Colombie : Des "patriotes", des "personnes bien" organisent l'attaque contre la minga et la grève nationale

Publié le 3 Juin 2021

2 juin 2021 


À LA COMMUNAUTÉ NATIONALE ET INTERNATIONALE

Les (127) autorités traditionnelles et les (10) peuples indigènes du Conseil régional indigène du Cauca CRIC-NATIONAL dénoncent le racisme et la discrimination qui se sont à nouveau activés contre les peuples indigènes du Cauca. Cette fois pour tenter de contenir par la force les protestations qui accompagnent la grève nationale.

Par le biais des réseaux sociaux, un groupe de "patriotes" autoproclamés promeut la création d'une bande armée dont l'objectif serait de se rendre au siège du Conseil régional indigène du Cauca, à Popayán, dans le Cauca, pour tenter par la violence d'intimider notre organisation.

"Nous allons nous dresser avec force, nous allons nous dresser avec force contre ces indigènes, nous allons mettre fin à la minga indigène compañeros, je vous invite à prendre les armes et à brûler cette minga indigène", déclare l'un des organisateurs du groupe.

"Nous devons mettre au point une bonne stratégie. En ce moment, ils viennent d'ouvrir l'autoroute panaméricaine, soi-disant pour trois jours, donc nous devons avoir assez de gens et les frapper le vendredi. Nous devons les frapper le vendredi à 10 heures du matin, nous réunir et les frapper là. C'est ce que nous devons faire. Donc ce qui va être fait : ce qui a été fait en 2019. " Le message faisait référence aux événements d'avril 2019, lorsqu'au cri de "terroristes", "dehors le CRIC" un groupe de citoyens, dont certains étaient habillés en blanc comme le font les "personnes bien" à Cali, ont bloqué le siège de notre Casa Grande et après des menaces répétées ils l'ont entrepris avec des bâtons et des pierres contre les bureaux de l'organisation, blessant plusieurs personnes qui étaient là.

Cette nouvelle mobilisation en cours vise à pointer du doigt le Conseil régional indigène du Cauca comme étant responsable des problèmes sociaux complexes dont souffrent la ville et le département du Cauca. Un problème qui est à l'origine de la grève nationale actuelle.

L'aveuglement politique et social de ces agitateurs, prophètes de la guerre et de la violence, cherche à semer la confusion dans la population et l'opinion publique en général, en ignorant le fait que la grève est une mobilisation menée par de nombreux acteurs sociaux organisés sur toute l'étendue du pays, et même accompagnés par des milliers de Colombiens qui se trouvent dans d'autres parties du monde, exilés de la violence et de la pauvreté. Ce sont des jeunes, des artistes, des travailleurs, des chômeurs, des travailleurs informels, des paysans, des femmes, des étudiants, des professeurs, des enseignants, et pas seulement des autochtones.

Dans une ville où le taux de chômage avoisine les 20%. Alors que plus de 50% de la population active est employée de manière informelle et précaire. Et où la pauvreté monétaire a augmenté de 16% en 2020, accentuant sa position comme l'une des villes les plus pauvres de Colombie, il est logique que ses larges majorités soutiennent la grève nationale, comme le reste des départements de Colombie.

C'est pourquoi nous dénonçons publiquement ces soi-disant "patriotes", "personnes bien", qui en ce moment appellent à la violence armée contre la grève nationale et désignent directement notre organisation indigène comme un acteur terroriste et violent. Ces menaces maintiennent en alerte les secteurs mobilisés de la grève nationale, notamment les peuples et la garde indigène.

Nous appelons la communauté internationale, et en particulier les organisations de défense des droits de l'homme qui ont désormais les yeux rivés sur la Colombie, à accompagner le développement de la grève nationale, afin de garantir une enquête impartiale sur les attaques violentes contre les manifestations, qui ont jusqu'à présent donné lieu à un bilan lamentable de blessés et de morts. De même, vérifier que la solution que nous, les secteurs sociaux mobilisés, cherchons n'est pas résolue par des mensonges et des manipulations dans les médias, et encore moins par ce genre d'attaques racistes, mais dans un dialogue national qui doit s'exprimer à chaque niveau territorial afin de faire avancer les changements dont le pays a besoin.

COMPTEZ SUR NOUS POUR LA PAIX, JAMAIS POUR LA GUERRE.

Popayán, 02 Juin, 2021

traduction carolita d'un communiqué du CRIC paru le 2 juin 2021

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