Les Afrochiliens
Publié le 24 Mai 2021
LES AFROCHILIENS
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Les Afro-Chiliens sont les descendants des esclaves africains amenés dans le Nouveau-Monde au moment de la colonisation espagnole.
La ville d’Arica où vit de nos jours une grande partie des afrodescendants, a été fondée en 1570 et faisait partie du Pérou avant son annexion par le Chili lors de la Guerre du Pacifique en 1880.
Le Pérou était une destination fréquente des esclaves noirs importés, où ils étaient installés sur la côte, occupés dans des tâches rurales et domestiques. L’immigration des esclaves africains était différente du reste du continent.
De nos jours dans la vallée d’Azapa, il y a une communauté d’afrodescendants qui s’est organisée au sein d’un ensemble culturel et social nommé Lumbanga. C’était, pour les organisateurs de cette association la seule façon de sauvegarder leurs coutumes, traditions, pour mieux connaître leurs origines et recueillir également les récits des grands-parents.
Pour les communautés afro-descendantes du Chili, la vallée d'Azapa est le territoire où se construit leur ethos ; l'habitat qui leur permet de déployer leurs activités sociales, économiques et culturelles, ainsi que leurs activités spirituelles. Organisés en noyaux de travail actifs, ils parviennent à y revitaliser des traditions à caractère religieux comme la célébration de la Croix de Mai, des danses comme le Carnaval de Tumba, la gastronomie héritée de leurs ancêtres, leurs manifestations orales et le lien avec un espace territorial qui devient un ancrage identitaire à travers, par exemple, La Route de l'Esclave, conçue comme route patrimoniale et parrainée par l'UNESCO.
......longtemps ignorés........
La méconnaissance de la présence africaine dans l’histoire chilienne les avait maintenus ignorants de cela pendant 400 ans.
Les coutumes d’origines africaines seront même interdites pendant plus de 80 ans et disparaissent progressivement des pages de l’histoire du Chili.
Ces pages ont commencé dès lors à se réécrire.
Les Afro-Chiliens d’aujourd’hui, où vivent-ils ?
La présence actuelle des Afro-Chiliens est située dans la région d’Arica et Parinacota, dans les Valles de LLuta, Azapa et La Chimba.
Qui sont-ils ?
Les descendants ont un degré élevé de métissage et une identité afro-chilienne naissante après plus d’un siècle d’invisibilité de la part de l’état et de la population chilienne en général.
Une étude de l’INE de l’année 2014 estime la population à 8415 personnes dans la région d’Arica et Parinacota, dont 4.7% de ce territoire.
Le terme afro-Chilien
Le terme Afro-Chilien ou afrodescendant du Chili est souvent utilisé pour décrire les immigrants et leurs descendants venant d’Afrique ou des groupes d’afro-américains.
Pourtant les groupes sont différents dans leurs aspects sociaux et culturels.
Ce sont les 2 ONG afro descendantes les plus importantes du Chili, elles travaillent ensemble pour promouvoir les droits des individus et des groupes afro-chiliens. Il leur a fallu pour cela se rendre visibles, rendre visible l’héritage africain dans le pays, celui-ci étant complètement dilué, nié, oublié.
La reconnaissance en tant que peuple tribal
Le 16 avril 2019 est promulguée la loi 21.151 de reconnaissance légale du peuple tribal afro descendant chilien. Cette reconnaissance revêt une importance dans le cadre de la Décennie internationale des afro descendants (2015/2024), qui promeut l’adoption de mesures concrètes pour soutenir ce groupe de la population faisant face bien souvent à de multiples formes de violence et de discrimination.
Cette avancée, selon les militants des ONG afro-chiliennes profite aux afro-chiliens mais contribue également à renforcer le Chili multicuturel. En tant qu’afro-chiliens ils ont un rôle particulier à mener dans la lutte contre toute forme de discrimination à l’encontre des frères et sœurs afrodescendants venant d’autres pays, à la recherche d’un avenir meilleur. Source ohchr.org
La nouvelle constitution chilienne
Pour autant, malgré la reconnaissance de l’état chilien du peuple tribal Afro-Chilien et malgré la campagne internationale dédiée aux afro descendants, la gouvernement chilien exclue cette population d’un siège de constituant.
la suite ci-dessous avec cette traduction :
Déni et racisme : qu'est-ce qui se cache derrière le rejet du siège afro-chilien à l'Assemblée constituante ?
Ce mardi 15 décembre, la Chambre des députés a voté séparément sur les sièges réservés aux peuples indigènes et sur le siège proposé pour les populations tribales d'ascendance africaine, rejetant ce dernier. Invisibilisation, négation et contradiction avec sa récente reconnaissance légale sous le prisme du calcul politique, font partie de l'analyse des organisations sociales et du professeur du Centre d'études culturelles latino-américaines (CECLA), Claudia Zapata.
"L'État chilien exclut, nie et invisibilise le peuple chilien afro-descendant". C'est le titre d'une lettre publique des communautés, organisations, ONG, collectifs et de la table technique et politique du peuple tribal afrodescendant au Chili, publiée récemment après la décision législative du rejet du siège proposé pour cette communauté dans la convention constituante, votée le mardi 15 décembre.
Dans la lettre, les Afro-Chiliens déclarent qu'à l'avance, le vote séparé des sièges "aura pour conséquence de rejeter la participation effective des Afro-descendants par le biais du siège réservé". Exclusion institutionnelle qui s'ajoute aujourd'hui à d'autres épisodes comme l'exemption du recensement de 2012 et le recensement abrégé de 2017.
Comme l'explique l'universitaire de la Faculté de philosophie et des sciences humaines, Claudia Zapata, cela est porté par la main du calcul politique. "Ce que la droite est en train de faire, c'est de mettre de côté le vote de ce siège, parce qu'elle opérait avec la calculette en main en pensant à la future convention constitutionnelle, en pensant à la manière dont ce vote pourrait l' affecter", explique le professeur, qui qualifie cette opération de raciste par les arguments de cette nature qui ont été délivrés par les parlementaires pro-gouvernementaux et les fonctionnaires du gouvernement.
"Cette condition de peuple est refusée à un peuple qui s'est constitué comme tel à partir d'une expérience commune de racialisation et d'esclavage ; ensuite, la question qu'ils ne sont pas originaires d'Amérique avant l'arrivée des conquérants, bien sûr, mais ils sont un peuple existant avant la constitution de l'État-nation au Chili", dit l'universitaire, qui souligne également que "la catégorie d'originel est compliquée parce que finalement elle a été mobilisée pour exclure et ségréguer".
En disant et en argumentant, par exemple, qu'"il n'y a pas eu d'études académiques, au final, ils remettent en cause l'existence d'un peuple afro-descendant au Chili, et c'est une forme de racisme en soi".
Contradiction avec les normes internationales et la reconnaissance locale
Les organisations afro-chiliennes soulignent explicitement que la discussion développée au Congrès concernant la représentation par sièges "n'est pas conforme à ce qui est établi dans le droit international et national, se distançant expressément de la base de la loi 21.151 sur la reconnaissance du peuple tribal afro-descendant chilien".
"Ce qui s'est passé ici est une question très inhabituelle qui contrevient effectivement à la juridiction internationale et au droit interne lui-même, car la loi est conforme aux préceptes de la convention 169", explique le professeur Claudia Zapata.
En ce qui concerne le premier point, la convention 169 de l'OIT est claire : les États qui l'ont signée, comme le Chili, doivent veiller à ce que les peuples indigènes et tribaux "... puissent participer librement, au moins dans la même mesure que les autres secteurs de la population, et à tous les niveaux, à la prise de décisions dans les institutions électives et les organes administratifs et autres responsables des politiques et programmes qui les concernent".
Concernant ce dernier, l'universitaire est clair : les arguments avancés " contreviennent à tout ce qui a été permis par la loi qui reconnaît le peuple afro ", promulguée dans ce même gouvernement.
En bref, dit l'universitaire, "c'est une contradiction absolue, mais c'est une contradiction très intentionnelle et calculée.
Un processus entaché de racisme
En ce qui concerne la façon dont cette détermination marque le processus constituant, le professeur Zapata est clair en affirmant que "cela met définitivement une tache raciste, une exclusion dès le départ". Et, ajoute-t-elle, "sa profondeur démocratique et politique est compromise".
Dans ce contexte, elle a indiqué qu'en tant que société, "ce qui nous correspond, c'est de soutenir les voies empruntées par les afrodescendants", y compris les actions juridiques locales et internationales.
D'autre part, a-t-elle conclu, "nous devrons voir comment les forces progressistes parviendront à intégrer cette voix même si elle n'est pas présente avec leurs sièges.
Texto: Francisca Palma
traduction carolita
https://www.uchile.cl/noticias/171831/negacion-y-racismo-lo-que-hay-detras-de-la-negativa-al-escano-afro
L'esclavage
L'esclavage des Noirs était un régime de travail forcé introduit dans le Nouveau Monde pour compenser le déclin démographique des populations indigènes et, conjointement, pour obtenir une plus grande rentabilité économique grâce à l'exploitation des mines, principalement d'or et d'argent. Au 15e siècle, cette institution n'était pas nouvelle dans la péninsule ibérique, puisque depuis le Moyen Âge, il y avait des esclaves de diverses nations : Arabes, Sarrasins, Slaves, Bulgares, Russes, Tartares, Grecs et autres régions d'Europe de l'Est. Cependant, elle était dans une phase de déclin.
La découverte des Indes a eu des conséquences importantes. Elle a entraîné un trafic international d'êtres humains, réorientant la traite interne des esclaves en Afrique vers l'Europe et l'Amérique. En outre, en plus de revitaliser une institution en difficulté, il a transformé l'Afrique en centre d'approvisionnement par excellence. Dès lors, le terme "noir" est devenu synonyme d'esclave.
Pour que l'esclavage fonctionne comme un système, il fallait un système juridique et une idéologie pour le soutenir. Depuis le XIIIe siècle, il existe en Espagne une importante législation sur les esclaves, qui a servi de modèle et de base pour réglementer les relations entre maîtres et esclaves dans le territoire indien, y compris le royaume du Chili. Ainsi, entre les XVIe et XVIIe siècles, en pleine colonisation américaine, divers théologiens et juristes ont développé une série d'arguments pour légitimer cette institution.
Au Chili, l'esclavage des Noirs a perduré pendant près de trois siècles, de 1536 à 1823, bien que dans l'ensemble de l'appareil productif colonial, il s'agisse d'une relation de travail secondaire. Au cours de cette période, il ne s'est jamais imposé comme le principal régime de travail, car il coexistait et était en concurrence avec d'autres de plus grand poids comme l'encomienda, le fermage, le péonage, l'esclavage indigène, entre autres.
Les premiers contingents d'esclaves sont arrivés au Chili dans le cadre de l'armée de Diego de Almagro et Pedro de Valdivia. Le rôle des Noirs pendant la découverte et la conquête était celui de domestiques et de soldats. Cependant, à partir de la fin du XVIe siècle, le déclin de la population indigène, alors que l'économie se tournait vers l'exportation de produits de l'élevage, a provoqué une grave crise de main-d'œuvre à laquelle l'importation d'esclaves noirs d'Afrique a permis de remédier en partie. Ce qui au départ était un transfert majestueux de serviteurs, a dérivé en une activité commerciale lucrative, un marché d'approvisionnement en main-d'œuvre qui a étendu le commerce des esclaves vers notre territoire.
Le plus grand essor des Africains au Chili se situe entre 1580 et 1640. Bien qu'il s'agisse de la période où la demande est la plus forte, l'importation d'Africains s'arrête brusquement à la suite de la guerre entre l'Espagne et le Portugal (1640-1668). Le Portugal, principal fournisseur d'esclaves, non seulement n'est pas d'accord avec la Couronne espagnole, mais perd aussi plusieurs enclaves d'esclaves en Afrique. Cette deuxième crise du travail, aggravée par le tremblement de terre de mai 1647 et les pestes qui ont suivi, a été résolue par l'occupation de métis libres.
Au XVIIIe siècle, cette institution perd de son importance dans les zones rurales et devient plus urbaine. Pendant les périodes de sièges français (1702-1713) et anglais (1713-1738), les deux pays détenaient respectivement le monopole de l'introduction d'esclaves en Amérique. En conséquence, le Chili est devenu une zone de distribution de la main-d'œuvre noire de Buenos Aires à Lima, plutôt qu'un centre d'absorption.
Les études historiographiques sur l'esclavage au Chili ont principalement concentré leur analyse sur le Santiago colonial. L'esclavage des Noirs y est devenu plus mulâtre, en raison de la participation active des Noirs au métissage. Dans la ville, l'Église et l'État interviennent avec zèle dans la relation maître-esclave et l'une de leurs préoccupations est l'évangélisation des Noirs. Les esclaves urbains ont joué un rôle plus actif et ont profité des failles du système pour améliorer leur condition humaine, en utilisant diverses stratégies telles que la manumission et les pétitions judiciaires.
L'abolition de l'esclavage des Noirs a eu lieu le 23 juin 1823, à l'initiative de José Miguel Infante. Auparavant, en 1811, sous le gouvernement de José Miguel Carrera, la loi sur la liberté de l'utérus, promue par Manuel de Salas, avait été promulguée. Sa portée est toutefois constamment interrompue par la guerre d'indépendance.
Selon Guillermo Feliú Cruz, environ 5 000 esclaves ont bénéficié de cette mesure et la disparition de cette institution n'a pas produit de profonds problèmes civils ou raciaux comme dans d'autres pays d'Amérique. Les Noirs et leurs mélanges se sont fondus dans le reste de la population. Bien que dans une moindre mesure que pour les autres peuples d'Amérique latine, certaines manifestations de l'héritage africain peuvent encore être observées, principalement dans le folklore et dans la cueca. source
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Parenthèse complémentaire
Chili Traite des esclaves : Mulâtres créoles à Coquimbo ou circulation des esclaves de « reproduction » locale, XVIIIe –XIXe siècles. Une proposition de recherche
Montserrat Arre Marfull*.
Résumé : Cet article propose une étude régionale du phénomène de l'esclavage d'origine africaine au Chili. La province de Coquimbo, en ce sens, semble propice à la recherche de la dynamique de la traite négrière, étant donné les pourcentages pertinents d'afro-descendants et d'esclaves enregistrés dans les recensements et autres sources démographiques. Les lignes directrices de ce commerce, les âges et les prix de vente, les espaces d'occupation et les maîtres sont formulés, en concluant sur les variations par rapport au type d'esclave présent au début du XVIIIe siècle, d'une importante présence noire à une présence mulâtre étendue vers la fin du siècle ; et d'une utilisation du service domestique ainsi que des travailleurs agricoles et miniers au début, à une occupation principalement domestique déjà à l'approche du XIXe siècle.
Si la version traduite en français de ce document vous intéresse, merci de me contacter.
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Imagen: César Mejías
Chronologie de l'esclavage au Chili
- 1536 Margárida (ou Margarita), membre de l'hôte de Diego de Almagro, est la première esclave noire à entrer sur le territoire chilien.
- 1541 Juan Valiente, un affranchi noir, se distingue dans la défense héroïque de Santiago, après le soulèvement de Michimalonco.
- 1558 Le nombre de Noirs et de leurs mélanges (mulâtres et zambos) atteint 5 000 personnes, soit environ 25 % de la population.
- 1580 La première crise du travail commence dans le Royaume du Chili, ce qui rendra possible l'afflux massif d'esclaves africains.
- 1600 Grand boom des Africains dans le Royaume du Chili, dérivé de la crise du travail indigène.
- 1608 Décret royal autorisant la réduction en esclavage des indigènes capturés lors d'une guerre.
- 1614 Alonso González de Nájera propose dans son ouvrage Desengaño y reparo de la guerra del Reino de Chile, d'exterminer les Indiens rebelles et de les remplacer par de la main-d'œuvre noire.
- 1640 Début de la guerre entre l'Espagne et le Portugal. L'offre d'Africains noirs est annulée au moment où la demande est la plus forte dans le Royaume du Chili.
- 1647 Le tremblement de terre de Santiago et les fléaux qui s'ensuivent provoquent la deuxième crise du travail. Le remplacement des Noirs par des esclaves indigènes et la population libre métisse commence.
- 1693 Un décret royal met fin à l'esclavage des indigènes.
- 1702 Création de la Real Compañia Guinea d'origine française.
- 1713 Le traité d'Utrecht est signé entre l'Espagne et l'Angleterre, autorisant l'entrée de 400 esclaves par an de Buenos Aires à Santiago et Lima.
- 1715 La colonie royale noire anglaise commence à fonctionner. Des marchands importent des esclaves africains de Buenos Aires.
- 1738 Guerre entre l'Espagne et l'Angleterre. La traite des esclaves africains est suspendue.
- 1777 Le recensement de l'évêché de Santiago fait état de 38 240 habitants dans la ville : 15,2% sont des mulâtres et 3,6% des noirs.
- 1804 La Couronne espagnole étend la libre importation d'esclaves au port de Valparaíso.
- 1811 La loi sur la liberté des utérus est approuvée, selon laquelle aucun esclave ne naîtra au Chili.
- 1823 Abolition légale de l'esclavage au Chili.
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La traite des noirs
La traite atlantique des esclaves entre le 15e et le 19e siècle a été l'un des plus grands mouvements de migration forcée de l'histoire. Les grandes puissances maritimes de l'époque - Portugais, Néerlandais, Français et Anglais - se disputent le commerce des esclaves. Pendant 400 ans, quelque 12 millions d'Africains ont été contraints de subir l'expérience traumatisante du passage du milieu : le transfert nautique forcé des rives de l'Atlantique au Pacifique.
Cependant, la vente d'esclaves en Afrique existait bien avant cela. Les commerçants arabes ont déplacé les Noirs à travers le désert du Sahara vers le nord du continent, le Moyen-Orient et l'Inde. C'est la découverte de l'Amérique et le besoin de main-d'œuvre pour exploiter les ressources qui ont réorienté un commerce qui existait auparavant.
Le Royaume du Chili n'était pas exempt des réseaux de traite des esclaves. Même sa situation géographique - dont l'éloignement de l'Atlantique et de l'Afrique aurait signifié l'isolement - ne l'a pas marginalisée du trafic international. Encore moins, lorsque notre pays a connu des crises aiguës de main-d'œuvre pendant la période coloniale, une partie de ce contingent est également arrivée dans notre pays.
L'historien Rolando Mellafe a prévenu que notre territoire était relié au marché extérieur par deux routes : la route du Pacifique -Cartagena, Portobelo, Guayaquil, Lima et Valparaíso- et la route continentale -Buenos Aires, Córdoba, Mendoza et Santiago. source
Les Noirs dans la découverte et la conquête
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Rolando Mellafe mentionne que plusieurs historiens ont évoqué la possibilité d'une présence noire en Amérique avant l'arrivée de Christophe Colomb. Certaines versions affirment que plusieurs d'entre eux seraient arrivés dans le cadre d'une expédition menée par le sultan de Guinée, Mohamed Gao, vers 1300 après J.-C. (Mellafe, Rolando. La introducción de la esclavitud negra en Chile. Trafic et itinéraires, p. 10).
Malgré cela, Mellafe estime qu'il est plus probable que leur arrivée ait été simultanée à celle des espagnols. En effet, certains d'entre eux ont participé en tant que marins aux expéditions maritimes de l'expansion européenne des 15e et 16e siècles. D'autres ont pénétré sur le continent et ont rejoint les forces de conquête et de découverte, aidant les espagnols dans leur entreprise américaine.
Au Chili, la première femme esclave noire à poser le pied sur le sol chilien fut Margarita (ou Malgárida), en tant que compagne de Diego de Almagro. L'adelantado la mentionne comme une servante fidèle et loyale dans son codicille dicté à Lima en 1538. Sa participation à une aumônerie qu'elle a fondée en l'honneur du fils de son maître "et d'autres gentilshommes amis qui ont accompagné mon seigneur dans le voyage que nous avons fait dans les provinces du Chili" (Barriga, Víctor M. Los Mercedarios en el Perú, Volume II, p. 184, cité par Mellafe, Rolando. La introducción de la esclavitud negra en Chile. Tráfico y rutas, p. 45).
Parmi les conquistadors, le noir Juan Valiente se distinguait. Il n'était pas un esclave, mais il est venu au Chili à ses "frais et mintion". C'est-à-dire qu'il a participé avec ses biens aux expéditions d'Almagro et de Pedro de Valdivia. On dit qu'il a fui son maître, Alonso Valiente, à Los Angeles, en Nouvelle-Espagne. Sa bravoure et sa participation héroïque à la défense de Santiago après le soulèvement de 1541 lui valent d'être récompensé par le Cabildo par une ferme à l'est de la ville. Plus tard, en 1550, Valdivia lui confie l'encomienda des indigènes Toquigua, entre les rios Maule et Ñuble (les historiens Tomás Thayer Ojeda et Armando de Ramón fournissent de plus amples informations sur sa vie).
Tous les Noirs n'ont pas eu une participation aussi idyllique et chanceuse pendant la Conquête. Plusieurs chroniqueurs du XVIe siècle ont décrit l'issue fatale de la rencontre entre Indiens et Noirs. Alonso de Góngora y Marmolejo et Pedro Mariño de Lobera racontent que, étonnés par la couleur foncée de la peau des indigènes, ils ont essayé de les laver à mort (Góngora Marmolejo, Alonso de. Historia de Chile desde su descubrimiento hasta el año de 1575 in Colección de historiadores de Chile y de documentos relativos a la historia nacional. Volume 2, Santiago : Impr del Ferrocarril, 1851, p.8). Alonso de Ovalle, pour sa part, mentionne qu'en 1646, un homme noir était encore gelé dans la cordillère, comme témoignage de la rudesse du climat et de l'entrée difficile de l'hôte d'Almagro dans la vallée de Mapocho. source
Les études historiographiques de l'esclavage au Chili
Les presque trois siècles d'esclavage et la présence nombreuse de Noirs et de leurs descendants au Chili ne correspondent pas au peu d'intérêt que l'historiographie a porté à l'étude de ce phénomène. Au cours du XXe siècle, très peu d'historiens ont élaboré des études spécifiques sur le sujet. Parmi les plus importants, citons Guillermo Feliú Cruz avec La abolición de la esclavitud negra en Chile : estudio histórico y social (1942) et Gonzalo Vial Correa avec El africano en el Reino de Chile : estudio histórico-jurídico (1957).
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L'étude la plus complète sur le sujet est La introducción de la esclavitud negra en Chile. Tráfico y rutas de Rolando Mellafe, publié en 1959. L'historien a reconnu dans son avant-propos qu'il était possible et souhaitable que d'autres travaux modifient certaines des estimations qu'il a faites (Mellafe, Rolando. La introducción de la esclavitud negra en Chile. Tráfico y rutas. 1959, p. 8). Cependant, ses propos n'ont trouvé un écho que dans les années 80 avec La mujer negra en el reino de Chile : siglo XVII-XVIII de Rosa Soto Lira, précisément l'une de ses élèves.
Depuis l'an 2000 environ, de plus en plus de spécialistes et d'étudiants ont orienté leurs efforts académiques vers la récupération, la reconstitution et la diffusion de l'histoire des africains et de leurs descendants au Chili. Selon l'historienne Celia Cussen, l'une des représentantes de ce nouveau groupe, ce manque de reconnaissance aurait pour origine, principalement, les travaux de Diego Barros Arana et Francisco Antonio Encina, qui minimisaient le rôle des Noirs dans la Colonie, postulant même que leurs contributions étaient néfastes. Reproduisant la thèse nationaliste de Nicolás Palacios, Encina postule dans son Historia general, par exemple, que les manifestations intellectuelles et morales des métis noirs n'étaient pas encourageantes, de sorte que leur faible présence aurait été bénéfique pour l'avenir de la population (Encina, Francisco Antonio. Historia de Chile : desde la prehistoria hasta 1891. 1944, p. 56).
Pour tenter de démystifier ces mythes, de nouvelles recherches se sont concentrées sur la capacité imaginative des esclaves noirs à transformer la domination et la coercition en opportunités de petits quotas de pouvoir et d'autonomie au sein de la relation maître-esclave. Si la violence, la surveillance et la coercition ont existé, des études récentes indiquent que le compromis, le marchandage et l'accord ont prévalu. source
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Le plus grand essor de noirs au Chili
Entre 1580 et 1640, le maximum d'internement de Noirs africains dans le Royaume du Chili a eu lieu. Selon Rolando Mellafe, la plupart d'entre eux venaient du Congo, de l'Angola et de la Guinée et ont été amenés par la cordillère des Andes. La faible démographie indigène les rendait indispensables, surtout lorsque l'économie s'est ruralisée et que l'on a eu besoin de main-d'œuvre dans les champs.
Le manque de travailleurs a amené plusieurs autorités à élaborer des demandes pour transférer les Noirs vers le Royaume du Chili. Le projet le plus controversé est celui d'Alonso González de Nájera. Dans Desengaño y Reparo de la Guerra del Reino de Chile (1614), ce militaire propose d'exterminer les Indigènes adultes rebelles et de les remplacer par des esclaves noirs venus du Brésil. La guerre hispano-portugaise (1640-1668) a annulé l'approvisionnement massif en Africains jusqu'au XVIIIe siècle et, avec lui, ces plans.
Benjamín Vicuña Mackenna a reconnu cet apport démographique en affirmant que "à cette époque, le nombre de Noirs au Chili était très considérable" (Vicuña Mackenna, Benjamín. Historia crítica y social de la ciudad de Santiago. Volume 1, p. 203). Diego Barros Arana décrit également ce boom esclavagiste.
Leur présence n'était pas seulement circonscrite à la sphère rurale. Les études de Jean Paul Zúñiga ont montré qu'entre 1633 et 1644, environ 33% de la population de Santiago était noire ou d'origine africaine. Parmi ceux-ci, beaucoup étaient des esclaves qui servaient non seulement l'élite, mais aussi les secteurs plus modestes de la population libre. Selon Zúñiga, pendant cette période, "l'utilisation de la main-d'œuvre africaine a été généralisée" (Zúñiga, Jean Paul. "Huellas de una ausencia". Auge y evolución de la población africana en Chile : apuntes para una encuesta", p. 89. dans Cussen, Celia. Huellas de África en América. Perspectives pour le Chili). Même, presque toutes les maisons et institutions coloniales en possédaient. Comme le mentionne l'auteur, "parler de 430 propriétaires à Santiago dans les années 1630 implique un recours presque universel de la population libre au travail servile" (Ibidem, p. 90). Parmi les propriétaires, 70% possédaient entre 1 et 4 esclaves et seulement 30% en possédaient entre 4 et 25.
Le nombre de Noirs à Santiago était si important que l'élite hispano-créole a commencé à craindre pour leur sécurité. La paranoïa s'est répandue qu'ils étaient dangereux et qu'ils s'allieraient aux indigènes dans une rébellion. Armando de Ramón raconte qu'après le tremblement de terre de 1647, ils ont fait exécuter le noir Marcos Alondo parce qu'il s'était dit "fils du roi de Guinée" (De Ramón, Armando. Santiago du Chili : (1541-1991) : Historia de una sociedad urbana. 2000, p. 63). Le même événement, mais avec des détails plus pittoresques, est donné par Miguel Luis Amunátegui. Citant l'acte de sentence du 1er juillet 1647, l'historien mentionne que l'action était due "pour le beaucoup qui convient la brièveté, pour être un noir agité, hautain et causé à beaucoup de déplaisirs" (Amunátegui, Miguel Luis. Le tremblement de terre du 13 mai 1647. 1882, p. 408). source
L'évangélisation des noirs
Comme la plupart des institutions coloniales, l'Église a joué un rôle ambivalent sur l'esclavage des Noirs, car les différents ordres religieux n'ont pas toujours agi de concert sur cette question. Plusieurs de ses membres font le commerce, occupent et administrent des esclaves. Presque tous les monastères, collèges, couvents et beaterios possédaient au moins un esclave. Ceci en fonction du contexte de l'époque, dans lequel presque aucune organisation civile, religieuse ou militaire ne s'en passait ; d'ailleurs, même certains esclaves qui obtenaient leur liberté, en avaient en leur pouvoir.
Malgré ce qui précède, au sein de l'Église, il y avait aussi des représentants qui s'opposaient à cette pratique. Au Chili, l'évêque Francisco Salcedo, dans une lettre au roi, dénonce le fait que des Africains "qui étaient en Angola et au Congo libres, sans trace de guerre ou d'esclavage" étaient commercialisés à Santiago (Lettre de Francisco de Salcedo dénonçant la vente d'esclaves illégitimes de Buenos Aires à Santiago, entre autres. Dans Lizana, Elías. Collection de documents historiques compilés à partir des archives de l'archevêché de Santiago. Volume 1. Lettres des évêques au roi, 1564 - 1814. 1919-1921. p. 165). Malgré cela, l'ecclésiastique était un propriétaire d'esclaves, selon l'historien Gonzalo Vial.
Bien qu'elle ait toléré et pratiqué l'esclavage, l'Église chilienne s'est constamment préoccupée de rendre la vie des Noirs plus supportable. Dans les synodes diocésains, il y avait diverses clauses pour favoriser l'union de la famille d'esclaves. Cependant, elle mettait principalement l'accent sur l'octroi du baptême, la prédication de l'Évangile (catéchèse) et l'organisation de confréries.
Le travail le plus remarquable a été réalisé par la Compagnie de Jésus, en particulier par le père Alonso de Ovalle. Dans son récit historique du Royaume du Chili, le jésuite raconte divers épisodes sur les difficultés de l'évangélisation des novices noirs : la diversité de la langue, l'absence de contingent ecclésiastique, leurs problèmes de compréhension de la parole de Dieu, entre autres. Souvent - a-t-il admis - il a passé plusieurs heures avec l'un d'entre eux, mais il n'a pas perdu courage. Il était fier du fait que "tout le monde connaît le plaisir et la ponctualité avec lesquels nous allions servir le plus pauvre petit homme noir" (Alonso de Ovalle. Relation historique du Royaume du Chili et des missions et ministères exercés en son sein par la Compagnie de Jésus. 1646, p. 340). La preuve de ses résultats dans la prédication est le témoignage dans lequel il raconte que " les Noirs qui chantent la doctrine chrétienne passent en procession " (Ibidem, p. 340). En raison de son zèle, de sa patience et de son assiduité, l'historien Walter Hanisch l'a surnommé "l'apôtre des Noirs".
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Ovalle a organisé et dirigé la confrérie des Noirs de Notre-Dame de Bethléem. Il est également à l'origine de la célébration de la Pascua de los Negros le 6 janvier, jour de l'Épiphanie de Jésus-Christ. Dans son ouvrage, il relate quelques détails de cette fête : "Pour la plus grande solennité de cette fête, les Morenos élisent chaque année par des vœux un roi de leur propre nation, dont la couronne dure tout ce jour... auquel les uns viennent habillés à la mode espagnole, très galants et brillants, les autres à la mode de leur pays avec arc et flèches" (Ibidem, p. 345). Benjamín Vicuña Mackenna décrit plus en détail les processions de cette confrérie jusqu'à sa dissolution en 1686, ainsi que d'autres organisations religieuses telles que la confrérie augustinienne des mulâtres de Nuestra Señora de la Candelaria. source
Législation esclavagiste
Bien qu'incompréhensible et condamnable pour l'homme moderne, l'esclavage était considéré comme un moyen comme un autre de réguler la coexistence humaine. Il n'était pas perçu comme pervers en soi, de sorte qu'il était pratiqué par presque toutes les sociétés, indépendamment de leur culture ou de leur religion.
Traditionnellement, l'esclavage est perçu comme une forme d'exploitation de l'homme par l'homme. Institution de domination dans laquelle un sujet - le maître - a le pouvoir d'user et d'usufruit sur un autre - l'esclave - de manière absolue et permanente. Pour cette raison, il est communément admis que la législation a contribué à faire de l'esclave une chose et qu'elle a favorisé sa dégradation physique, psychologique et morale. Cependant, cette vision est plus un préjugé qu'un fait historique, car le droit indien reconnaît certaines prérogatives aux esclaves et encourage la protection d'une partie de leur humanité.
Au Chili, les relations maître-esclave étaient régies par les lois des Siete Partidas du XIIIe siècle. Mélange de droit romain et de postulats chrétiens, ce code concevait l'esclavage comme un moyen pieux d'épargner la vie des prisonniers de guerre en échange de leur liberté. Le captif était donc biologiquement vivant, mais socialement et civilement mort. En tout cas, il était considéré comme une institution dégradante et "contre la raison de la nature" (Quatrième Partida, Titre XXI. Des serfs. Las Siete Partidas de Alfonso X El Sabio, 1491, p. 630), puisque l'homme, la plus libre de toutes les créations de Dieu, était placé sous le pouvoir d'un autre homme. Pour cette raison, il s'agissait d'un lien temporaire, susceptible d'être dissous par la manumission (ou liberté).
La législation Alphonsine n'a pas non plus permis aux esclavagistes d'exercer pleinement tous leurs droits de propriété. L'esclavage était surtout conçu comme un pacte de devoirs et de droits mutuels. Parce que l'esclave est un bien particulier - un objet doté d'une âme et d'une raison - l'appareil juridique protège son droit à la vie, à l'intégrité physique et, dans certains cas, à la famille.
Les maîtres pouvaient utiliser la violence pour discipliner la main-d'œuvre, mais ils ne pouvaient pas agir avec "cruauté" (ce que la loi actuelle appelle traitrise ou cruauté excessive), et encore moins assassiner sur un coup de tête. Il était de leur devoir de veiller à l'habillement, à l'alimentation et à la santé des esclaves. Ils ne pouvaient pas le blesser ou le faire mourir de faim. De plus, en cas de transaction commerciale et de mariage, l'esclave pouvait exiger la vente de toute la famille pour éviter la séparation. Si les statuts de ce pacte particulier n'étaient pas respectés, les esclaves pouvaient recourir au système judiciaire - cours de justice et Audiencia royale - pour exiger le rétablissement de leurs petites garanties.
Cependant, juridiquement, l'esclave continue d'être un bien susceptible d'être vendu, acheté, hypothéqué ou échangé. Sur le plan juridique, ils ne disposaient pas de l'autodétermination et n'exerçaient pas de personnalité juridique. La législation était également très dure sur la question du patrimoine. Tout ce qui était produit par l'esclave était la propriété du propriétaire, du moins en théorie. source
Le terme "negro"
A l'époque des découvertes géographiques, la couleur de la peau a commencé à devenir un attribut de différenciation entre les hommes. Progressivement et lentement, la diversité complexe des ethnies africaines à la peau foncée a été généralisée sous la dénomination de "Noirs". Leur pigmentation était également perçue comme un symbole d'infériorité sociale, morale et psychologique. Par conséquent, l'esclavage a été jugé et justifié comme une entreprise de salut pour les "barbares", les "infidèles" et les "sauvages". Cette logique favorisait leur expatriation d'un lieu " dangereux " et " nuisible ", comme l'Afrique, afin de les évangéliser et de les éduquer en Amérique. Nègre et esclave sont des mots synonymes : la couleur de la peau y devient indissociable d'un statut juridique.
Il ne fait aucun doute que le terme "nègre" est chargé de symbolisme et de résonances historiques liées à l'esclavage et à la traite des esclaves. En outre, plusieurs de ces préjugés négatifs ont été entretenus et diffusés par des essayistes et des historiens du XIXe et du début du XXe siècle tels que Diego Barros Arana, Francisco Antonio Encina et Nicolás Palacios. Cette dimension de la discrimination raciale a apporté une composante supplémentaire à la complexité d'une institution de travail - l'esclavage - qui a été transportée par les Espagnols et est restée longtemps dans notre pays. source
La manumission et la demande légale
D'un point de vue juridique, la manumission était l'acte solennel par lequel le maître renonçait à son droit d'action, de seigneurie et de propriété, pour le transférer en faveur de l'esclave. Il vient du latin manus (main) et mittere (envoyer au loin) qui signifie "enlever des mains du maître" ou "libérer des mains". Il y avait deux façons pour les esclaves de l'obtenir : la rémunératrice, c'est-à-dire le paiement de son juste prix, ou la gracieuse, celle par laquelle le maître l'accordait en remerciement de la fidélité.
Une étude de Claudio Ogass sur la manumission dans le Santiago colonial suggère que les esclaves urbains avaient l'alternative de travailler à l'extérieur de leur maison comme journaliers en échange du paiement d'une pension à leur propriétaire. Les maîtresses veuves et les maîtres modestes ont eu recours à cette modalité pour rentabiliser leur travail. Les esclaves, quant à eux, profitaient de cette opportunité pour économiser de l'argent et, plus tard, négocier l'achat de leur liberté ou de celle de leurs proches.
Les testaments des anciens esclaves -étudiés par Celia Cussen- sont des documents qui montrent les réseaux sociaux et de protection utilisés par les noirs, les bruns et les mulâtres pour obtenir leur liberté. On peut y voir que la manumission affaiblit, mais ne rompt pas définitivement les liens de dépendance.
La manumission peut également être interprétée comme une stratégie pour changer de statut et atteindre la mobilité sociale dans la société coloniale. C'est ce que suggère le cas de Miguel de Marigorta, un esclave africain de Guinée, qui a obtenu sa liberté grâce à son métier de cordonnier. Un chemin similaire a été suivi par le mulâtre Blasa Díaz, un ancien esclave qui, une fois libre, a possédé huit esclaves.
La législation sur l'esclavage permettait aux esclaves de demander le rétablissement de leurs droits, puisque la relation maître-esclave était présentée comme un pacte mutuel d'obligations, de devoirs et d'engagements. Les archives de l'Audience royale et de la Capitainerie générale du Chili conservent une abondante documentation dans laquelle sont consignées les actions en justice intentées par les esclaves, preuve évidente du rôle actif qu'ils ont joué pour tenter de passer à travers les failles laissées par le système.
Carolina González a enquêté sur les stratégies judiciaires mises en œuvre par les esclaves. Pour elle, les procès intentés par les esclaves au système judiciaire peuvent être interprétés à la fois comme un récit autobiographique et une stratégie politique. Ils feraient partie d'un "récit de la résistance des esclaves" (González, Carolina. " En quête de liberté : la pétition judiciaire comme stratégie politique ". El caso de las esclavas negras (1750-1823)". Dans Cornejo, Tomás et González, Carolina, (coords.), Justicia, Poder y Sociedad en Chile : recorridos históricos. 2007, p. 58). Cette ressource a été principalement utilisée au XVIIIe siècle pour éroder progressivement le régime de domination des esclaves. source
Métis
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Ceux dont les traits étaient assimilés à ceux de la race blanche avaient une meilleure chance d'améliorer leur situation. C'était ce qu'on appelle les métis. Ainsi, au XVIIe siècle, la main-d'œuvre indigène commence à être remplacée par un nouveau groupe qui s'est développé en grand nombre : les métis. Certains d'entre eux ont aspiré aux secteurs les plus élevés de la société, travaillant comme intendants ou contremaîtres des estancias, car ils étaient des hommes durs dans leurs relations avec les indigènes. D'autres se sont installés par mariage, concubinage ou bail sur les terres des villages indigènes ; d'autres sont devenus détenteurs de terres en prêt ou en bail sur les estancias des Espagnols les plus favorisés. D'autres sont allés à la frontière et dans des régions marginales et éloignées, soit comme soldats, soit comme vagabonds. Enfin, à d'autres occasions, les métis ont muté, fatigués de la discipline militaire et attirés par la liberté et le pouvoir qu'ils ont acquis en Araucanie, ils sont restés vivre parmi les indigènes. C'est le cas du métis Alejo, qui, ayant été laissé en arrière dans l'armée coloniale, se rendit dans les territoires du sud, organisa des bandes indigènes et, en 1578, organisa une grande rébellion contre le pouvoir des espagnols.
En général, les métis étaient des marginaux, des hommes sans abri, des enfants naturels livrés à eux-mêmes, sans aucune chance d'éducation ou de travail sûr, errant sans but, espérant un travail agricole saisonnier. source
La participation des noirs au métissage
La société coloniale a élaboré différents termes pour classer les Noirs, en tenant compte de leur diversité et de leur hétérogénéité. D'abord, par leur origine : s'ils sont nés au Chili, ils sont appelés "criollos/créoles", tandis que s'ils sont issus de la traite des esclaves, ils sont appelés "Africains". Deuxièmement, par leur degré de civilisation : ceux qui connaissaient la langue et le mode de vie espagnols étaient appelés "ladinos". Ceux qui ne maîtrisaient pas la langue espagnole étaient appelés "bozales", par allusion au fait qu'ils avaient un objet dans la bouche qui leur faisait faire des fautes de prononciation. Il y avait aussi d'autres noms. Ceux qui venaient d'une autre religion que le christianisme et n'avaient pas encore été baptisés étaient appelés "infidèles". Enfin, ils sont divisés en fonction de leur statut juridique, avec les esclaves, les libres et les "horros" ou affranchis - ceux qui ont obtenu leur liberté par manumission.
Malgré ces différences internes, la société coloniale a regroupé tous les hommes à la peau foncée - Africains, Créoles, ladinos, bozales ou horros - sous le terme de "negros". Et tout noir était aussi un esclave potentiel. Diego Barros Arana et Francisco Antonio Encina postulent tous deux que les Noirs, et leur mélange avec d'autres couches de la population pendant la période coloniale, ont peu participé à la formation du peuple chilien. Les deux auteurs ont basé leurs conclusions principalement sur les chroniqueurs du 16ème siècle. La mention d'épisodes macabres de rencontres entre Noirs et Indiens a été utilisée comme argument pour prouver un supposé rejet sexuel mutuel.
Certains chiffres démographiques infirment ces visions et démontrent le rôle actif que les Noirs ont joué dans le métissage depuis la Conquête. Gonzalo Vial a calculé qu'en 1558, les Noirs et leurs mélanges atteignaient le chiffre de 5 000, à comparer aux 2 400 espagnols estimés vivre au Chili à la même époque. Dans le recensement de l'évêché de Santiago en 1778, l'un des nombreux recensements de la période coloniale, 15,2% de la population était reconnue comme mulâtre, tandis que 3,6% était enregistrée comme noire. Une étude d'Arturo Grubessich sur les choix de mariage corrobore ces chiffres. Les Noirs auraient choisi, le plus souvent, des femmes indigènes comme partenaires.
Les unions interraciales sont à l'origine de nouveaux mélanges et aussi de nouvelles appellations. Le "mulâtre" était le résultat du croisement d'un espagnol (ou blanc) et d'un noir. Tandis que le nom "zambo" était donné au mélange entre un indigène et un Noir.
Les croisements entre les mélanges des mélanges ont fourni un nouveau problème à cette nomenclature compliquée du métissage. Pour cette raison, il y avait d'autres qualificatifs, bien que secondaires. Le "cuarterón" était le fils d'un homme espagnol ou blanc et d'une femme mulâtre. Le "Requinterón" était appelé le croisement entre un "cuarterón" et un blanc ou un espagnol. Ces désignations tentaient d'expliciter que la personne en question n'avait qu'un quart ou un cinquième de sang noir, le plus contaminant selon la vision de l'époque. De cette façon, ils se rapprochaient, progressivement, de la "pureté du sang", représentée par les espagnols. source
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L'abolition de l'esclavage au Chili
L'abolition légale de l'esclavage au Chili a eu lieu au début du XIXe siècle, après un long processus de débat politique. Sur l'insistance de Manuel de Salas, un éminent politicien et intellectuel chilien, la loi sur la liberté du ventre a été adoptée le 15 octobre 1811. L'esclavage étant une condition légale héritée du ventre de la mère (partus sequitur ventrum), tous les enfants nés d'une mère esclave seraient libres à partir de ce moment. Cette disposition concerne également les esclaves vendus à l'étranger et tout esclave qui arrive au Chili et reste sur le territoire pendant une période de six mois.
Le 23 juin 1823, José Miguel Infante présente au Congrès un projet de loi proposant l'abolition totale de l'esclavage. Une fois cette décision approuvée, tous ceux qui étaient nés esclaves depuis 1811 ont été déclarés libres. La mesure a bénéficié à environ 5 000 personnes qui vivaient dans cette condition, selon Guillermo Feliú Cruz.
Dans la pratique, cependant, l'abolition légale ne signifiait pas nécessairement que ces esclaves abandonnaient leurs anciens emplois ou acquéraient une plus grande autonomie. Le Français Gabriel Lafond du Lucy, qui a visité le pays par la suite, a mentionné que : "La servitude était composée de nombreux esclaves blancs et noirs, car au Chili il y a des esclaves blancs ainsi que des européens, ces derniers provenant du mélange continu de métis et de blancs. Bien que l'esclavage soit aujourd'hui aboli, certains esclaves sont restés dans les maisons patriciennes, où ils ont été éduqués avec tant de soin qu'ils ont fini par être considérés comme appartenant à la famille" (Gabriel Lafond du Lucy. Voyage au Chili. 1911, p. 35). Plus loin, il décrit une partie de leur travail : "Leurs mères, de vieilles servantes, s'occupaient de la lessive et des tâches domestiques subalternes. Les hommes avaient à leur service deux ou trois serviteurs amenés de la campagne et appelés péons. Ceux-ci étaient chargés de s'occuper des chevaux et d'accompagner leurs maîtres lors de leurs fréquents déplacements vers les haciendas" (Gabriel Lafond du Lucy. Voyage au Chili. 1911, p. 36). source
Africana
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Bien que l'héritage africain ne soit pas aussi présent au Chili que dans d'autres pays d'Amérique latine, son influence ne peut être niée. Le Chili est un pays métis et, au sein de ce métissage, nous trouvons l'Africain présent dans de nombreuses expressions culturelles. Par exemple, selon les chercheurs, la cueca a sans aucun doute des caractéristiques africaines dans sa conformation et ce n'est pas un événement isolé, encore moins fortuit.
Bien qu'en 1811 l'esclavage ait été interdit dans notre pays grâce à la loi de la Liberté du Ventre dictée par Manuel de Salas, sept ans plus tard on pouvait encore lire la gazette suivante dans un journal métropolitain : "Un mulâtre de 22 à 24 ans de bonnes manières et à un prix confortable est à vendre ; celui qui veut l'acheter, s'adresse à Don Felipe Santiago del Solar".
Lorsque l'armée de libération arrive au Chili en 1817, les VIIe et VIIIe bataillons sont entièrement composés de Noirs africains et de Créoles recrutés par San Martin en Argentine. Avec le début de la République, la population africaine commence à se diluer dans la population métisse. Grâce à l'abolition complète de l'esclavage en 1823, le Chili est devenu la troisième nation au monde à prendre cette décision. C'est ainsi que la minorité africaine, qui habitait principalement les villes de Santiago, Quillota et Valparaíso, a commencé à se mélanger avec les indigènes, les gitans et les européens, apportant une partie de son héritage à la conformation ethnique et culturelle de notre peuple.
En 1871, les Noirs purs représentaient 58% de la population d'Arica. Arica était l'une des principales villes à recevoir une population noire et elle était toujours nombreuse.
Cette abondante population d'origine africaine s'est dispersée en 1929, lorsqu'Arica est devenue une partie permanente du Chili et que la plupart de la population d'origine africaine a émigré au Pérou. Au fil du temps, Chiliens, Blancs, Indigènes, Européens et Noirs ont constitué le métissage actuel de la ville. Cependant, à Azapa, il y a actuellement un nombre important d'afro-descendants. Certains des noms de famille de filiation africaine dans la vallée sont Ríos, Corvacho, Báez, Llerena, Cadenas, Baluarte, Barrios et Zavala.
Gustavo del Canto Larios commente dans son livre Oro Negro l'une des théories de l'origine de la cueca, anciennement appelée "zamacueca", qui indique que cette danse a sans doute des éléments africains dans sa conformation : "la zamacueca descend de la lundú angolaise. Une fille métisse - afro-hispanique - née dans les confins de Rimac [...] Pour certains spécialistes, la zamacueca est née lorsque les esclaves africains ont commencé à imiter les danses de la cour espagnole. Une parodie, parfois burlesque, qui déguisait le lundú interdit afin d'être accepté par la culture dominante".
Selon Nicómedes Santa Cruz, folkloriste péruvien, les mots qui ont donné naissance au nom de zamacueca sont semba et cuque. Du bantou kimbundo : Semba signifierait saluer ; et cuque serait la danse, donc, nous aurions que la zamacueca serait la danse de salutation. Cette salutation consistait en un pelvis contre pelvis, que le danseur appliquait à une femme, l'invitant à danser le lundú angolais.
Dans les festivités religieuses du nord du Chili, du sud du Pérou et de la Bolivie, on partage de nombreuses danses qui ont sans doute une partie de leurs racines afro-américaines, comme les Zambos caporales et les Morenos.
D'hier à aujourd'hui : 17 ans de célébration de la Pascua de los Negros à Arica
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Mercredi 9 janvier 2019.
Le 6 janvier 2003, une trentaine de personnes, des jeunes pour la plupart, sont sorties dans la rue Maipú, les hommes vêtus de pantalons blancs et de T-shirts jaunes et les femmes en jupes "hindoues" et chemisiers colorés. Ils sont allés, dans une Comparsa colorée, danser au rythme des tambours une danse sauvée des souvenirs des grands-parents.
C'est ainsi que culmine le travail d'un projet Fondart que l'ONG ORO NEGRO avait obtenu du gouvernement pour donner forme à un ensemble de danses et de musiques qui ont sauvé les traditions culturelles des afro-descendants d'Arica. À force de travail, en six mois, les jeunes ont conçu des costumes, élaboré des chorégraphies et préparé les instruments. La date à laquelle ils se produiront pour la première fois devant le public n'est pas une mince affaire : Il s'agissait également de recréer une ancienne tradition familiale : la célébration de la Pascua de los Negros, et la danse était le Tumbe carnaval
Cette présentation inédite a mérité la première page du journal local qui dans une note disait : "Une parade spéciale a eu lieu hier dans le vieux quartier "Lumbanga". Après une longue période, les descendants d'Africains ont célébré la Pascua de los Negros en dansant le "tumbe". Le carnaval a été organisé par le groupe "Oro Negro".
Depuis cette date, la Pascua de los Negros est célébrée sans interruption. Il est loin le temps où une centaine de personnes à peine, entre groupes et public, se rassemblaient devant la cathédrale pour profiter de quelques moments de fête. Aujourd'hui, il n'y a pas un mais six groupes de danse et de nombreuses organisations sont nées de la graine plantée au cours de ces années, des groupes musicaux, des entreprises commerciales, des groupes d'artisans, des organisations de femmes et bien d'autres. Et chaque année, à l'occasion de la Pascua de los Negros, ils se rassemblent dans le centre de la ville pour célébrer cette date. Il n'y a plus trente membres, ni les dizaines de personnes qui regardaient la fête avec curiosité. Aujourd'hui, pas moins de trois mille personnes, selon les informations de la police, remplissent le Paseo 21 de Mayo, où descendent les Comparsas, conduites par une Sainte Famille et les Rois Mages qui donnent des bonbons aux enfants qui regardent le défilé, puis se rassemblent sur la Plaza Vicuña Mackenna pour écouter l'hommage à la Nativité et les chants, profiter des danses et partager le chocolat chaud avec le pain de Pâques qui est distribué parmi les participants.
Cette année, le festival a également reçu le soutien du bureau afro de la municipalité d'Arica et du programme "Chile Celebrates" du ministère des cultures, des arts et du patrimoine. Cela a également permis d'organiser un salon de l'artisanat en centre-ville, et de poursuivre avec la Caravane des Rois, née en 2014, à l'initiative de Mme Nelly Tapia F, dont le but est de rendre visite aux personnes âgées à leur domicile, en leur apportant un cadeau et le salut des jeunes au rythme du " Tumbe carnaval ".
Avec un grand succès et la satisfaction d'avoir montré la culture, les danses et les hommages afro-africains, les Comparsas Oro Negro, Arica Negro, Tumba Carnaval, Renacer Afro, Palenque Costero, le Colectivo de Mujeres Luanda, l'Ong Oro Negro, le groupe Alza Negrito et les personnes âgées ont rempli une fois de plus le centre de la ville avec la joie caractéristique du peuple afro-africain, donnant un grand élan au premier festival du patrimoine et de la culture de la région d'Arica et de Parinacota.
Il est important de noter que cette année, la Fête de la Pascua de los Negros et le Carnaval Afro, ont été soutenus par la municipalité d'Arica et le ministère des Cultures, des Arts et du Patrimoine, à travers le programme "Le Chili en fête".
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traduction carolita
Une autre parenthèse complémentaire
De la dénégation à la diversification : L’intérieur et l’extérieur des études afro-chiliennes
MONTSERRAT ARRE MARFULLa
PAULINA BARRENECHEA VERGARA
Cet article présente la trajectoire des études afro-chiliennes, tant dans les espaces académiques qu'extra-académiques au Chili. Il est proposé que, bien que la recherche historiographique, anthropologique et musicologique au cours du XXe siècle ait visualisé les afrodescendants comme un élément présent dans l'histoire formatrice du Chili et de sa culture, en particulier par rapport à la période coloniale, ce n'est qu'au XXIe siècle que ces études ont été systématisées et étendues. Au cours du 20ème siècle, en particulier pendant la première moitié, la thèse principale de la plupart des études était basée sur un déni du présent et, normalement, la présence africaine devenait une curiosité historique. Depuis les années 80, cette situation a commencé à changer, générant, de même, une reconnaissance effective de la troisième racine historique et culturelle des divers groupes humains qui vivent aujourd'hui dans les limites imaginaires du Chili.
Si la version traduite en français de ce travail vous intéresse, merci de me contacter
María Antonia, esclave et musicienne : la trace d'un visage effacé par/pour la littérature chilienne
Paulina M. Barrenechea Vergara
https://www.scielo.cl/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S0718-04622005000100007&lng=es&nrm=iso&tlng=es
RÉSUMÉ
Cette proposition repose avant tout sur l'idée de laisser et de garder ouverte la différence d'un autre déshumanisé et spectral. Tracer le visage d'un fantôme qui erre en silence - effacé d'une histoire qui semble avoir été blanchie, la nôtre -, en lui permettant de devenir de plus en plus clair, laissant ainsi émerger ses spécificités, ses succès et ses défaites. Se souvenir et savoir. Exercer la mémoire, dit Nelly Richard dans le prologue de Políticas y estéticas de la memoria, sert à révéler ces manœuvres d'effacement des traces qui fabriquent l'oubli et l'indifférence. En ce sens, María Antonia Palacios, esclave noire au service de Gertrudis Palacios au XVIIIe siècle, nous permet d'entrer dans un espace pratiquement inconnu de la période coloniale chilienne. Une histoire que nous travaillerons intuitivement comme l'axe central d'une littérature qui a oublié un protagoniste et, à défaut, l'a réduit à un rôle secondaire sur la scène nationale.
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![La esclavitud negra en Chile (1536-1823) - Memoria Chilena](https://image.over-blog.com/wPCH2UMFyXbuCs62dsmzEtj6csE=/170x170/smart/filters:no_upscale()/http%3A%2F%2Fwww.memoriachilena.gob.cl%2F602%2Farticles-62339_thumbnail.thumb.jpg)
La esclavitud negra en Chile (1536-1823) - Memoria Chilena
La esclavitud negra fue un régimen laboral forzoso introducido en el Nuevo Mundo para compensar la baja demográfica de los indígenas y, conjuntamente, obtener una mayor rentabilidad económica ...