Brésil : Nous sommes la terre qui se bat pour vivre ! Présentation La Toile des peuples en lutte à Rio Grande do Sul
Publié le 19 Mai 2021
Posté le : 17 mai 2021
Nous, graines de la terre, saluons et demandons la permission à nos ancêtres, guerriers, gardiens de la vie, des graines, des forêts et des eaux.
La Teia dos Povos em Luta à Rio Grande do Sul (La toile des Peuples en lutte à Rio Grande do Sul) est une articulation entre les peuples de la campagne, de la forêt, des eaux et de la ville avec l'objectif de tracer des chemins pour l'émancipation collective des peuples originaires, quilombolas, peuples périphériques, paysans, peuples riverains, sans terre, sans abri et tous ceux qui aspirent à briser les chaînes qui nous oppriment. Nous rejoignons également la lutte des femmes et d'autres groupes historiquement invisibles qui ne correspondent pas aux catégories patriarcales de genre et d'orientation sexuelle.
Nous nous organisons contre le projet colonial de domination et d'extermination des populations pauvres, noires et indigènes du monde entier. La colonisation est l'un des piliers d'un système d'exploitation qui nous opprime encore aujourd'hui. Avec elle sont apparus l'esclavage, le capitalisme, l'individualisme et la dépendance. Ceux qui concentrent le pouvoir aujourd'hui sont les héritiers de ceux qui ont exterminé et réduit en esclavage nos ancêtres.
Le latifundium, l'agrobusiness, l'augmentation du coût de la vie, la violence, la misère, la réduction des droits, l'exode rural, la surpopulation des villes provoquent la précarisation de la vie et du travail. C'est la crise produite par ceux qui précèdent, de vieux défis qui s'intensifient avec la sophistication des politiques génocidaires.
Pour rester au pouvoir, ils font tout pour nous diviser. Ils nous séduisent par la consommation, encouragent la concurrence entre nous, nous individualisent pour nous affaiblir et nous font croire que nous avons besoin d'eux. Cependant, même avec tous les obstacles, nos peuples ont tiré dans l'histoire la lutte et la résistance.
C'est pourquoi la Teia dos Povos em Luta est née dans le Rio Grande do Sul, pour tisser un réseau de soutien et de renforcement entre ceux d'en bas, pour articuler la lutte pour la terre et l'autonomie, avec un soutien mutuel et une solidarité entre les peuples et les groupes opprimés.
Nous cultivons une relation de respect avec la terre et les eaux à travers l'agroécologie, en ayant l'ascendance et la spiritualité des peuples comme guide pour l'action sociale et collective. Nous sommes unis par notre pluralité dans la lutte anticapitaliste, antiraciste, antipatriarcale et internationaliste. De manière déconnectée de la politique électorale et des institutions de l'État, les directions des actions et des stratégies seront décidées par les peuples en lutte, les reprises de possession, les colonies, les quilombos, les villages, les occupations pour la terre et le logement, et les autres organisations politiques qui territorialisent.
Pour la construction de la Teia dos Povos em Luta en RS, nous nous inspirons de la marche tissée par les sœurs et frères de la Teia dos Povos da Bahia. Nous marchons côte à côte avec les camarades des toiles qui se construisent sur le territoire brésilien, qui luttent pour la terre et contre le capital.
Nous comprenons que le grand responsable de l'exploitation des forêts, des êtres humains et des animaux est le capitalisme. Contrôlé par une minorité avide et assoiffée de profits, chargé de discours illusoires sur le progrès et le développement, l'un de ses visages imposés aux peuples des campagnes et des forêts est l'agrobusiness. Ce modèle a envahi et détruit les territoires brésiliens et latino-américains, responsable de la grande concentration de terres entre les mains de quelques-uns qui traitent tout comme une simple marchandise jetable, expulsant des communautés entières, polluant les eaux, détruisant nos forêts. C'est le capitalisme qui agit dans la campagne, dans la forêt, dans la terre et dans le territoire.
Pendant des siècles, le monopole de la terre est resté entre les mains des puissants, utilisant l'État pour légitimer et protéger leurs intérêts, créant des moyens de barrer toute avancée populaire dans la construction de l'autonomie, peu importe qui est au pouvoir. Les gouvernants nous ont appris à confondre le bonheur avec l'accumulation matérielle et nous oublions souvent que bien vivre, c'est retrouver notre autonomie, reprendre ce qui nous a été volé et entretenir la flamme de la lutte et de l'amitié.
Reprendre et rester dans nos territoires, c'est garantir la survie, l'autonomie et la souveraineté de nos communautés. La manière indigène d'être et de vivre, les connaissances, la gestion et les pratiques traditionnelles des peuples quilombolas et paysans ont le pouvoir de guérir notre mère la terre et de nourrir notre peuple. Faisant partie d'elle, et non ses propriétaires, nous avons la responsabilité de prendre soin d'elle, de la traiter avec respect et affection et non comme une source de profit. Contre l'individualisme provoqué par le colonialisme et le capitalisme et contre la dépendance dans laquelle l'Etat nous place, nous proposons une Grande Alliance.
La Toile des peuples en lutte de Rio Grande do Sul prend racine dans l'esprit de lutte de nos guerriers ancestraux, qui nourrit depuis de nombreuses générations les peuples et les collectivités en quête de dignité et d'autonomie.
Nous, les peuples des forêts, des champs, des périphéries et des collectivités rebelles, sommes la force de la lutte contre l'exploitation et la domination. Nous sommes ici, lançant cet appel à tous, guerriers, pour nous organiser et construire, côte à côte, ce monde de respect des différences dans lequel les nombreux mondes qui existent peuvent vivre ensemble en harmonie.
Chaque culture, chaque peuple, chaque communauté est un monde. Puissent-ils tous, libres d'exploitation et solidaires, coexister dans la diversité, et que de nouveaux mondes émergent des anciens, comme des graines qui se détachent d'un grand arbre dans la forêt. Chacun en son temps, à sa manière. Reconnaître et respecter les différents territoires. Tisser des alliances.
Ce qui nous unit est plus grand que ce qui nous sépare.
Ensemble, nous sommes plus forts !
Aguyjevete!
Há tá vi!
Txuhap muka mukau
Signataires de cette lettre :
Terre Indigène Kanhgág ag Goj
Terre Indigène Kandóia
Retomada Konhún mág
Retomada Xokleng Konglui
Retomada Tekoa Ka’aguy Porã
Aldeia Kaingang Vãn Ka
Território Junana
Guandu Grupo Agroecológico do Assentamento C.Marighella
Rancho Sem Nome
Mutirão Grupo de Trabalhadores da Terra
Ocupação Vila Resistência
Ateneu Libertário A Batalha da Várzea
Okupa Humaitá Nova
Circular Alimentos
La Teia dos Povos em Luta de Rio Grande do Sul organise une réunion de lancement le 30 mai 2021 à partir de 19h sur la chaîne Youtube de la Teia dos Povos.
La date a été choisie en l'honneur du dirigeant Kaingang, Augusto Opë da Silva, qui a quitté ce monde il y a 7 ans.
Participeront à la réunion Rejane Paféj (Terre indigène Nonoai), Rai Silva (Vila Resistência), Luís Salvador (Terre indigène Kanhgág ag Goj), André Benites (Tekoa Ka'aguy Porã), Odirlei Fidelis (Village Kaingang Vãn Ka), Eduardo Guandu (Colonie Carlos Marighella) et Michele (Territoire Junana).
Traduction carolita d'un article paru sur teia dos povos le 17 mai 2021
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