Nous voulons rester en réseau après la tournée zapatiste : collectifs de Grèce Comité de coordination Thessalonique-Chalkidiki
Publié le 29 Mai 2021
Coordinadora Tesalónica-Calcídica
27 mai 2021
La lutte zapatiste, tant leurs mots que leurs silences, est une source d'inspiration constante pour nous depuis 1994, c'est pourquoi nous avons été solidaires avec eux toutes ces années, et c'est aussi pourquoi nous attendons cette "invasion" depuis longtemps. Les plus jeunes membres participent au Voyage pour la Vie, ils considèrent aussi que c'est leur propre voyage, ils veulent rencontrer les zapatistes et partager leurs luttes, leurs combats et leurs horizons. Nous pourrions dire que notre invitation est une réponse évidente au défi zapatiste : une occasion de relire leur histoire, de construire sur ce qu'ils ont construit, de nous inspirer à nouveau et de nous mettre en réseau.
La coordination locale de Thessalonique-Chalcidique participe à l'organisation du Voyage pour la Vie, non seulement pour mettre en lumière les luttes d'un côté et de l'autre de l'Atlantique, mais pour ouvrir dans l'espace public, en dialogue et en action, tous les aspects de la vie et de sa construction par le bas. Nous voulons faire connaître les principes et la forme d'organisation des zapatistes à un plus grand nombre de personnes, et réaliser "quelque chose de simple" : ouvrir des routes là où elles n'existent pas et rendre possible l'impossible. Peut-être parviendrons-nous aussi à quelque chose de plus difficile : rester après le voyage et transformer les réseaux qui se sont formés pour la coordination du voyage en outils de lutte.
Pour l'accueil des zapatistes, huit coordinations locales ont été formées par des groupes, des collectifs et des individus, des coordinations thématiques, sur les luttes des femmes et des homosexuels, pour la Terre et la Liberté, la santé, l'éducation, l'autonomie, l'autogestion, la culture, l'autogestion des travailleurs et l'autre économie. Tous ces coordinateurs (locaux et thématiques) forment le comité de coordination du Panhellenic, qui fonctionne avec une assemblée horizontale de délégués. C'est par le biais de cette assemblée que sont prises les décisions clés sur la manière d'aller de l'avant. De même, au niveau national, il existe trois groupes de travail chargés de la communication, des finances et de l'agenda.
Mais le plus important pour l'accueil des compañer@s est le fait que divers événements ouverts sont organisés pour connaître les aspects du zapatisme dans tous les territoires de résistance de notre géographie.
Il nous semble important d'ajouter qu'aujourd'hui, la préparation de l'accueil des zapatistes implique un large éventail de collectivités dans presque toute la géographie appelée Grèce, bien plus large que les groupes de solidarité avec la lutte zapatiste, (qui bien sûr ont eu l'initiative de convoquer cette réunion et ont donné l'impulsion pour la naissance du Comité Panhellénique de Coordination). En ce moment, des personnes qui participent activement à presque toutes les luttes, petites ou grandes, qui ont lieu dans notre géographie, se préparent - avec joie - à rencontrer nos sœurs et frères zapatistes.
Le Comité de coordination Thessalonique-Chalcidique, dont nous faisons partie, est un réseau de collectifs créé en novembre 2020 pour accueillir les compañer@s zapatistes dans notre géographie et partager avec eux nos luttes, nos douleurs et nos espoirs. Dans ce réseau, 33 collectifs, organisations et groupes politiques, squatters, centres sociaux, projets dans le domaine de la santé, de l'éducation, de l'autogestion du travail, du sport, de l'information alternative et des collectifs d'édition, qui font partie du mouvement anarchiste, anti-autoritaire, libertaire et anticapitaliste plus large dans notre région, participent horizontalement. En tant que coordinateur local de Thessalonique-Chalcidica, nous participons à la coordination panhellénique pour le voyage zapatiste.
Ces dernières années, en tant que Coordination, nous avons participé à plusieurs luttes dans notre région, parmi lesquelles la défense de la terre, comme celle de la forêt de Skouries en Chalcidique. C'est la résistance contre une mine d'or à ciel ouvert et une usine de traitement de l'Eldorado Gold Corporation du Canada. C'est un combat emblématique au niveau national pour ceux d'entre nous qui sont contre le pillage de la nature et qui savent que derrière le mot "investissement", il y a du pillage. En outre, au niveau européen, nous avons rejoint les luttes de "No Tav" et de "ZAD".
Nous avons également accompagné le mouvement étudiant contre l'autoritarisme et la privatisation de l'université de Thessalonique, qui a réussi à stopper la tentative de l'État de contrôler le territoire universitaire en installant la police universitaire sur le campus en mars 2021. Grâce aux manifestations étudiantes, le campus universitaire est passé du statut de lieu menacé par la police à celui d'espace réapproprié d'action et de rencontre collective.
Les collectifs de la coordination soutiennent les luttes des migrants pour la liberté et la dignité, contre l'enfermement et l'exclusion. En outre, il existe des groupes dont la priorité est l'établissement de relations directes avec les migrants par le biais de luttes communes pour l'accès aux biens publics tels que la santé, l'éducation, le logement, etc.
En outre, les membres de la coordination participent à une série de luttes pour l'auto-organisation et l'autonomie dans tous les aspects de la vie, comme les travailleurs de l'usine récupérée VIOME, où sont produits des détergents et des savons naturels et a été abandonné par ses propriétaires en Juin 2011, à la suite du voyage zapatiste ils ont pris l'initiative de former la coordination thématique pour l'autogestion et de mettre en place un nouveau réseau de projets coopératifs ; ainsi que des initiatives d'éducation libertaire telles que le projet pédagogique auto-organisé "Le petit arbre qui deviendra une forêt", lancé par un groupe d'enfants, de parents et d'éducateurs. Aussi, les classes d'auto-éducation dans les espaces occupés et les centres sociaux ; l'organisation de la contre-information pour l'information et la communication indépendantes (infolibre, alterthess) ; les réseaux de solidarité sociale qui se sont formés tant pendant la période de l'attaque capitaliste de 2010 appelée " crise de la dette " (cuisines collectives, pharmacies-cliniques sociales) que pendant la période de la pandémie.
Nous faisons également partie de projets auto-organisés dans le domaine de la santé, comme le groupe de santé mentale - covid-19 : Solidarité qui a été créé comme un effort de réponse active et de résistance collective à l'expérience de l'emprisonnement et de ses implications en raison de la quarantaine généralisée ; et des projets auto-organisés dans le domaine du sport et de l'auto-défense.
En tant que militants dans cette région, nous sommes confrontés au défi exigeant de combattre le nationalisme et le militarisme dont le rôle en Grèce, ainsi que dans la région des Balkans en général, est décisif. Le nationalisme et le militarisme sont mis en évidence par le fait que : (a) notre territoire est l'un des rares pays d'Europe où le service militaire obligatoire existe encore (dont la durée a même été récemment augmentée) ; (b) un climat de possible confrontation guerrière est constamment entretenu (au service des antagonismes transnationaux) ; et (c) il existe une politique expansive constante du capitalisme grec dans les Balkans, qui se manifeste à la fois dans les travaux des entreprises d'intérêts grecs, et dans l'exploitation des travailleurs migrants des pays des Balkans, mais aussi dans une rhétorique nationaliste agressive. C'est surtout cette dernière qui a atteint son apogée dans les années 2018-2019, à l'occasion du " nom de macédonoine ", un événement vécu avec une énorme intensité dans notre région et qui a culminé avec l'incendie du squat Libertatia lors d'un rassemblement massif de groupes de droite et d'ultra-droite. Il faut dire que, grâce au travail collectif et au soutien économique des mouvements, le toit a été reconstruit à nouveau et l'espace du squat continue à être reconstruit et récupéré.
La pandémie n'a pas touché les différents groupes de la société de la même manière. La vie des migrants s'est considérablement détériorée et les autorités ont pris prétexte de la pandémie pour restreindre encore davantage leur liberté et les exclure : confinement permanent dans des camps - qui se transforment progressivement en camps fermés - exclusion des enfants migrants de l'éducation, enlèvement des migrants même dans les centres-villes et leur "rapatriement" brutal.
La vie des sans-abri s'est également détériorée car il y a moins d'endroits où manger et aucun accès aux installations sanitaires. Bien sûr, il n'y avait pas la possibilité de "rester à la maison et de se laver les mains" comme le disaient les slogans du gouvernement. Pour ne rien arranger, les sans-abri ont reçu une amende pour "mouvement inutile". L'insécurité de l'emploi s'est accrue et les conditions de survie des travailleurs non enregistrés ou des journaliers ont empiré.
En outre, la violence domestique fondée sur le genre a augmenté, notamment à l'encontre des femmes migrantes. Cette condition demeure pour les femmes migrantes, car les mesures "anti-covid" n'ont jamais cessé de s'appliquer aux femmes et aux hommes migrants.
Les conditions de détention ont énormément empiré, tandis que les visites familiales ont été suspendues et que les mesures de protection sont presque inexistantes. La répression et les attaques contre les lieux de lutte étaient une politique interne centrale du gouvernement. Outre les attaques contre les migrants, des expulsions de squatters ont eu lieu et l'alimentation en électricité de l'usine récupérée "VIOME" a été coupée.
De même, la vie des invisibles du confinement permanent, la vie des malades mentaux, les perdus de la carte de la dignité humaine, qui continuent à vivre sans bénéficier des mesures de protection de base, a été aggravée. Leur propre cri chronique pour le statut d'exclus, dont ils souffrent plus que tout autre groupe social, a fait écho (sans rassembler, pour être honnête) aux voix de tous ceux qui ont résisté à la gestion de la pandémie par l'État/le seigneur de guerre avec ses décrets et interdictions militaires.
En novembre-décembre 2020, nous avons eu une intensification de la répression au nom de la protection pour le covid (interdiction des marches, rassemblement jusqu'à 3 personnes, amendes massives...). En réponse à tout cela, il y a eu des marches inopinées et autorisées, qui se sont poursuivies et intensifiées en 2021. Au printemps 2021, une combinaison de mobilisations de masse et de militants aux thématiques différentes (convergeant dans la résistance à l'autoritarisme étatique) érige, pour l'instant, une barrière contre les attaques de la répression.
traduction carolita d'un article paru sur Desinformémonos le 27 mai 2021
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Queremos permanecer en red después de la gira zapatista: colectivos de Grecia
La lucha zapatista, tanto sus palabras como sus silencios, han sido una fuente de inspiración constante para nosotros desde 1994, es por esa razón que nos hemos solidarizado con ellos y ellas ...