L'obsolescence programmée de l'espèce humaine

Posté le 16 / juillet / 2021 par zapateando
Hôtel Abyss

L'obsolescence programmée de l'espèce humaine

Javier Hernández Alpízar

Nous pourrions poursuivre la fable de Juan José Arreola "El prodigioso miligramo/Le prodigieux milligramme". Elle se termine lorsque toutes les fourmis, fascinées par l'objet merveilleux qui a donné tant de prestige au porteur du prodigieux milligramme, au lieu de chercher de la nourriture à stocker, se consacrent à trouver et à apporter à la fourmilière les objets les plus exotiques en quête de gloire et de glamour, laissant de côté la survie de la fourmilière.

Nous pourrions dramatiser en décrivant une communauté de fourmis aliénées qui rivalisent dans un marché spéculatif de prestige pour les objets les plus inutiles et les plus bizarres, en méprisant et en se moquant des fourmis "médiocres" qui n'apportent que de la nourriture et des provisions, sous prétexte de "souveraineté alimentaire".

Nous illustrerions la répression des premières fourmis ouvrières qui appellent au bon sens et demandent à travailler pour se nourrir et non pas à suivre la folle recherche de milligrammes inutiles qui ne sont pas mangés et remplissent l'espace où elles devraient stocker des réserves pour survivre à l'hiver ou à une sécheresse.

La course folle à l'extinction atteindrait son paroxysme lorsque les fourmis guerrières tueraient toutes les fourmis dissidentes qui cherchent de la nourriture et ne se comportent pas comme une fourmi-cygne dont le beau et inutile chant consiste à apporter à la fourmilière des objets non comestibles, beaux, inutiles et glamour, dans une course effrénée à la famine de masse.

Déjà Pétrone, dans le Satiricon, dans les fragments de texte qui subsistent, raconte l'anecdote d'un inventeur ingénieux d'un verre incassable. Il en apporte un en cadeau à César. Il fait semblant de le laisser tomber, pensant que l'empereur sera étonné de voir un objet en verre apparemment fragile tomber sans se briser.

C'est l'audacieux créateur qui est surpris, lorsqu'il entend César appeler les gardes et leur ordonner d'exécuter l'inventeur. Le malheureux demande pourquoi il est condamné à mort et entend le roi dire : "Parce que ton invention ruinerait les verriers".

Avant le capitalisme, toutes les choses avaient une date d'expiration : rien ne dure éternellement. Mais le capital, sa soif insatiable de profit, sa personnalité de roi Midas psychopathe-sociopathe, a accéléré l'expiration de tous les produits qui pouvaient être durables. Selon le même postulat du César romain de Pétrone : les biens durables conduiraient à la ruine des capitaux avides de ventes, de grandes réalisations.

Le problème s'est amplifié avec la civilisation du pétrole et de tous ses dérivés, un monde aussi plastique que celui de la chanson de Rubén Blades. La péremption, l'obsolescence programmée de tous les biens faussement appelés "non périssables", s'est combinée à la durabilité excessive des déchets plastiques, chimiques (par exemple ceux qui incluent du chlore dans les composés organiques) et radioactifs.

Si seulement Günther Anders était vivant, pour qu'il puisse écrire l'essai L'obsolescence planifiée de l'espèce humaine. Cependant l'espèce entière, notre destin lié au mode de destruction capitaliste, nous écrivons l'essai de ce crime, cette expérience que nous faisons avec notre propre humanité et avec la vie de la planète. Le jeu peut s'appeler : "que se passera-t-il si nous continuons à tuer tout ce qui est vivant sur la planète ?". Le résultat arrivera à temps, car les lois de la nature sont insoutenables et indifférentes aux mensonges de la post-vérité.

traduction carolita d'un article paru sur zapateando le 16 juillet 2021

La obsolescencia programada de la especie humana

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