Mexique : Lettre au collectif "Le temps des peuples est venu"

Publié le 23 Juin 2021

21 JUIN 2021

Au collectif "Le temps des peuples est arrivé".

 

Recevez les salutations chaleureuses de la Coordination du Congrès national indigène/Conseil indigène de gouvernement (CNI/CIG). Nous vous écrivons pour vous demander votre soutien dans une situation similaire à celle de nos frères et sœurs zapatistes dans leur Voyage pour la vie, chapitre Europe.

Comme il est de notoriété publique et comme vous le savez certainement, l'Armée zapatiste de libération nationale, partie intégrante du Congrès national indigène (CNI), a invité ce dernier à participer avec une délégation au chapitre européen du Voyage pour la Vie qui a été volontiers approuvé, selon nos modalités, par une Assemblée nationale du CNI tenue dans la digne ville de Tepoztlán, Morelos, les 23 et 24 janvier de cette année.

Nous avons décidé de participer avec plaisir à ce voyage significatif car nous sommes conscients de son importance historique. Dans ces moments, il est crucial de découvrir la perversion et la manipulation avec lesquelles les puissants traitent la conquête de nos peuples, de défendre la vie, d'assumer une position anticapitaliste et de se rapprocher des luttes et des résistances de l'Europe d'en bas, de ceux d'en bas et de ceux d'en dessous de ce monde.

C'est le cas que nous avons décidé d'intégrer une délégation représentative des résistances de nos peuples, une délégation qui peut être la voix des luttes et de la vie quotidienne des peuples indigènes qui intègrent le CNI. Cette délégation est composée de sœurs et de frères de tout le pays, de sœurs et de frères qui résistent au mal nommé train Maya, au corridor transisthmique, au projet intégral de Morelos, à l'exploitation minière rapace, à l'endiguement des rivières, à la dépossession des terres, à l'accaparement de l'eau, bref, à la destruction illimitée de la terre au profit de quelques capitalistes en quête de profit, bien sûr, toujours soutenus par les mauvais gouvernements qui sont complices et maîtres de leurs actions et décisions.

Depuis leur nomination, nos délégués ont entamé les procédures légales pour pouvoir se rendre en Europe et ainsi accompagner le voyage zapatiste. Cependant, nous nous sommes heurtés à toutes sortes de procédures et d'obstacles bureaucratiques, imprégnés de racisme et de mépris, dans la recherche d'un passeport au bureau appelé le Secrétaire des relations extérieures.

Avec des raisons risibles et racistes, ils ont refusé les passeports à cinq de nos délégués, qui sont les suivants :

 

1. Isabel Valencia Hernández, déléguée de la communauté Otomí à Mexico.

2.- Pedro Cayetano González, délégué Náayeri/Wixarika de Nayarit.

3.- Romualda Hernández Hernández, déléguée nahua de l'isthme de Veracruz.

4. Norma Ramírez Chocolatl, déléguée nahua de la région des volcans de Puebla.

5. Marcela Méndez Hernández, déléguée du Conseil régional indigène et populaire de Xpujil à Calakmul, Campeche.

Des passeports leur ont été refusés pour des raisons presque absurdes : dans un cas parce que la mère de notre déléguée n'a pas son acte de naissance enregistré sur Internet ; un autre cas est similaire ; dans un autre cas parce que notre déléguée présente un acte de naissance de sa sœur qui ne contient pas les informations de ses parents.

Et un dernier exemple qui illustre le racisme et le mépris avec lesquels les gouvernements ont traité nos peuples dans ce pays colonial : dans les années 1980, par un décret présidentiel de Salinas de Gortari, Isabel Valencia Hernández et de nombreux Otomíes de la région d'Amealco ont été contraints de changer de nom de famille parce qu'ils n'étaient pas du goût des agences gouvernementales.  Maintenant, ils leur refusent un passeport parce que leur nom de famille ne correspond pas à celui de leurs parents et pour une série de raisons absurdes.

Nous voyons alors que ce pays appelé Mexique est pour quelques-uns, pas pour nous, pas pour nous ; à cause de notre couleur de peau, de notre culture, parce que nous n'avons pas accès à la technologie ou simplement parce qu'un fonctionnaire médiocre a pensé que nos noms de famille ne convenaient pas au Mexique du "premier monde" dont rêvaient ceux d'en haut. Nous voyons donc que le Mexique est un pays de condition coloniale où nous sommes de seconde zone, nous comptons peu ou pas pour les patrons du gouvernement.

Nous nous tournons donc vers vous, avec la confiance que nous avons en vous, pour vous demander de réfléchir à ce qui peut être fait et à la manière dont nos frères et sœurs zapatistes l'ont fait. Nous vous demandons votre soutien pour dénoncer ce que nous vous avons dit et pour voir si les responsables du gouvernement ont un peu honte et se souviennent de ce Mexique qui est le Mexique des peuples originels, de la géographie et des racines de ce qu'ils appellent la nation.

Recevez notre étreinte fraternelle et nous espérons vous voir bientôt et apporter, comme nos peuples et nos frères et sœurs zapatistes nous l'ont demandé, des paroles de résistance, de rébellion et d'espoir à l'Europe d'en bas, celle qui est rebelle, celle qui ne se laisse pas faire.

 

CORDIALEMENT

MEXICO, 17 JUIN 2021

PLUS JAMAIS UN MEXICO SANS NOUS

POUR LA RECONSTITUTION INTÉGRALE DE NOS PEUPLES

 MA. DE JESÚS PATRICIO MARTÍNEZ

traduction carolita d'un communiqué paru sur le site du CNI le 21 juin 2021

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