condition qu’il puisse les acheter.

Les femmes cultivaient la terre et préparaient les repas.

Pour un père, donner une fille en mariage signifiait donc a une perte de terres cultivées et une perte de couvertures qui servaient de moyen d’échange.

Le marié devait dédommager le futur beau-père en lui donnant en échange des lamas, des couvertures et le Makuñ dont le montant était convenu avant le mariage.

Les jeunes mariés devaient activer leur propre ruka (maison). Des parents et amis venaient les aider à la construire avec le système du mingako (minga), un travail communautaire. En contrepartie les mariés offraient les repas et la chicha de maïs.

Croyances

Il y a peu de connaissances sur leur système de croyances d’autant plus que l’évangélisation des prêtres catholiques espagnols a éradiqué ou intégré leurs rituels ou croyances dans les pratiques catholiques. C’est le cas du baile chino.

Dans la vallée du Mapocho, les pratiques religieuses incas étaient pratiquées comme le sacrifice de l’enfant du Cerro el Plomo. La population était influencée par les Diaguitas même si leur base culturelle était Mapuche.

Dans le centre du Chili subsistent quelques noms de famille picunche : Calquín (Kalkin = aigle), Llanca (llangka = type de pierre semi précieuse), Quitral (kütral = feu).

Organisation sociale

Ils se réunissaient en groupes de 300 personnes environ dans de petits villages. Chaque maison contenait une trentaine de personnes (famille élargie). Ils construisaient aussi des forts dans des ravins et des endroits rocheux pour s’abriter en temps de guerre. L’organisation de base était le lof. Un ensemble de lof composait le rewe (en mapudungun veut dire lieu pur ou vrai lieu). Le rewe s’organisait en Ailla rewe (neuf rewe), 2 Ailla rewe réunis formaient un Fütaelmapu, grand territoire.

Espace Mapuche

Le territoire habité par le peuple mapuche est organisé autour de quatre points, qui sont des identités territoriales associées aux points cardinaux.

Pikun mapu ("Terre du nord")
Puel mapu ("Terre de l'Est")
Willi mapu ("Terre du Sud")
Lafken mapu ("Terre de l'Ouest")
En outre, la configuration de l'espace est représentée par le jour et la nuit, la vie et la mort ou les saisons de l'année.

La ruca

La ruca mapuche varie en matérialité et en forme selon la région où elle se trouve. Il existe des différences par rapport au lieu où il est construit en raison de différentes variables telles que le climat, le groupe culturel et les besoins, entre autres.

ruca mapuche en 1930 De Desconocido - http://www.fund-edlb.org/postales.htm, Dominio público, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=9010044

Caractéristiques sociales

Ils étaient polygames, un homme pouvait avoir autant de femmes qu’il le souhaitait sous condition qu’il puisse les acheter.

Les femmes cultivaient la terre et préparaient les repas.

Pour un père, donner une fille en mariage signifiait donc a une perte de terres cultivées et une perte de couvertures qui servaient de moyen d’échange.

Le marié devait dédommager le futur beau-père en lui donnant en échange des lamas, des couvertures et le Makuñ dont le montant était convenu avant le mariage.

Les jeunes mariés devaient activer leur propre ruka (maison). Des parents et amis venaient les aider à la construire avec le système du mingako (minga), un travail communautaire. En contrepartie les mariés offraient les repas et la chicha de maïs.

Croyances

Il y a peu de connaissances sur leur système de croyances d’autant plus que l’évangélisation des prêtres catholiques espagnols a éradiqué ou intégré leurs rituels ou croyances dans les pratiques catholiques. C’est le cas du baile chino.

Dans la vallée du Mapocho, les pratiques religieuses incas étaient pratiquées comme le sacrifice de l’enfant du Cerro el Plomo. La population était influencée par les Diaguitas même si leur base culturelle était Mapuche.

Dans le centre du Chili subsistent quelques noms de famille picunche : Calquín (Kalkin = aigle), Llanca (llangka = type de pierre semi précieuse), Quitral (kütral = feu).

Chili : Le peuple Pikunche

image ci-dessus

Le territoire Pikún mapu

En mapudungun : pikun = nord, mapu= terre.

C’est le nom donné aux terres qui se trouvaient au nord du Meli Witran mapu, l’espace mapuche en tant que structure horizontale. Ce territoire était habité par les Pikunche qui ont été soumis à la domination des empires Incas et espagnol, contrairement aux Mapuche du sud du Bíobío.

Les frontières approximatives étaient du rio Itata au sud, du rio Choapa au nord, de la cordillère des Andes ) l’est (Puel Mapu, terre de l’est), à la cordillère côtière à l’ouest (Lafken mapu).

 

De Createaccount - Este archivo deriva de: Chile location map (+1998 agreement rectangle).svgsegún educarchile pueblos indígenas.gif, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=28132880

Vestiges de la Pucará de La Compañía dans le Pikunmapu.De I, Dominio público, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=824264

 

image

 

Rewe (rehue)

Le rewe est un autel utilisé par les Mapuche pour des cérémonies.

Le rewe ou kemukemu est un totem ou un tronc rivé au sol, entouré de branches de canelo (arbre sacré) disposées en rang et orné de drapeaux blanc, bleu, jaune et noir. Parfois son sommet représente un visage humai,. Il symbolise la connexion avec le cosmos, c’est un symbole de grande importance qui est utilisé lors des célébrations comme la machitún, le guillatún, le We Tripantu (nouvel an Mapuche)

Le rewe du Pikunmapu est sculpté comme un escalier qui püram (Mapudungun : püram 'monte') vers le Pikun Mapu (est), comme le rewe du machi, car ce sont les territoires où le newen (pouvoir) du kalfu (Mapudungun : kalfu 'bleu') est fort.

source pour cet article : wikipedia en espagnol

Un rehue destiné aux rogatives dans le pikun mapu - De Lin linao - Trabajo propio, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1370421

Commentaire de la vidéo (traduction carolita source)

Un récit de l'histoire du territoire Mapuche - Pikunche dans la vallée centrale : ils ont résisté à l'invasion des Incas puis à celle de la couronne espagnole. De ce génocide et de cette conquête, qui visaient à obtenir de l'or, des richesses, du pouvoir et des terres, sont nées les premières fondations où s'est développé et perpétué le colonialisme dans le Pikún Mapu, en construisant des forts militaires, des gouvernorats, des routes, des établissements miniers, des villes et des églises pour changer - par la force et la manipulation - la cosmovision Mapuche - Pikunche qui était vécue dans la vallée centrale pour les religions occidentales. L'Église a joué un rôle clé dans ce colonialisme génocidaire et dans la dépossession territoriale et culturelle des peuples autochtones.
C'est ce processus historique qui a généré les conditions du processus de colonisation suivant, désormais mené par l'État chilien à partir de 1810.
Le Wallmapu subit actuellement une quatrième invasion, la première inca, la deuxième espagnole, la troisième chilienne avec les colons européens et la quatrième par les entreprises transnationales et leur puissante influence à l'ère de la mondialisation. Dans toutes ces phases, il y a un principe continu, si vous cessez de résister, vous cessez d'exister.
Dans une ville comme Santiago, il y a toujours une histoire sanglante. Et aujourd'hui, une modernité aliénante fait vivre et survivre les gens dans une machine accélérée de consommation, de technologie, de spectacle, de pollution, d'individualisme et de matérialisme, de mécanisation de la vie et de ses phénomènes dans une bulle occidentale d'où l'on ne peut pas regarder au-delà, un faux bonheur avec des besoins inventés et des histoires racontées par les conquérants pour justifier et décorer leurs invasions et leurs génocides. Malgré cela, une nouvelle génération de Mapuche émerge des profondeurs de la terre pour renforcer et récupérer, autour de leurs propres visions culturelles et spirituelles, l'héritage des Mapuche kuifi kimun ka feyentun.
Dans le Pillan Wingkull, une colline emblématique Pikunche dans la vallée centrale, se concentre un puissant lien spirituel impossible à résumer par des mots. Un savoir ancien jaillit de là, un patrimoine vivant qui permet aux jeunes et aux familles de se redécouvrir et donc de retrouver leurs propres racines mapuche au milieu de la capitale du colonialisme. Sous les immenses constructions et bâtiments neufs, les connaissances anciennes continuent de fleurir. Vous ne pouvez pas savoir où vous allez si vous ne savez pas d'où vous venez.
Ils sont nés dans le béton, mais dans leurs paroles, il y a une ascendance vivante qui résiste à l'épreuve du temps. Dans leur regard se trouve la cosmovision mapuche qui n'a jamais pu s'éteindre et qui, aujourd'hui plus que jamais, gagne en force, en validité, en sens, en raison, en profondeur et en légitimité. La tendresse de la terre mère, la discipline des guerriers, la sagesse des étoiles, la médecine des plantes, le message implicite du gazouillis des oiseaux, l'unité, la solidarité et l'affection qui se génèrent au sein des communautés, l'énergie et la synchronisation des cérémonies, où convergent des éléments, des connaissances et des forces qui vont au-delà de ce monde terrestre, sont autant de signes qu'il existe d'autres modes de vie, différents et même antagonistes au système dominant contemporain. Il est clair qu'à partir de nos racines, nous pouvons reconstruire le passé, lutter dans le présent et nous projeter dans l'avenir.

Ci-dessous un article complémentaire : 

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Chili, #Peuples originaires, #Mapuche, #Pikunche

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article