Pérou : Rejet de l'approbation de la loi qui favorise les routes dans les territoires indigènes d'Ucayali

Publié le 23 Mai 2021

 

Image aérienne de l'"arête de poisson (espina de pescado)" en référence au schéma de déforestation à partir d'une route, enregistrée dans le Rondônia, Brésil. Image : Google
 

Une loi approuvée par le Congrès de la République met en danger la vie des habitants des communautés indigènes d'Ucayali.

Servindi, 22 mai 2021 : "Nous nous déclarons contre un développement qui nous exclut, qui nous repousse et qui place les intérêts économiques de quelques-uns au-dessus de nos droits".

C'est ce qu'affirme l'Organisation régionale AIDESEP Ucayali (ORAU), après l'approbation, vendredi 21, d'un projet de loi qui favorise la construction de routes dans les territoires des peuples autochtones d'Ucayali.

Dans une déclaration, l'organisation autochtone dénonce le fait que les communautés de la région n'ont été consultées à aucun stade de l'élaboration de cette initiative législative.

Ils préviennent également que la zone envisagée par le projet traverse une dizaine de communautés des peuples Shipibo et Ashaninka, ainsi que le territoire du peuple Isconahua, en isolement volontaire.

Les nouvelles routes dans ces territoires signifieraient également une augmentation des activités illégales et une augmentation des menaces sur la vie des dirigeants et des leaders indigènes de la région.

L'ORAU avertit que le tracé de la route coïncide avec le bassin du rio Abujao où le trafic de drogue est présent et où il existe un contexte de violence qui a coûté la vie à huit défenseurs indigènes.

Le projet aurait des impacts socio-environnementaux sur le parc national de la Sierra del Divisor et sur la zone de conservation communale régionale Alto Tamaya - Abujao, proposée depuis 2015.

Approbation du Parlement

C'est dans la nuit de vendredi à samedi que l'assemblée plénière du Congrès de la République a approuvé la proposition législative qui menace le bien-être des peuples indigènes d'Ucayali.

Avec 86 votes en faveur, l'avis du projet de loi 06486/2020 qui déclare de nécessité publique l'intégration multimodale durable entre Pucallpa et les états limitrophes du Brésil a été approuvé.

En outre, il a été immédiatement exempté d'un second vote et les propositions visant à ce que le projet de loi soit examiné par la Commission des peuples andins, amazoniens, afro-péruviens, de l'environnement et de l'écologie ont été rejetées.

La loi, rédigée par César González Tuamaná, membre du Congrès de Somos Peru, a été approuvée à l'unanimité par la Commission des transports et des communications il y a plusieurs mois.

En défendant la proposition législative et avec des idées contradictoires, les congressistes ont démontré la vision mercantile qu'ils ont du territoire amazonien.

Dans un premier temps, le promoteur de la loi a souligné, outre l'aspect "durable" du projet, son caractère "multimodal", ce qui n'impliquait pas nécessairement la construction d'autoroutes.

Cependant, les membres du Congrès d'Alianza para el Progreso et d'Acción Popular ont soutenu la proposition car ils considèrent les routes comme des éléments clés du "développement de la région".

Avec des arguments similaires, ils ont rejeté les positions opposées. Ils n'ont pas pris en considération le fait que les autoroutes en Amazonie sont le meilleur moyen de promouvoir l'invasion des territoires indigènes et la déforestation.

Une nouvelle autoroute interocéanique ?         

Le bureau du médiateur a déploré, par le biais de réseaux, que l'approbation de ce projet ait été faite en ignorant les risques qu'il entraînerait pour les peuples indigènes et l'Amazonie.

Il convient de noter que l'association Droit, environnement et ressources naturelles (DAR) avait prévenu à l'avance que cette initiative "ouvre les portes à une nouvelle autoroute interocéanique".

Outre les menaces que représente ce projet, la déclaration de la DAR a mis en évidence les lacunes des études environnementales et des éventuels avantages économiques qui seraient enregistrés.

La note du DAR se termine en soulignant la responsabilité des congressistes de collecter les informations nécessaires pour garantir la satisfaction des besoins de la population locale.

Il convient de rappeler que ce projet de loi est admis alors que la date de la session de la Plénière des Peuples indigènes et de l'Environnement n'a pas encore été fixée.

Un article traduit sur ce blog à ce sujet :

http://cocomagnanville.over-blog.com/2021/04/perou-pucallpa-cruzeiro-do-sul-l-autoroute-qui-pourrait-declencher-la-violence-a-ucayali.html

Vous trouverez ci-dessous la déclaration complète de l'ORAU :
 

traduction carolita d'un article paru sur Servindi.org le 22/05/2021

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