Mexique : Communiqué de l'O.C.S.S au CIPOG-EZ et au CNI-CIG
Publié le 1 Juillet 2021
27 JUIN 2021
À l'Armée zapatiste de libération nationale (Ejercito Zapatista de Liberación Nacional)
Au Congrès National Indigène
Au Conseil Indigène de Gouvernement
Aux peuples du Mexique et du monde
27 juin 2021, Tepetixtla, Coyuca de Benítez.
Nous, hommes et femmes des peuples paysans de la Costa Grande de l'état de Guerrero, nés de l'histoire de la dignité que nous ont enseignée les généraux Morelos, Guerrero et Zapata.
Aujourd'hui, en période de pandémie et d'élections. De vaccins et de millions de pesos dépensés en vanités politiques. Avec la présence évidente du crime organisé, qui a élargi la gamme de ses couleurs et qui, dans plusieurs cas, se revendique ouvertement "morenista".
Avec un recyclage clair des individus qui hier étaient corrompus et répresseurs et aujourd'hui sont appelés "camarades" du parti et qui génèrent la méfiance chez plus d'un. D'en haut, on parle de changement de régime, mais dans de nombreux cas, les promoteurs du "nouveau" régime sont nés et ont grandi politiquement sous le régime précédent. Ont-ils vraiment changé de vision politique ou ont-ils simplement changé de t-shirt ?
Les résultats nous font penser que nous verrons la deuxième partie du même jeu. Renforcer le capitalisme, attirer plus de capitaux, plus de transnationales, plus de monopoles ; plus de dépossession des peuples et des communautés ; revigorer l'État mexicain, le légitimer, sans corruption apparente et le rendre plus mince, afin qu'il soit plus facile d'opérer avec lui ; désactiver et délégitimer les mouvements sociaux et la protestation ; continuer à lyncher les critiques ; nier l'existence d'une gauche, il n'y a que des libéraux et des conservateurs.
Certains changements inévitables venant d'en haut seront maintenus. L'épuisement du néolibéralisme l'impose, il faut revitaliser le capitalisme, maintenir et récupérer les quotas de bénéfices des entreprises. La corruption aggrave la violence et fragilise les institutions de l'État. Elle représente aujourd'hui une perte pouvant atteindre l0% du PIB mexicain.
Mais, selon "nos données", les inégalités sociales, la pauvreté et la violence généralisée que connaît le Mexique ne trouvent pas leur origine dans la corruption, mais dans la logique d'une accumulation prédatrice et excluante, où coexistent le légal et l'illégal.
La lutte contre la corruption des agents publics est nécessaire, mais très insuffisante.
Les grands travaux tels que le train dit Maya ou le corridor interocéanique augmenteront le pourcentage de la population ayant un "emploi salarié", mais cela ne signifie pas qu'ils amélioreront leurs conditions de vie.
Beaucoup seront des emplois temporaires, mal payés et sans droits ni avantages. D'autres contradictions sociales seront également exacerbées car ces projets sont basés sur la dépossession et l'expropriation des terres des communautés et des villes qu'ils traverseront. Il y aura une plus grande concentration des richesses entre les mains de quelques-uns et cela permettra aux grandes entreprises et sociétés de la finance, de l'agroalimentaire, du tourisme et de l'immobilier d'accumuler davantage de capitaux et de renforcer leur domination.
Nous continuons de croire que les transformations dont le Mexique a besoin ne seront viables que si les fondements de la structure de la richesse et les relations de pouvoir et de domination violentes, exclusives, racistes et patriarcales sont modifiés. Et cela ne peut se faire que par le bas et la gauche.
La vie a fait de nous des imbéciles, et quels que soient nos efforts, nous ne pouvons pas nous convaincre que seul le fait de voter ou de soutenir le gouvernement permettra de résoudre les problèmes sociaux. Nous ne pouvons pas nous dire que nous devrions arrêter de nous battre, car il est risqué de protester, de se battre et de s'organiser. Nous n'aimons pas cette bouillie.
Dans le Guerrero, un nouveau concept, la "torita", qui n'est plus taureau, vache, veau. Que ceux de l'Académie de la langue guerrerense l'écrivent.
Nous n'avons aucun doute, le taureau va régner. Il ne s'agit pas de discrimination, mais d'une démarche politique. Nous ne pensons pas que la situation va beaucoup changer.
Nous garderons un œil sur le chat et un œil sur la gribouille, car dans la Sierra comme dans d'autres régions de l'État, le crime organisé fait son sale boulot, harcèle, agresse, fait disparaître et assassine d'honnêtes journalistes et des combattants sociaux.
Notre solidarité va aux compagnons du Conseil indigène et populaire Emiliano Zapata de Guerrero CIPOG-EZ et du Congrès national indigène (CNI) qui résistent dignement aux nouvelles et anciennes pratiques politiques néolibérales dans la région de la montagne et au Mexique.
Nous devons continuer à gratter avec nos ongles pour défendre la forêt, la terre, l'eau, les droits constitutionnels et les droits humains de nos compañeros et compañeras.
Mais nous sommes le 28 juin, une autre année, 26 ans maintenant, et la justice n'est pas arrivée. Les responsables du massacre d'Aguas Blancas restent impunis. Les principaux responsables continuent d'être protégés. Ils continuent à essayer de faire oublier et de rendre la société conforme avec des demi-vérités, des manœuvres politiques et la "punition" de ceux qui sont déjà sortis de prison, des boucs émissaires.
La révocation de la fonction publique peut-elle être assimilée à la mort des 17 compagnons et des plus de 23 blessés ? C'est ce qu'ils appellent la justice ?
Une année de plus où le rituel de l'aumône économique se répète.
Une année de plus pour le battement des poitrines, les pleurs et les vêtements déchirés de ceux qui ont vu les événements de loin, depuis les coulisses, et qui se disent maintenant "les vrais", "ceux qui sont directement" touchés.
Une année de plus pour voir la décomposition de certains, plus intéressés par les projets gouvernementaux que par l'organisation du peuple.
Certains des coupables sont encore en vie, d'autres sont morts, mais même s'ils meurent, ils sont toujours coupables. Et nous exigeons justice, vérité et punition.
Le principal coupable, l'ancien gouverneur Rubén Figueroa Alcocer. D'autres, le général Arturo Acosta Chaparro, aujourd'hui décédé, qui a participé à la planification et à l'exécution, le cabinet du gouvernement de l'État à l'époque, l'ancien président Ernesto Cedillo.
Et les complices, un pouvoir législatif local et fédéral et un appareil judiciaire fédéral et local qui garantissaient l'impunité.
Aujourd'hui, ils sont impunis, tant de pourriture, tant de misère humaine !
Tant que nous serons en vie, nous continuerons à exiger la justice pour le massacre d'Aguas Blancas !
Une fois de plus, nous nous souvenons des compagnons assassinés à Aguas Blancas avec l'engagement de continuer à lutter.
Que cesse la répression des collèges d'enseignants !
Que cesse la déforestation !
Que cesse l'agression contre les peuples et les communautés de Tierra Caliente !
Plus aucune personne déplacée par la violence, la pauvreté et l'oubli !
Punition pour les coupables de la disparition des 43 étudiants et de leurs morts !
Justice pour le compagnon SAMIR FLORES !
Nous exigeons que le nouveau gouverneur exécute la sentence de la Cour interaméricaine des droits de l'homme !
Pour l'unité des travailleurs, des paysans et des peuples indigènes !
Organisation paysanne de la Sierra del Sur
O.C.S.S.
Plus jamais un Mexique sans nous !
traduction carolita d'un communiqué paru sur le site du CNI le 27 juin 2021
COMUNICADO DE LA O.C.S.S AL CIPOG-EZ Y CNI-CIG. - Congreso Nacional Indígena
Al Ejercito Zapatista de Liberación Nacional Al Congreso Nacional Indígena Al Concejo indígena de Gobierno A los pueblos de México y el mundo A NUESTROS HERMANOS DE GUERRERO 27 de junio del 202...
http://www.congresonacionalindigena.org/2021/06/27/comunicado-de-la-o-c-s-s-al-cipog-ez-y-cni-cig/