Brésil : La négligence de Bolsonaro face à la pandémie fera l'objet d'une enquête

Publié le 1 Mai 2021

Le Sénat brésilien a installé une commission qui analysera s'il y a eu des négligences ou des actes de corruption dans la gestion de la pandémie menée par le président Bolsonaro.

Servindi, 30 avril 2021 - Le Sénat brésilien a installé, mardi 27 avril, une commission qui enquêtera sur les actions du gouvernement de l'ultra-droite Jair Bolsonaro face au COVID-19.

Le groupe analysera s'il y a eu des négligences ou des actes de corruption dans la gestion de la pandémie dirigée par Bolsonaro, qui s'est opposé dès le début aux mesures visant à contrer la maladie.

Les conclusions de la commission pourraient conduire à une procédure de mise en accusation de Bolsonaro ou amener le bureau du procureur à demander des enquêtes sur des membres du gouvernement.

De telles découvertes pourraient également avoir un impact sur les intérêts de Bolsonaro, qui n'a jamais caché son intention de se représenter aux élections d'octobre 2022.

Commission d'enquête

La commission qui enquêtera sur la gestion de la pandémie par Bolsonaro compte 11 membres titulaires et sept suppléants, selon un rapport du quotidien El Tiempo.

Parmi les députés sortants, seuls quatre soutiennent ouvertement le président brésilien et les sept autres appartiennent à des partis d'opposition ou maintiennent une position indépendante.

Selon un rapport de l'agence de presse allemande Deutsche Welle, les membres de la commission ont élu le centriste Omar Aziz comme président du groupe et le candidat de l'opposition Randolfe Rodrigues comme vice-président.

Bien que la nomination d'Aziz ait été défendue par l'exécutif, le gouvernement a choisi le centriste Renan Calheiros pour assumer le rôle de rapporteur de la commission, ce qui constitue un revers pour le gouvernement.

Calheiros a annoncé qu'il allait convoquer les quatre ministres de la santé que le pays a eus depuis le début de la pandémie, à commencer par Luiz Henrique Mandetta.

Il a également déclaré qu'ils demanderont des documents relatifs à l'achat de vaccins et à la promotion de "médicaments sans efficacité prouvée".

En plus de l'allocation de ressources aux États et aux municipalités pour lutter contre le coronavirus, soulignant le "cas emblématique de chaos en matière de santé publique" dans l'État d'Amazonas.

La commission disposera d'une période initiale de 90 jours pour mener l'enquête, mais cette période pourra être prolongée en fonction de l'avancement des travaux.

Négligence de l'État

L'enquête ouverte contre le gouvernement Bolsonaro n'est pas mineure compte tenu de l'attitude de défi que le président a eu à l'encontre des recommandations pour contrôler la pandémie.

Depuis l'arrivée du COVID-19 au Brésil en février 2020, Bolsonaro s'est opposé aux mesures d'isolement social, justifiant cela par l'impact économique négatif.

L'ex-militaire ultraconservateur a également rejeté l'utilisation de masques, remis en question l'efficacité des vaccins et promu des remèdes tels que l'hydroxychloroquine, dont l'efficacité n'a pas été prouvée pour lutter contre la maladie.

Selon le rapport de la Deutsche Welle, les scientifiques et les politiciens attribuent le retard dans la vaccination et les difficultés à immuniser le pays, qui compte 212 millions d'habitants, à ces positions.

Le bilan de la gestion de la pandémie n'est pas non plus positif : le jeudi 29 avril, le gouvernement a annoncé que le pays avait officiellement dépassé les 400 000 décès dus au COVID-19.

L'Agence France-Presse (AFP) a récemment rapporté que le nombre de décès au Brésil a augmenté de manière exponentielle depuis le début de l'année.

"Le 7 janvier, le Brésil a enregistré 200 000 décès dus à la pandémie, mais il n'a fallu que 77 jours pour atteindre 300 000 (le 24 mars) et 37 jours pour atteindre 400 000", précise le rapport.

Au début du mois d'avril de cette année, le Brésil a signalé plus de 4 000 décès liés au COVID-19 sur une période de 24 heures pour la première fois depuis le début de la pandémie.

Les hôpitaux sont toujours surchargés, des personnes meurent en attendant un traitement dans certaines villes et le système de santé est au bord de l'effondrement, a rapporté la BBC à l'époque.

L'ancien président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, l'un des principaux adversaires de Bolsonaro, n'a pas mâché ses mots pour désigner les responsables de la situation que traverse le Brésil.

"Les responsables de ce génocide ont des noms. Bolsonaro a ouvert la maison et a reçu Covid 19 avec hospitalité. Il a traité le virus comme un allié. Et il devra payer pour avoir attaqué le peuple brésilien", a-t-il écrit sur Twitter le 29 avril.

Il ne reste plus qu'à attendre les résultats de la commission sur l'administration de Bolsonaro, qui a également une affaire de génocide en cours devant la Cour pénale internationale de La Haye.

La plainte, acceptée en décembre 2020, demandait que Bolsonaro fasse l'objet d'une enquête pour incitation au génocide et attaques systématiques contre les peuples autochtones. Le processus est également en cours.

traduction carolita d'un article paru sur Servindi.org le 30/04/2021

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Brésil, #Santé, #Coronavirus, #Gestion de la pandémie

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