Brésil : Après les fusillades, la terre des Yanomami reste exposée à de nouveaux conflits (et autres nouvelles de la semaine)

Publié le 16 Mai 2021

Vendredi, 14 mai 2021

Des fichiers audio révèlent des liens entre les factions minières et criminelles et indiquent un risque imminent de massacre ; le MPF met en garde contre un conflit armé au sein de la TI Munduruku. 

La bombe de la semaine

Les coups de feu tirés par des garimpeiros lundi matin dernier (10/05) ont marqué le début des moments de tension sur la terre indigène Yanomami (TIY) dans le Roraima, qui se sont prolongés tout au long de la semaine. Un jour après les attaques de garimpeiros contre les indigènes de la communauté de Palimiú, l'équipe d'agents de la police fédérale a été reçue par des tirs sur le rio Uraricoera, l'une des zones les plus touchées par l'exploitation aurifère illégale dans la région. Les audios diffusés dans les groupes de garimpeiros et les interviews révèlent le lien entre les garimpeiros et les factions criminelles et laissent entrevoir un risque imminent de massacre en terre yanomami.

Dans le but d'éviter de nouvelles attaques de la part des garimpeiros, le ministère public fédéral (MPF) a déposé une demande d'injonction afin que l'Union envoie immédiatement des troupes policières et/ou militaires dans la communauté indigène de Palimiú pour une présence ininterrompue vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Une autre demande d'intervention faite mardi (11) par le MPF, à la suite d'une série d'attaques et de menaces, avertit que des violences similaires pourraient arriver aux indigènes Munduruku qui s'opposent à l'exploitation minière dans l'ouest du Pará.

Et vous avec ça ?

La grave situation à laquelle sont confrontés les Yanomami s'étend sur des décennies marquées par l'invasion croissante du territoire indigène suivie de violences, la contamination des rivières et les maladies véhiculées par les garimpeiros, en plus de la crise croissante du Covid-19 qui s'est propagé de manière exponentielle sur le territoire au cours de cette première année de pandémie. Le scénario actuel avait déjà été prédit et constamment mis en garde par les dirigeants et les associations autochtones. "Nous avons beaucoup souffert de l'invasion des mines depuis les années 1970 et 1980. Les garimpeiros nous ont tués, y compris les enfants, comme si nous étions des animaux. Notre population a diminué d'environ 22 %. Pendant de nombreuses années, nous avons parlé avec toutes les autorités, qui connaissent déjà notre réalité, nous l'avons même dénoncé à l'ONU, mais jusqu'à présent, personne ne nous a donné de réponse", a déclaré le leader yanomami Dario Vitorio Kopenawa lors d'une réunion du Conseil national des droits de l'homme (CNDH) en 2020.

Le gouvernement actuel continue d'ignorer les recommandations du MPF pour le retrait des garimpeiros de la TIY et avance dans le démantèlement progressif de la Fondation Nationale de l'Indien (FUNAI). Les promesses du président Jair Bolsonaro de légaliser les activités minières encouragent davantage les invasions et propagent le danger de contagion du nouveau coronavirus aux populations indigènes. Les données actualisées de l'Articulation des peuples indigènes du Brésil (Apib) dénombrent plus de 54 000 cas de covid-19 plus de 10 000 décès parmi 163 peuples indigènes du pays.

La négligence et l'absence de l'État brésilien dans le territoire indigène Yanomami ont été représentées cette semaine, presque comme un appel à l'aide, par la triste image d'un enfant Yanomami aux côtes exposées par la malnutrition et diagnostiqué comme atteint de malaria et de verminose. L'augmentation du paludisme et de la malnutrition infantile chronique, qui touche 80 % des enfants de moins de 5 ans, pourrait être aggravée par le retrait des professionnels de santé du district sanitaire indigène spécial Yanomami (Dsei-Y) face à la violence générée par les garimpeiros.

Ne manquez pas non plus

L'Articulation des peuples indigènes du Brésil (Apib) a transmis mardi dernier (11), une plainte pénale contre le président de la Fondation nationale de l'Indien (FUNAI), Marcelo Augusto Xavier da Silva. Dans ce document, l'organisation demande au ministère public fédéral d'enquêter sur Marcelo da Silva pour diffamation.

Je ne veux pas dire que je n'ai pas mentionné les fleurs

La plateforme lancée par le Musée de l'Indien héberge des dictionnaires de langues indigènes pour les téléphones portables. Selon le coordinateur de la diffusion scientifique du musée, Felipe Lucena, les dictionnaires sont le résultat d'un travail plus large de recherche, de documentation et de diffusion des langues indigènes mené en partenariat avec l'UNESCO, qui concerne actuellement 17 peuples amazoniens.

Mardi dernier (11), l'Assemblée législative du Maranhão a approuvé le projet de loi 209/21, qui crée le programme d'agent de développement rural quilombola (ADRQ), dans le but de promouvoir la qualification des jeunes âgés de 18 à 25 ans vivant dans les communautés quilombolas de l'État, diplômés ou inscrits dans l'enseignement secondaire public.

Dernière minute

La Chambre plénière a approuvé, aux premières heures de ce jeudi (13), par 300 voix contre 122, le texte principal du rapport du représentant Neri Geller (PP-MT) sur le projet de loi (PL) n° 3.729/2004, la loi générale sur les licences environnementales. Le vote sur les points forts est prévu pour 10 heures ce jeudi.

Le projet de loi restreint, affaiblit ou, dans certains cas, supprime même une partie importante des instruments d'évaluation, de prévention et de contrôle des incidences socio-environnementales des travaux et des activités économiques dans le pays. Il s'agit de la proposition la plus mauvaise et la plus radicale jamais faite au Congrès sur le sujet et, dans la pratique, elle fait de la licence conventionnelle une exception, selon l'évaluation du Front écologiste parlementaire, des chercheurs et des organisations de la société civile. S'il est transformé en loi, le projet pourrait produire des records de déforestation en série, notamment en éliminant les restrictions à la destruction de la forêt, généralement stimulée par les grands travaux d'infrastructure en Amazonie, tels que les routes et les barrages hydroélectriques.

Restez à l'écoute

Le ministère de la Justice a publié une ordonnance qui, compte tenu de l'injonction préliminaire dans l'action pour violation du précepte fondamental 709, autorise l'utilisation de la Force nationale de sécurité publique, en soutien à la FUNAI, sur les terres indigènes Munduruku et Sai-Cinza, situées dans la municipalité de Jacareacanga -PA. La mesure est valable pendant quatre-vingt-dix jours, du 23 mai 2021 au 20 août 2021, et fait suite à une demande du MPF de déployer des forces de police en état de préparation pour contenir d'éventuels conflits armés dans ces zones.

Bassin socio-environnemental
25 ans de CONAQ

Ce 12 mai, la Coordination nationale d'articulation des communautés rurales noires quilombolas (Conaq) a fêté ses 25 ans de défense des droits et de protection des peuples quilombolas au Brésil.

Née en 1996 dans la municipalité de Bom Jesus da Lapa, à Bahia, cette entité est un instrument créé par les quilombolas pour mener la lutte politique pour leurs droits. Sa création a permis d'organiser le mouvement quilombola au niveau national. Aujourd'hui, la Conaq regroupe des organisations quilombolas dans vingt-quatre États et est active dans plus de trois mille communautés dans toutes les régions du pays.

C'est dans la seconde moitié des années 1990 que la question des quilombos a pris du poids sur la scène nationale. La reconnaissance légale de droits spécifiques, comme la reconnaissance du titre de propriété pour les communautés quilombos, a suscité une nouvelle demande, générant des propositions législatives, encourageant l'émission d'ordonnances et de règles pour les procédures administratives, et stimulant la formulation d'une politique visant à garantir les droits des communautés quilombos.

Le document qui a créé la Coordination nationale des quilombolas affirme que l'histoire des quilombos est "l'histoire de la résistance qui a garanti la continuité de l'existence de milliers de quilombos". Sans doute une survie subie, mais avec des victoires". Pour la Conaq, la résistance est un processus historique et continu.

Ce n'est pas un hasard si la Conaq continue de réclamer la protection des quilombolas dans un contexte de violence, d'invasions et de négligence de l'État. Actuellement, l'un des grands défis de l'entité a été de garantir la santé des quilombolas au milieu de la pandémie. Le mois dernier, la Conaq s'est rendue devant le Tribunal suprême fédéral (STF) pour dénoncer le non-respect par le gouvernement fédéral de la décision du tribunal qui exigeait la création d'un plan pour faire face à la pandémie de covid-19 dans les territoires quilombolas. La maladie a déjà tué plus de 260 quilombolas dans le pays et infecté plus de 5 000 personnes.

En outre, les quilombolas subissent encore d'autres violations des droits dénoncées par la Conaq, comme les invasions de leurs territoires, l'avancée de l'exploitation minière, aurifère et de la déforestation, la difficulté à faire reconnaître leurs territoires et d'innombrables formes de violence, notamment raciale.

Le 13 mai, un jour après l'anniversaire de la création de la Conaq, est marqué par la mobilisation des mouvements noirs dans la dénonciation du racisme qui imprègne les structures de la société brésilienne. Cette date fait référence à la signature de la loi Áurea qui, sur le papier, garantissait l'abolition de l'esclavage au Brésil. Dans la pratique, la loi n'a pas mis fin à la violence et à la marginalisation subies par les Noirs, qui perdurent jusqu'à aujourd'hui.

"Le 13 mai est une grande farce pour nous, quilombolas", déclare Givânia Silva, membre de l'articulation politique de la Conaq et résidente du quilombo de Conceição das Crioulas, à Pernambuco. Selon Givânia, dans une interview à Alma Preta, la date signifie "le jour pour se rebeller, pas pour faire la fête". "Le 13 mai doit rappeler que, bien avant la fausse abolition, les quilombos existaient déjà et que, dans ces territoires, le système esclavagiste avait déjà été brisé", dit-elle dans l'interview.

traduction carolita d'un article paru sur le site de l'ISA le 15/05/2021

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