Chili : Prisonniers Politiques Mapuche d'Angol : la seule façon de récupérer notre nation Mapuche est d'exercer et d'occuper le territoire

Publié le 25 Mai 2021

23/05/2021
 

DÉCLARATION PUBLIQUE DES PRISONNIERS POLITIQUES MAPUCHE DE LA PRISON D'ANGOL FACE À LA VIOLENCE ET À LA RÉPRESSION DE LA POLICE MILITARISÉE

Les prisonniers politiques mapuche de la prison d'Angol, face à l'augmentation de la violence et de la répression de la police militarisée chilienne envers le lofche en résistance dans le Wallmapu, dans les actes de récupération de notre territoire usurpé, nous déclarons à l'opinion publique nationale et internationale, au lof en résistance et à toutes les organisations sociales ce qui suit :


KIÑE : Considérant que l'Etat chilien dans sa politique d'usurpation et de colonisation depuis 1860 en finançant les campagnes collectives de Cornelio Saavedra et plus tard en 1881 dans la mal nommée Pacification de l'Araucanie a dépossédé, confisqué et occupé notre territoire et ses ressources sans notre consentement, commettant des actes de coercition, des crimes contre l'humanité et un génocide contre notre peuple. Suppression de nos droits et de notre autodétermination.
Aujourd'hui, 140 ans plus tard, les sénateurs d'extrême droite menés par Felipe Kast (sénateur d'Evopoli pour l'Araucanía), Marcela Sabat, Ena Von Baer (RN), Diego Paulsen (RN), Andrés Molina (Evopoli), José García Ruminot (RN), Miguel Mellado (RN), Andrea Parra, ainsi que le gouvernement de Sebastián Piñera, continuent d'appliquer et de promouvoir la politique de la droite, continuent d'appliquer et de promouvoir la politique de dépossession criminalisant nos droits à la terre, au territoire et à ses ressources, " qui ont promu un projet de loi qui est entré au Congrès le 21 juillet 2020, pour punir le crime d'usurpation avec des peines privatives de liberté, prolonger la période de flagrance et faciliter l'arrestation des occupants ".
En tant que prisonniers politiques Mapuche, nous considérons que ces propositions politiques répressives dont nous avons été les victimes directes, ne viennent pas résoudre le conflit historique que l'Etat chilien a créé contre le Peuple Mapuche. Ce sont eux qui exercent la violence rurale depuis des décennies. Contre notre force de résistance, ils ont promu des décrets qui violent et menacent nos txofilmongen, ont privatisé nos ressources naturelles et ont promu des insertions capitalistes dans le Wallmapu.
Nous dénonçons également le fait que ces projets et politiques discriminatoires promus par le gouvernement central sont soutenus par des groupes syndicalistes et capitalistes tels que la Confédération de la production et du commerce (CPC), l'Église catholique, des fondations et des acteurs politiques, le Conseil régional des pasteurs et des groupes de yanakonas tels que ENAMA, le Parlement autonome mapuche et le Conseil de Longko. Ces groupes n'ont aucune représentation politique ni aucun mandat de la part du lof en résistance et du peuple mapuche en général.
Nous appelons la classe politique à ne pas soutenir ce type de projets qui criminalisent nos droits fonciers. Nous les tenons également responsables de la militarisation du Wallmapu, qui a conduit à davantage de violence contre notre peuple mapuche.


EPU : Depuis l'invasion du Wallmapu, nous avons été violentés et dépossédés de nos territoires, ainsi que de nos ressources naturelles qui constituent une partie fondamentale de notre culture et de notre spiritualité en tant que Mapuche, des ressources naturelles essentielles pour le txofilmongen. Tout comme l'eau qui nous donne notre Ñuke Mapu à travers les rivières, les sources, les lacs, les menukos, les glaciers et les lafken, qui, en tant que Mapuche, nous ont permis de subsister jusqu'à aujourd'hui, grâce à la pêche, l'élevage et l'agriculture. L'eau était librement accessible jusqu'à l'arrivée de l'invasion, où les colons, dans leur empressement à générer des richesses, ont créé des colonies, détruit les forêts indigènes et détourné les rivières de leur cours naturel. En provoquant la sécheresse et l'appauvrissement, en nous enlevant notre souveraineté et nos droits fondamentaux, tels que notre patrimoine territorial et nos ressources, en laissant nos communautés obligées de dépendre des subventions pour l'eau. Tout ceci est soutenu par les gouvernements et leurs politiques capitalistes. Par exemple, le gouvernement d'extrême droite d'Augusto Pinochet qui a promulgué en 1974 la D.L. 701 qui encourage la monoculture forestière, endommageant irrémédiablement notre écosystème, donnant le pouvoir aux grandes entreprises comme Forestal Mininco et Arauco d'usurper 73% de notre Wallmapu, et de créer en 1980 l'article 19 paragraphe 24 clause finale de la constitution, la loi de privatisation de l'eau. Ce qui a été maintenu jusqu'à aujourd'hui avec les différents gouvernements en place et leurs différents partis politiques comme par exemple : Fuad Chahin (Démocratie Chrétienne), Luis Mayol ancien maire d'Araucania (Renouveau National), Antonio Walker (Evopoli).
En laissant en évidence le mariage entre la politique et la propriété sur l'eau. Favorisant uniquement les intérêts et les capitaux des grandes entreprises transnationales extractivistes et propriétaires terriens qui ont maintenu pendant des siècles l'État chilien réprimant et dépossédant notre peuple Mapuche. Avec l'Église catholique, bras idéologique du capitalisme, de l'assujettissement et de la colonisation, étant l'un des plus grands propriétaires terriens par le biais de ses fondations où ils couvrent de grandes quantités de droits d'eau, s'emparant et détruisant sans discernement les rivières et les ressources naturelles.

KÜLA : Nous voulons réfléchir à l'inégalité judiciaire et arbitraire des juges de ce gouvernement. Aujourd'hui, une fois de plus, le gouvernement en place et ses cours de justice ont maintenu de longs processus d'emprisonnement préventif, même si de nombreux cas ne permettent pas l'emprisonnement. Le pouvoir judiciaire se sert de ce qu'on appelle le Covid-19 comme d'un obstacle pour maintenir différents peñis du Wallmapu privés de leur liberté. La pandémie est également une arme de plus pour une militarisation évidente visant à maintenir un contrôle exclusif dans l'Araucanie et à maintenir les prisonniers politiques mapuches en prison.

En ce sens, comme forme de lutte au sein de cette prison, les 22 Peñis détenus dans la prison d'Angol ont passé environ deux ans à réclamer avec force l'application de la Convention 169 de l'OIT, qui recommande un traitement différent pour les peuples autochtones dans les processus judiciaires. Dans ce contexte, nous avons opté pour que toutes les audiences se déroulent en face à face dans tous les tribunaux où se déroulent nos différentes affaires. Angol, Collipulli, Mulchen, Victoria et Lautaro. De même, ce transfert vers les différents tribunaux n'est requis qu'avec des mesures ou des grilles manuelles. Il s'agit de maintenir et d'affirmer notre dignité et nos droits en tant que prisonniers politiques mapuches, puisque tous les tribunaux cherchent à isoler et ainsi pouvoir mener à bien toutes leurs accusations sous de faux témoignages, des personnes protégées et sous la pression du pouvoir économique et politique.
À titre de comparaison, citons le cas de Camilo Catrillanca, lâchement abattu dans le dos par le Comando Jungla, créé dans le seul but de réprimer le peuple mapuche, avec le soutien des propriétaires terriens et des syndicats. Nous voyons le traitement carcéral injuste des prisonniers politiques mapuche, l'imposition d'un emprisonnement préventif, le refus de mesures de précaution. Ne respectant pas la Convention 169 de l'OIT, contrairement au meurtrier Carlos Alarcón, qui a attendu son procès judiciaire chez lui avec sa famille, étant également soutenu par de hauts responsables politiques et des complices tels que l'ancien ministre Andrés Chadwick, l'ancien général Hermes Soto. En lui donnant ces avantages. Demandant également son transfert pour purger sa peine dans la prison de Punta Peuco, qui est une prison de hauts privilèges, pour les anciens militaires et agents du régime Pinochet.


MELI : Devant ces actes de négation, de dépossession et de désengagement de l'Etat chilien envers notre peuple Mapuche, nous apprécions et soutenons le courage des différents territoires qui se sont levés pour continuer à récupérer et protéger nos Ñuke Mapu. Bien qu'aujourd'hui, avec toutes les ruses de l'État qui insiste sur la militarisation, l'intimidation, les assassinats de nos peñis et lamienes, il est plus clair pour nous que la seule façon de récupérer notre nation Mapuche est d'exercer et d'occuper le territoire et c'est pourquoi, face à tous ces actes de déni, nous soutenons les weichafes qui, la tête haute, se dressent contre le capitalisme et l'État qui nous réprime.
A tous, nous rendons hommage avec respect au sacrifice et à la bravoure de cette lutte constante sur le chemin du weichan, et nous saluons également tous les peñis, lamienes, pichikeche, lonkos, werken, machis qui ont résisté consciemment et avec dignité pour notre Txofilmongen.

Liberté pour tous les prisonniers politiques mapuche

Prisonniers politiques Mapuche Prison d'Angol
 

Pedro Palacios Cañuta

Jorge Palacios cañuta

Juan Calbucoy Montanares

José Queipul Huaiquil

Simón Huenchullan

Reinaldo Penchulef

Benjamín Zúñiga

Ángel Torres

Jordán Aguilera

Patricio Queipul

Sinecio Huenchullan

Antu Llanca

Erick Montoya

Luis Nahuelqueo

Sergio Levinao

Freddy Marileo

Sebastián Queipul

Quelantaro Figueroa

Daniel Queipul

Johan Millanao

Boris Llanca

Danilo Nahuelpi

Prison d'Angol – vendredi 21 mai 2021

traduction carolita d'un communiqué paru sur Mapuexpress le 23/05/2021

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