Nouveaux décès en Colombie un mois après la grève
Publié le 31 Mai 2021
Les Nations unies et la CIDH ont signalé entre 13 et 14 décès au cours de la journée de manifestations du 28 mai. Ils demandent instamment la fin des violences et appellent l'État à dialoguer avec la population.
Servindi, 30 mai 2021 - Les organisations internationales des droits de l'homme ont condamné la mort de 13 à 14 personnes lors des manifestations du 28 mai en Colombie, développées un mois après la grève nationale.
Avec ces décès, le nombre de personnes tuées pendant les manifestations est passé à 43 selon les organisations locales, bien que le gouvernement ne reconnaisse que 17 décès liés aux manifestations.
Le mécontentement, qui a explosé avec une proposition de réforme fiscale, a été exacerbé par l'élargissement des écarts sociaux et les allégations de brutalité policière pendant les manifestations.
Les Nations unies (ONU) et la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) ont rejeté la violence et appelé l'État colombien à renforcer le dialogue entre toutes les parties.
Plus de décès condamnés
La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a exprimé sa préoccupation face aux violences enregistrées le 28 mai en Colombie.
Dans une déclaration, elle a regretté le rapport qui est parvenu à son bureau faisant état d'au moins 14 morts et 98 blessés, dont 54 par armes à feu, enregistrés dans la ville de Cali.
"Le bureau] a reçu des informations sur des individus armés, dont un officier de police judiciaire qui n'était pas en service, qui auraient tiré sur des manifestants", est-il précisé.
Pour sa part, la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) a condamné et regretté les événements qui, selon les rapports, ont fait "au moins 13 morts violentes et 36 blessés".
La CIDH s'est également déclarée préoccupée par les informations selon lesquelles les attaques par balles contre les manifestants provenaient de personnes habillées en civil, au vu et au su des forces de l'ordre.
La déclaration des deux organisations internationales a été faite ce dimanche 30 mai sur leurs réseaux sociaux respectifs.
Un mécontentement intact
Les manifestations du 28 mai en Colombie ont été convoquées pour commémorer un mois de la grève nationale qui a débuté précisément le 28 avril.
Bien que la plainte initiale ait été formulée contre une réforme fiscale qui visait à augmenter considérablement les impôts sur les classes moyennes et inférieures du pays, les manifestations ont ensuite été élargies.
Les manifestations se sont ensuite orientées contre le projet de privatisation du système de santé, l'augmentation de la pauvreté et des inégalités, et les assassinats de leaders sociaux.
Ce malaise a été alimenté par l'indignation générée par la répression policière brutale constatée lors des manifestations, la violence a encore été enregistrée lors de la journée du 28 mai.
Jusqu'à présent, les manifestations ont eu des résultats importants, comme le retrait du projet de réforme fiscale (2 mai) et l'annulation de la réforme de la santé (19 mai).
Elles ont également frappé le pouvoir politique dirigé par le président Ivan Duque, qui a vu la démission de trois personnes proches de son gouvernement.
Il s'agit du ministre des finances, Alberto Carrasquilla, de la ministre des affaires étrangères, Claudia Blum, et du haut commissaire pour la paix, Miguel Cabellos (23 mai), qui dirigeait le dialogue avec les secteurs de la grève.
Avant la manifestation du 28 mai, il avait été annoncé qu'un pré-accord avait été conclu entre le Comité national de grève et le gouvernement ; toutefois, cela n'a pas encore été rendu officiel.
Ce qui a été officialisé ces derniers jours, c'est le nombre de victimes enregistrées lors des manifestations.
Le ministère de la Défense a reconnu ce samedi 29 mai qu'au moins 45 civils sont morts en Colombie entre le 28 avril et le 28 mai.
Toutefois, sur ce total, seuls 17 décès sont considérés comme liés aux manifestations, 9 en cours de vérification et 19 "non liés aux protestations".
Ces chiffres sont loin de ceux avancés par des organisations de défense des droits de l'homme telles qu'Indepaz et Temblores, qui évaluent à 43 le nombre de décès qui auraient été causés par les forces de sécurité.
Temblores a également signalé 1133 victimes de violences physiques, 1445 détentions arbitraires et 648 interventions violentes dans le cadre de manifestations pacifiques.
Le bureau du procureur général, quant à lui, a signalé 129 personnes disparues entre le 28 avril et le 23 mai, et qui n'ont pas encore été retrouvées.
Réitérer l'appel au dialogue
Les épisodes de violence et les chiffres de la terreur enregistrés en Colombie ont conduit les organisations internationales à réitérer leur appel au dialogue avec l'État colombien.
Carlos Ruiz Massieu, représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies en Colombie, a publié une déclaration dans ce sens le 29 mai.
" Je demande à tous les acteurs de prévenir et d'éliminer la violence [...]. En toute circonstance, même les plus difficiles, nous devons promouvoir le dialogue", a-t-il écrit.
Michelle Bachelet, haut commissaire des Nations unies, a également souligné que "seul le dialogue peut résoudre les demandes des différents groupes" qui soutiennent ou sont contre les manifestations.
La CIDH, qui a exhorté l'État colombien à enquêter et à punir les responsables de ces décès, a également appelé au dialogue pour trouver une solution au problème.
" [La CIDH] lance un appel urgent à l'État pour qu'il renforce le dialogue entre toutes les parties et réitère sa volonté de contribuer à ce processus ", a-t-elle déclaré dimanche 30 mai.
traduction carolita d'un article paru sur Servindi.org le 30/05/2021
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