Brésil : Une étude prouve que les terres indigènes empêchent la déforestation et sont essentielles pour maintenir la forêt debout

Publié le 4 Juillet 2021

Mercredi 30 juin 2021

Tainá Aragão
ISA

Les chercheurs Antonio Oviedo (ISA) et Juan Doblas (Inpe) ont analysé 33 ans d'utilisation des terres et ont constaté que les zones protégées contribuent énormément au patrimoine socio-environnemental du Brésil.

La Société brésilienne pour l'avancement des sciences a publié en juin le recueil "“Povos Tradicionais e Biodiversidade: Contribuições dos povos indígenas, quilombolas e comunidades tradicionais para a biodiversidade, políticas e ameaças/"Peuples traditionnels et biodiversité : contributions des peuples indigènes, quilombolas et communautés traditionnelles à la biodiversité, politiques et menaces", qui montre l'efficacité des terres autochtones, des unités de conservation et des territoires quilombolas pour freiner la déforestation au Brésil. L'article, rédigé par les chercheurs Antonio Oviedo (ISA) et Juan Doblas (Inpe), prouve que les terres indigènes sont les territoires traditionnels qui préservent le plus la forêt : seuls 2% de la couverture ont été perdus.

L'article a analysé les trajectoires de changement d'utilisation des terres pendant 33 ans (entre 1985 et 2018) à partir de la collection MapBiomas 4.1, et a évalué la déforestation dans les territoires autochtones et les zones tampons, dans tous les biomes brésiliens. Les résultats ont montré l'efficacité des zones protégées dans le maintien du couvert forestier, renforçant leur rôle de bouclier contre la déforestation et soulignant la nécessité de renforcer les politiques publiques pour protéger ces territoires.

Dans le biome amazonien, par exemple, les Terres indigènes et les Unités de conservation d'utilisation durable présentent une tendance positive de plus de 90% de maintien de la forêt sur pied dans leurs territoires, si on les compare aux zones entourant les aires protégées. Selon Antonio Oviedo, chercheur de l'ISA, les résultats obtenus dans cette étude apportent une contribution importante à l'analyse des territoires traditionnellement occupés, ainsi qu'à la formulation de politiques publiques qui renforcent le rôle et garantissent la contribution positive de ces territoires dans la protection de l'environnement.

"Contrairement aux récentes propositions législatives, qui affaiblissent les politiques environnementales et violent les droits et la protection des peuples autochtones et des populations traditionnelles, l'étude révèle l'énorme contribution des zones protégées au patrimoine socio-environnemental du pays et comment les mesures auxquelles nous assistons s'avèrent inintelligentes pour le développement durable du pays. ", dit le chercheur.

En outre, l'étude souligne que la logique de développement qui favorise la suppression des forêts n'est manifestement pas la meilleure façon de favoriser le développement du pays. "Même le secteur productif, qui est celui qui bénéficie le plus des services environnementaux fournis par les zones protégées et qui soutient les mesures de démantèlement, risque de souffrir à court terme", ajoute M. Oviedo.

Points forts

Les résultats ont porté sur 1 636 territoires traditionnellement occupés par des peuples autochtones et des populations traditionnelles (terres autochtones, unités de conservation de l'utilisation durable et territoires quilombolas) et indiquent une progression de la déforestation au fil du temps, cette tendance étant plus marquée dans les environs des territoires qu'à l'intérieur de ceux-ci.

L'analyse des tendances des trajectoires différentielles du couvert végétal montre que les territoires traditionnels ont systématiquement moins déboisé à l'intérieur par rapport à leur environnement dans tous les biomes. Lorsque nous évaluons la tendance à la déforestation des territoires traditionnels par rapport à la moyenne du biome, la performance est encore meilleure.

Pour les six biomes étudiés, les résultats montrent un déficit de couverture végétale naturelle, d'ici 2018, de 2,95 millions de kilomètres carrés. Les biomes de la forêt atlantique, du Cerrado, de la Pampa et de la Caatinga présentent des déficits alarmants de couverture végétale naturelle.

En Amazonie, la couverture végétale naturelle occupe encore une grande partie des terres indigènes et des UC pour une utilisation durable. Nous pouvons observer que, même pendant la période d'augmentation de la déforestation entre 1991 et 2004, résultant de la pression de l'expansion de l'agrobusiness et qui a augmenté la déforestation dans le biome de 93%, l'efficacité de la réduction de la déforestation dans les terres indigènes et les UC d'utilisation durable a été plus grande par rapport aux pertes dans le biome.

Le Cerrado est devenu le grenier du pays, répondant aujourd'hui à 60% de la production nationale de soja, de maïs, de coton et de canne à sucre, et accumulant, entre 2000 et 2015, une augmentation de 87% de la surface productive. Cependant, cette dynamique a déjà apporté au biome des impacts sur la gestion des ressources en eau et des conflits fonciers, qui exercent une pression et menacent les territoires d'occupation traditionnelle des peuples autochtones et des populations traditionnelles.

Cependant, ces territoires dans le Cerrado ont été, en moyenne, efficaces dans la protection contre la déforestation. Les valeurs obtenues pour la déforestation différentielle (quantité de végétation naturelle enlevée dans les environs d'un territoire moins la quantité enlevée à l'intérieur du territoire) sont plus élevées que les valeurs correspondantes en Amazonie, ce qui suggère un contexte de plus grande pression et de plus grande résistance des territoires étudiés.

Dans la forêt atlantique, les résultats sont inquiétants. Les unités de conservation de la forêt atlantique présentent des valeurs de déforestation supérieures à celles de leurs environs à partir de 2003, ce qui peut être une conséquence de la consolidation de l'occupation des espaces privés dans le biome et du débordement consécutif de la déforestation sur les zones publiques. Malgré cet effet, les territoires d'occupation traditionnelle par les peuples autochtones et les populations traditionnelles contribuent à conserver le peu qui reste de la forêt atlantique. C'est le cas de la vallée de Ribeira, au sud de l'État de São Paulo, qui concentre une grande diversité de territoires quilombolas et de terres indigènes.

Dans la Caatinga, les terres indigènes sont très efficaces pour protéger la couverture végétale. Les taux négatifs de prélèvement de la végétation indigène révèlent la capacité de régénération de ces territoires et la mise en place d'une gestion durable du biome à long terme.

Dans le biome de la Pampa, les terres indigènes ont considérablement protégé la végétation à l'intérieur, par rapport aux zones environnantes. Les QT, quant à eux, ont subi une plus grande pression interne. Dans le biome du Pantanal, les résultats montrent que jusqu'en 2014, la déforestation à l'intérieur des TI était similaire à celle de la zone environnante. Cependant, à partir de cette période, la déforestation a commencé à être plus importante à l'intérieur du territoire, ce qui peut représenter une tendance très inquiétante.

L'approche proposée dans l'étude par l'analyse des trajectoires de déforestation met en évidence la relation entre les aspects culturels et les modes de production de la terre dans les territoires d'occupation traditionnelle. Les populations indigènes et traditionnelles vivant dans ces territoires développent des modes de production et de gestion des ressources naturelles adaptés aux conditions environnementales, qui favorisent le maintien effectif de la couverture végétale naturelle.

traduction carolita d'un article paru sur le site de l'ISA le 30 juin 2021

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